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Top 10 : Non, je ne te serrerai pas la main
Restez chez vous, et n'oubliez pas les gestes barrière quand vous allez faire les courses : c'est le message du ministère de la Santé pour freiner la diffusion du coronavirus. Pas de serrage de main, donc. Pour une histoire de fille, de racisme ou de politique, ces joueurs ont montré l'exemple.
En 2016, So Foot publiait une première version de ce top. Le moment était venu de faire une mise à jour.
Jake Nickless et Steven Gerrard
La scène se déroule dans le couloir de Stamford Bridge avant un choc Chelsea-Liverpool (2-0), en février 2006. Jake fait partie de ces gamins qui vont accompagner leurs idoles sur le terrain, qui ont habituellement des gros yeux et pas mal de trac. Avec son maillot de Chelsea et ses cheveux teints en bleu, Jake, cinq ans, tend la main vers Steven Gerrard. Le capitaine de Liverpool lui tend la sienne en retour. À ce moment-là, ce génie de Jake retire sa main et nargue Stevie-G avec un pied de nez. Le capitaine de Liverpool confiera dans son autobiographie qu’il s’agissait de la seule fois de sa carrière où il a esquissé un sourire avant d’entrer sur le terrain. Quatorze ans plus tard, la BBC a retrouvé Jake. Et il se trouve que c’est son père qui a eu l’idée de cette farce.
Jake raconte : « La semaine précédente, mon père a appris que j’allais être parmi les mascottes. C’était mon cadeau d’anniversaire, et il m’a dit qu’il fallait se démarquer. D’abord, on m’a teint les cheveux en bleu. Ce n’était pas mon idée. Pour la poignée de main, c’était son plan. J’ai dit :« Non, je ne le ferai pas. Je suis trop timide… » Finalement, le moment venu, Jake prend son courage de petit bonhomme à deux mains et interpelle Gerrard : « Quand je l’ai vu dans le tunnel, ce n’était que de l’instinct. J’ai juste crié son nom… Il n’était pas gêné. Il était juste surpris parce qu’il pensait probablement que j’allais lui serrer la main. En fait, mon père ne pensait pas que j’allais le faire. Il m’a dit :« Si tu le fais, on sortira le lendemain et on t’achètera cinq jeux de PlayStation 2. »Et j’ai eu les jeux. »
Mauro Icardi et Maxi López
Les meilleurs ennemis sont souvent des anciens amis. Partenaires à la Sampdoria en 2012-2013, les Argentins Maxi López et Mauro Icardi sont devenus potes au point de partir en vacances ensemble. Mais ça, c’était avant la « trahison » d’Icardi. López et sa femme Wanda Nara ont divorcé en 2013. Quand le divorce est prononcé, Wanda est déjà au bras d’Icardi. Dès lors, López refuse de saluer Icardi quand les deux hommes se croisent sur les pelouses de Serie A.
Est-ce que cela a changé quand Icardi s’est tatoué, sur le bras gauche, les trois garçons de l’union entre López et Nara ? Un indice s’est caché dans la question.
Los amo a estos tres Angelitos Gracias Jorge Master tattoo !!!!?? pic.twitter.com/3Sj87Gj21U
— MauroIcardi (@MauroIcardi) June 19, 2014
Pepe et Seydou Keita
Ce Real Madrid-AS Roma n’était censé être qu’un banal match amical de pré-saison à Dallas, aux USA. Mais au moment de se serrer la pince, Seydou Keita zappe Pepe. S’ensuit une altercation, au cours de laquelle Pepe crache sur Keita avant que ce dernier ne réponde en lui balançant une bouteille d’eau. En se payant Pepe, à l’été 2014, Keita réalise le fantasme des trois quarts des habitants de cette planète. Mais il fait surtout remonter à la surface un vieux litige, qui datait de 2011.
Cette année-là, lors de la Supercoupe d’Espagne que le Malien disputait avec Barcelone, il affirme que Pepe lui aurait balancé des injures racistes : « Quand je jouais au Barça, il m’a traité de singe. Je n’ai pas parlé de lui en public parce qu’il n’en vaut pas la peine, et c’est pour cela que je n’ai pas voulu lui serrer la main avant le match amical. Je ne vois pas pourquoi je l’aurais fait, puisqu’à ses yeux, je ne suis pas un être humain. Son comportement est inacceptable. » La vengeance est un plat qui se mange froid, même en été.
Patrice Évra et Luis Suárez
Cette histoire a démarré à Anfield, en septembre 2011. Entre provocations, coups de putes et trashtalking. Accusé d’insultes racistes par Évra lors de Liverpool-Manchester United, Suárez écope de huit matchs de suspension. Le rapport de la commission de discipline a en effet révélé que Suárez a traité Évra de « nigger » au moins… sept fois au cours de la rencontre.
Quatre mois plus tard, c’est l’heure des retrouvailles à Old Trafford : Suárez refuse de serrer la main d’Évra avant le coup d’envoi. Et, dès la première minute de jeu, l’Uruguayen pousse sournoisement Rio Ferdinand contre Évra. Mais le Français se vengera, en célébrant la victoire (2-1) des Red Devils… juste devant Suárez.
