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Van Persie haut, si beau

Par Romain Duchâteau
Van Persie haut, si beau

Longtemps, on a cru que Robin van Persie ne resterait qu’un tube éphémère. Un énième gâchis, la faute à un melon trop conséquent, une recherche immodérée du geste parfait et des blessures récurrentes. Mais le Néerlandais, la trentaine à peine fêtée, a mûri pour devenir aujourd’hui le meilleur attaquant de Premier League. Un statut qu’il entend conforter un peu plus avec Manchester United, ce soir, face à Chelsea.

L’élégance ne s’achète pas, tout comme elle ne peut se parfaire avec le temps. Elle est innée et demeure l’apanage des plus grands. Les bras écartés pour asseoir son équilibre, le port altier comme pour souligner son physique longiligne et cette technique si soyeuse balle au pied que venir la contrarier en serait presque insultant, Robin van Persie peut prétendre à ce cercle très fermé. Dans la plus pure tradition des artistes néerlandais. Une prestigieuse lignée au cours de laquelle Cruijff, Van Basten ou Bergkamp ont plusieurs fois arrêté le temps de leurs faits d’armes et de leur grâce.

L’esthétisme a, justement, longtemps desservi celui issu d’une union entre une mère peintre et un père sculpteur. « Jeune, marquer des buts ne l’intéressait pas. Il était là pour marquer uniquement de jolis buts. Il préférait l’esthétique à l’efficacité » , se rappelait Froppe de Hann, ancien sélectionneur des moins de 20 ans néerlandais. Aujourd’hui, le gamin gommeux a laissé place à un tueur de sang froid devant le but, conjuguant finition et beauté du geste. Ses deux pions, lors de la victoire inaugurale contre Swansea (1-4), résument à eux seuls la quintessence de l’attaquant de Manchester United. Un premier sur une demi-volée acrobatique en guise d’ouverture du score, puis un second d’une sublime frappe sous la transversale pour entériner le succès des siens. Au fait, qu’est-ce qu’ils chantaient déjà les supporters d’Arsenal ?

« He scores when he wants »

Si l’efficacité fait désormais partie de ses atouts, la condescendance – affichée et assumée – de l’ancien enfant gâté de Feyenoord Rotterdam n’a jamais disparu. RVP a l’un des pieds gauches les plus délicieux en Europe. Alors, quoi de plus normal que d’avoir un ego proportionnel à son talent ? Car le bonhomme est imbu de sa personne et s’en fout complètement. Quand les Gunners reprenaient en chœur à l’Emirates Stadium « He scores when he wants » , il trouvait ça normal. D’autant qu’il a porté, quasiment à lui seul, le club londonien de 2010 à 2012. Même lorsque Manchester United le braque à son rival pour 30 millions d’euros, l’esthète néerlandais ne faillit pas à sa réputation. « J’ai pris le numéro 20, car je suis ici pour gagner le 20e titre de Manchester United » , a-t-il avancé au moment de l’annonce de son transfert. Du Van Persie tout craché dans le texte.

Les fans d’Arsenal ont beau le tancer, brûler son maillot, fulminer à l’encontre de leur ex-capitaine, l’histoire a donné raison à l’avant-centre. Les Red Devils ont glané leur 20e couronne nationale, soit deux de plus que Liverpool, et il l’a marquée de son estampille, occultant les faiblesses du jeu mancunien tout au long de la saison. Sans doute bien plus que Sir Alex Ferguson ne l’avait espéré. D’où cette comparaison avec la légende Éric Cantona de la part de l’Écossais, en avril dernier, après un triplé de son poulain qui offrait le titre : « Il a véritablement changé le visage de mon équipe. En termes d’impact, il en a eu autant que n’importe qui au club. Éric Cantona compris. Après avoir observé Robin la saison dernière, je savais qu’il pouvait bien s’adapter ici, et il n’a pas déçu. » Et quand on sait l’admiration sans borne que Fergie voue au « King » …

30 ans, l’âge de raison ?

« Cela fait mal de le voir sous un autre maillot quand il est au paroxysme de son talent. » Arsène Wenger le concède volontiers, non sans une once d’amertume. Le coach alsacien s’est séparé de son attaquant alors que celui-ci venait d’atteindre la plénitude de son talent et de ses capacités. Le Dutchman racé avait attendu sa huitième saison à Arsenal afin de disputer plus de 28 matchs en Premier League. Surtout, épargné par les blessures qui freinaient son explosion, il a fait sauter les défenses du Royaume lors de ses deux dernières années sous la tunique des Canonniers (48 buts dont 35 en 36 matchs sur l’année civile 2011 !). Des statistiques de taré qu’il a continué de soigner à Old Trafford. 26 caramels claqués lors de la cuvée 2012/2013 lui permettant de terminer meilleur buteur du championnat et de s’adjuger la pointe de l’attaque mancunienne. Suffisant, aussi, pour reléguer l’icône du club Wayne Rooney au second plan, quitte même à envisager son départ de United. Une idée encore impensable avant la venue de l’artilleur hollandais.

Mais comment pourrait-il en être autrement ? Le rôle de l’Anglais n’est certes pas à négliger dans la réussite de son homologue mais, à 30 piges, les tempes toujours grisonnantes, RVP se situe certainement au sommet de son art. Formé à jouer meneur de jeu, il a étoffé sa palette de buteur pour devenir le meilleur d’Angleterre. « Une première touche de balle » parmi les plus belles, dixit Wenger, une couverture de balle dos au but remarquable, une intelligence de déplacement dans les vingt derniers mètres, ainsi qu’une habileté technique hors pair devant le but. Bref, toutes les qualités requises du numéro 9 moderne. Comme si côtoyer Fergie, Scholes ou Giggs avait assagi son tempérament, puis aiguisé un sens du collectif alors insoupçonné. Et l’ouverture de l’ère post-Ferguson avec Moyes ne devrait pas changer la donne. Si ce n’est le conforter dans son statut de titulaire, puisque l’Écossais avait eu cette phrase lourde de sens mi-juillet : « Si Van Persie se blesse, nous aurons besoin de Wayne Rooney. » Déclaration de circonstances ou non, il n’a mis que deux rencontres officielles à s’enticher de son nouveau jouet. « Quand il appuie sur la gâchette, lui, c’est toujours au fond » , a confié l’ex-coach d’Everton, après le doublé de l’attaquant à Swansea. Des buts à la pelle de son Hollandais volant, United en aura besoin pour conserver son titre. Ça commence dès ce soir, contre Chelsea, dans son Théâtre des Rêves. Histoire de montrer, une énième fois, que la beauté reste un bien rare et prisé.

Par Romain Duchâteau

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