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Tunisie-France : l’heure des invisibles

Par Maxime Brigand, à Doha
Tunisie-France : l’heure des invisibles

Déjà qualifiée pour les huitièmes de finale, l'équipe de France affronte la Tunisie ce mercredi après-midi, à Doha, et va se présenter sur la piste avec un onze globalement bousculé. Reste que gérer n’ayant jamais totalement été une bonne idée, autant faire simple : il serait bien de gagner pour entretenir la flamme naissante.

Il y a ceux dont on entend le nom du matin au soir et ceux dont on se souvient à peine de la présence. Ceux sous le nez de qui les micros frétillent à chaque match terminé et ceux qui filent dans les couloirs des stades à toute allure, sans un regard. Ainsi va le foot dans le cruel univers de la Coupe du monde. Un monde où les conversations ne tournent ces derniers jours qu’autour du nouveau rôle d’Antoine Griezmann qui ne cesse d’avaler les kilomètres (seul Adrien Rabiot a davantage gambadé depuis le début du Mondial) et de distribuer les plats ou au sujet de Kylian Mbappé, sur qui tous ses coéquipiers ont été invités à dire un mot depuis le début de la compétition. N’en ont-ils d’ailleurs pas marre de toujours devoir jeter les mêmes fleurs sur les mêmes têtes ? Pas impossible. Didier Deschamps a beau se débattre pour qu’aucune tête ne dépasse, le cirque médiatique est ainsi construit, et il y a une forme de triste logique là-dedans : on ne parle que de ceux dont on peut juger les performances – les visibles – et il y a souvent peu de place laissée à ceux qu’on voit uniquement courir en silence lors des séances d’entraînement ouvertes aux médias – les invisibles. Au cours de la Coupe du monde 2006, Vikash Dhorasoo avait souhaité leur donner une voix et avait tourné un film en super-8 dans sa chambre, en Allemagne. Il y lâchait cette terrible vérité : « Il faut faire illusion, sourire, montrer qu’on est content, qu’on est de bonne humeur. (…) Je commence à en avoir marre d’être là et d’ailleurs, je me demande ce que je suis venu faire à part un film. »

Il n’y a pas d’états d’âme, on est là pour défendre nos couleurs, et l’intérêt collectif prime avant l’intérêt individuel. On se tient prêts.

Obligé de ronger son frein et d’attendre son heure, Jordan Veretout a été envoyé lundi face à la presse. Il était forcément curieux d’écouter le milieu de l’OM disserter le son quotidien qui est le sien depuis l’arrivée du groupe au Qatar. « Vivre ça, c’est magnifique, a-t-il alors forcément lâché. Et maintenant que je suis là, je montre mes qualités aux entraînements. On essaye de s’occuper : de l’individuel en matinée, puis bien se reposer et tout donner lors des séances. On se retrouve un peu le soir pour décompresser et passer des bons moments ensemble. » Quelques jours plus tôt, son coéquipier en club, Matteo Guendouzi, est lui aussi venu raconter son aventure : « On est tous des compétiteurs, donc on a tous envie de démarrer les matchs, mais on est tous ensemble pour aller le plus loin possible. Il n’y a pas d’états d’âme, on est là pour défendre nos couleurs, et l’intérêt collectif prime avant l’intérêt individuel. On se tient prêts. » Alerte : la cage de certains joueurs s’apprête à s’ouvrir, ce mercredi, à 16h, heure française.

 On sait qu’on va encore découvrir plein de choses dans cette Coupe du monde.