Carlos Caszely et Augusto Pinochet
Pas de petite amie volée ni d’engueulade futile dans l’histoire, Carlos Caszely réserve ses coups d’éclat pour les grandes causes. Star de l’équipe du Chili dans les années 1970, l’attaquant de Levante est le seul de son pays à jouer dans un club européen. Pas une raison pour oublier la violence de la dictature de Pinochet. Proche des milieux de gauche, Caszely est l’acteur principal de la qualification du Chili pour le Mondial 74. Et le jour où l’équipe est reçue par Pinochet, il refuse de saluer le tyran.
« Il commence à marcher et à saluer les joueurs. Et quand il arrive très près, très près, je mets mes mains derrière moi et quand il me tend la main, je ne la lui serre pas. Il y a eu un silence qui pour moi a duré mille heures, ça a dû être une seconde, et il a continué. Moi, comme être humain, j’avais cette obligation, parce que j’avais un peuple entier derrière moi en train de souffrir, et que personne ne faisait rien pour eux. » Peu après, sa mère est enlevée puis rendue à sa famille vivante… mais après avoir subi la torture, comme environ 38 000 Chiliens au total sous la dictature.
Margarita Louis-Dreyfus et Florian Thauvin
Bordeaux-Marseille est un classique du championnat de France. Depuis 1977, il échappe aux Phocéens en terre girondine. En avril 2015, lors de son premier passage à l’OM, Florian Thauvin a vécu la défaite sur le terrain (1-0) et avant le match. À l’époque, Bordeaux jouait à Chaban-Delmas et l’OM était la propriété de Margarita Louis-Dreyfus. En arrivant au stade, Thauvin a voulu serrer la main de l’actionnaire majoritaire du club. Sauf que même en prenant soin de retirer son casque, il s’est pris un vent royal par MLD. Oui, le mistral souffle aussi sur l’Atlantique. Au grand désarroi de Flo Tov’.
Gary Neville et Peter Schmeichel
Ce 9 novembre 2002, Peter Schmeichel retrouve de vieilles connaissances lors du derby de Manchester. Le gardien danois, qui a connu la gloire avec United dans les nineties, défend désormais les cages de City. Dans le couloir, avant le match, il a la banane à l’idée de saluer Gary Neville. Après tout, ils ont passé sept saisons ensemble et vécu une soirée inoubliable au Camp Nou trois ans et demi auparavant. Mais le capitaine des Red Devils n’aime pas trop les ex qui flirtent chez le voisin, alors il snobe Schmeichel sous le regard rieur de Barthez, apparemment briefé par Neville sur ce coup-là. Reste que les Citizens l’emportent 3-1 avec un Schmeichel décisif, dans ce qui restera comme le dernier derby de Manchester disputé à Maine Road, l’ancien stade de City.
Raymond Domenech et Carlos Alberto Parreira
Comme si ce n’était pas suffisant de dégager de la Coupe du monde dès le premier tour, après trois matchs minables… Ce 22 juin 2010, deux jours après la grève de Knysna, les Bleus s’inclinent face à l’Afrique du Sud (1-2). À la fin de la rencontre, Raymond Domenech, le sélectionneur d’une équipe de France pathétique, refuse de serrer la main de son homologue Carlos Alberto Parreira.
Pourquoi ? Raymond esquive la question en conférence de presse. Carlos Alberto Parreira livre la réponse : « Il m’a dit :« Vous avez dit du mal de mon équipe après sa qualification », mais je ne m’en souviens pas ! » Domenech finira par revenir sur son geste, en expliquant qu’il avait fait payer à Parreira le fait d’avoir déclaré que la France n’avait pas sa place à la Coupe du monde à cause de la main d’Henry. Une histoire de main, encore et toujours.
John Terry et Wayne Bridge
Depuis qu’il a appris que John Terry couchait avec son ex (et accessoirement la mère de son fils), le mannequin français Vanessa Perroncel, Wayne Bridge a toujours refusé de serrer la main à son ancien coéquipier. Les deux joueurs ont pourtant joué ensemble à Chelsea et en sélection durant de longues années, et avaient noué des liens d’amitié puissants. Mais l’affaire est allée plus loin. Au moment du scandale, en 2010, Bridge annonce sa retraite internationale.
« Ma position dans l’équipe est intenable et susceptible de créer des divisions.(…)Pour le bien de l’équipe et afin d’éviter des problèmes inévitables, j’ai décidé de ne pas me mettre à la disposition de la sélection » , explique-t-il. Terry, lui, perd le brassard de capitaine. Le Daily Mail avance en outre qu’il aurait mis sa maîtresse enceinte, et organisé un avortement dans une clinique clandestine. Quant à Bridge, il doit toujours verser une pension de 6 000 livres par mois à son fils jusqu’à sa majorité. Une affaire qui lui a fait perdre une poignée de main, mais qui lui a aussi coûté un bras.
Neymar et Hamari Traoré
Réduit à dix après l’expulsion de Kylian Mbappé, le PSG a quelques secondes à tenir pour assurer son succès (2-3) à Rennes en demi-finales de la Coupe de la Ligue 2017-2018. Dans le temps additionnel, l’arbitre siffle une faute de Neymar puis adresse un carton jaune au Brésilien pour antijeu quand celui-ci empêche les Rennais de jouer rapidement le coup franc. Neymar se retourne alors vers Hamari Traoré, pour lui faire un classique des cours de récréation de maternelles : tendre la main pour faire la paix, et la retirer au dernier moment en adressant un grand sourire. Il n’y avait pourtant aucun risque de contagion : les deux hommes étaient tous les deux munis d’une paire de gants.
Par Alexandre Doskov et Florian Lefèvre