- Coupe du Monde Féminine
Thomis : «Ne rien laisser à personne»
L'équipe de France affronte Nigeria ce dimanche en match d'ouverture de la Coupe du Monde féminine 2011 en Allemagne. A sa pointe, Elodie Thomis, 24 ans, attaquante-sprinteuse des championnes d'Europe lyonnaises.
Difficile de se lancer dans une Coupe du monde après une saison aussi chargée ?
Physiquement ça ira. Le plus dur, c’est le mental. Depuis un an on ne fait que du foot : le championnat, la Coupe, la Ligue des champions et la sélection, j’ai eu un programme chargé cette année. Par moments, j’ai envie d’autre chose. Bon, je me rends compte que la Coupe du monde est la cerise sur le gâteau et peut changer complètement nos vies de footballeuses donc je me concentre totalement. La motivation atténue la difficulté. On va bien rentrer dans la compétition et occulter tout le reste. Les vacances, c’est bien, la Coupe du monde, c’est sûrement mieux !
Avec dix lyonnaises qui ont gagné la Ligue des champions, la France a une cible dans le dos ?
Je pense surtout que notre victoire européenne va faire peur aux autres équipes. Je ne vois pas la France comme l’équipe à battre mais comme un outsider capable de faire tomber n’importe qui. Avoir une Ligue des champions à ton palmarès, ça donne une motivation encore plus grande lorsque tu entres sur un terrain. Je sais qu’on aura un ascendant psychologique sur nos adversaires.
Que peut-il arriver de mieux après une victoire en Ligue des champions ?
C’est simple : recommencer. Remporter un second titre européen serait un encore plus énorme encore. Et devenir championnes du monde en Allemagne, ça ferait aussi du bien à nos palmarès. Surtout, ce sont des expériences qui nous serviront plus tard dans la vie. On en profite chaque jour. L’an prochain avec Lyon, on aura le même objectif de gagner les trois coupes. La défaite en Challenge de France (équivalent de la Coupe de France) n’a plu à personne. Voilà, c’est ce type de challenge qui permet de rester motivée. En 2012, on voudra tout gagner. On ne veut rien laisser à personne.
Lyon écrase trop la concurrence, non ?
Chaque dimanche, on joue contre des adversaires motivées, qui se donnent à fond car l’OL est le match de l’année, elles nous rentrent dedans. Face à Juvisy, Montpellier ou le PSG, ce sont des matches d’intensité européenne. Le pire serait que l’on n’arrive plus à jouer à notre niveau actuel. Il faut absolument rester concentrées car tu n’es jamais à l’abri d’un pépin : une année, on a perdu contre Hénin-Beaumont, une catastrophe. Le club l’a ressenti comme une bombe, tout le monde tirait la tronche, on a reçu des pics qui nous ont réveillé.
Après le triomphe européen et le titre de championne déjà en poche, votre entraîneur a eu cette phrase insensée : « Si on perd le dernier match de championnat, on aura raté notre saison ! »
Patrice (Lair) est un monsieur qui aime la gagne et le fait vraiment ressentir. Cette saison, le lendemain d’une victoire compliquée face à Rodez (1-0), il a réveillé les joueuses à 7 heures du matin pour un footing. Il n’était pas content ! Il ne laisse rien passer. Ça peut choquer mais nous sommes habituées à cette exigence, elle entretient notre motivation et nous évite de tomber dans un vieux train-train. J’aime les entraîneurs qui mettent la pression tout le temps.
Mickaël Osganian
Par