La curiosité Camavinga, la flamme à entretenir

L’équipe de France ayant fait le boulot face à l’Australie (4-1) et au Danemark (2-1), voilà Deschamps dans une configuration idéale avant de retrouver la Tunisie pour la première fois depuis 2010. En tête du groupe D, les Bleus peuvent, sauf scénario délirant, même se payer le luxe d’une fin d’après-midi dohanaise à zéro point, ce qui ferait quand même tache et pourrait venir secouer une dynamique jusqu’ici positive. « On a cette tranquillité, comme peuvent aussi l’avoir le Brésil et le Portugal, et ça nous laisse un peu de marge, mais il ne faut pas galvauder ce match qui reste important, international, de Coupe du monde », a ainsi glissé Didier Deschamps mardi, bien conscient de la fragilité potentielle d’une bulle qui n’a jusqu’ici été ballotée que durant un bon quart d’heure lors des retrouvailles avec le Danemark. Sur ce sujet, Aurélien Tchouaméni a quand même amené quelques éléments sur la table : « Entre le dernier match de Ligue des nations contre eux et celui de samedi, je peux vous dire qu’il y a eu une grosse différence en matière d’intensité et de tension. On en a discuté entre nous, et ça n’avait rien à voir. Après, on sait qu’on va encore découvrir plein de choses dans cette Coupe du monde. »

Les supporters et les suiveurs aussi, puisque quelques changements sont attendus pour affronter une Tunisie qui peut encore se qualifier en cas de succès et sera une nouvelle fois portée par les formidables vagues rouges qui claquent contre les différents murs de Doha depuis le début du Mondial. Si Deschamps n’a rien voulu laisser filtrer mardi et qu’on l’a même senti bien gonflé de voir ses compos fuiter dans la presse (des bâches ont d’ailleurs été ajoutées autour du stade d’entraînement des Bleus depuis le match face au Danemark), alors que ses mises en place à huis clos ne sont même pas terminées, Eduardo Camavinga devrait, par exemple, débuter à la place de Theo Hernandez en latéral gauche, un poste que le joueur du Real Madrid a déjà occupé à deux reprises depuis l’arrivée du groupe au Qatar lors de joutes avec des équipes qatariennes.

 Camavinga a déjà joué latéral gauche plus jeune et a toute la palette pour exister à ce poste.

« Il a déjà joué à ce poste plus jeune et a toute la palette pour exister à ce poste, sourit Mathieu Le Scornet, aujourd’hui adjoint de Julien Stéphan à Strasbourg, mais qui est surtout l’homme qui a découvert Camavinga en 2012 alors qu’il jouait à Fougères et l’a fait ensuite venir au Stade rennais. Eduardo peut récupérer le ballon dans les duels, que ce soit dans les airs ou au sol, a la capacité de réflexion pour freiner les attaques adverses et sait se projeter à partir de récupérations basses, ce qui peut lui permettre de soutenir, combiner et dédoubler avec Mbappé. Il faudra qu’il soit quand même attentif à la gestion des centres venant du côté opposé pour venir densifier la seconde zone et veiller aux joueurs de percussion qui vont déboîter le long de la ligne de touche, mais je suis confiant pour lui. » Aux autres postes, si tous les joueurs se sont relayés depuis samedi soir pour annoncer vouloir « enchaîner », on pourrait voir « le grand frère » Steve Mandanda prendre la place de Lloris comme lors de l’oubliable France-Danemark de 2018, Ibrahima Konaté celle de Dayot Upamecano, Youssouf Fofana ou Matteo Guendouzi grappiller une titularisation, mais aussi Kingsley Coman et Marcus Thuram se poser dans le onze.

Kylian Mbappé, de son côté, ne devrait pas se reposer, tout comme Antoine Griezmann alors que Benjamin Pavard va certainement retrouver son côté droit. Le joueur du Bayern est peut-être, de fait, celui qui a le plus de points à gagner auprès de Deschamps, qui veut impliquer le plus d’éléments possibles et ne surtout pas voir le moindre pion tomber de sa poche. Quelques jours après avoir eu le sentiment de retrouver des premiers morceaux d’une équipe de France que l’on ne voyait plus avant le Mondial, ce France-Tunisie aura un enjeu à la portée limitée, mais sera une scène pour des visages que l’on ne voyait pas ou peu. Et, gérer n’ayant jamais totalement été une bonne idée, autant faire simple et gagner pour entretenir la flamme naissante de ce film qui ne fait que commencer.

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Par Maxime Brigand, à Doha

Propos de Mathieu Le Scornet recueillis par MB.

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