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Téji Savanier : « Mes coéquipiers m’appellent Couille »

Propos recueillis par Adrien Girard
Téji Savanier : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Mes coéquipiers m&rsquo;appellent Couille<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Les vrais spécialistes le savent. Si Nîmes est aussi fort, si Umut Bozok plante autant de buts, si l'ambiance est aussi bonne chez les Crocos, c'est aussi grâce à Téji Savanier. Le milieu de terrain, appelé Couille par ses coéquipiers, est avant tout un gitan qui ne reste jamais loin de sa famille. Interview grillades, Gipsy Kings et foot un peu aussi.

Le début de saison de Nîmes est vraiment bon. Il y a des choses qui ont changé par rapport à la saison dernière ? On fait un très bon début de saison, mais on peut s’améliorer sur certains trucs, on va essayer de faire encore mieux. Il n’y a pas beaucoup de choses qui ont changé par rapport à la saison dernière, à part quelques arrivées comme celle d’Umut Bozok par exemple. Le secret, c’est qu’on est une bande de potes, on s’entend tous très bien, on rigole ensemble. J’ai rarement vu un groupe où l’ambiance est aussi bonne. Il y a beaucoup de jeunes également, c’est un avantage. Même dans les moments difficiles, on se soutient, on travaille pour les autres, c’est notre force cette année.

La montée en Ligue 1, c’est pour cette année ? On y pense plus que l’année dernière, on est dans des conditions idéales, alors pourquoi pas… Avec l’équipe qu’on a, on peut faire de belles choses. On doit continuer à se battre ensemble. On est à Nîmes, un club de battants. Ici, c’est la rage qui prime avant tout.

L’année dernière, tu as fini meilleur passeur de Ligue 2, des clubs de Ligue 1 sont-ils venus toquer à ta porte ? Il y a eu des clubs, mais rien de concret. Nîmes m’a proposé de prolonger mon contrat, et je n’ai pas hésité une seconde. Si un club de Ligue 1 m’avait fait une offre concrète, pourquoi pas, mais ce n’était pas le cas. J’ai forcément envie de jouer en Ligue 1, mais c’est dur de s’éloigner de mes proches. Sur le plan sportif, il y a une différence énorme entre la Ligue 1 et la Ligue 2. La Ligue 1, c’est plus technique, t’as le temps de contrôler la balle. La Ligue 2 en revanche, c’est plus physique, il y a plus de contacts. Tu contrôles un ballon, tu as deux joueurs qui t’agressent instantanément. C’est moins réfléchi finalement. Le but, c’est quand même d’y aller avec les Crocos. Nîmes n’a plus connu l’élite depuis les années 1990 (saison 1992-1993, ndlr). Ce serait beau d’y aller avec ce club et ses supporters qui sont géniaux. Un derby contre Montpellier, ce serait énorme.

Tu as été formé à Montpellier, ce serait effectivement spécial de les affronter à la Mosson ? Ça me ferait drôle. C’est mon club d’enfance, je vais à la Mosson depuis mes huit ans. J’ai même une photo avec Toifilou Maoulida dans ma chambre.

Mon père est percussionniste, mon cousin chante et mon oncle est membre du groupe Chico & The Gypsies. J’ai une belle famille de musiciens.

Tes coéquipiers t’appelaient Tanguy à l’époque. C’est vrai ? Oui, ça c’était quand j’étais à Arles-Avignon (de 2011 à 2015, ndlr), on m’appelait Tanguy parce que j’habitais seul avec ma mère. Ça ne m’a jamais dérangé. Maintenant, à Nîmes, tout le monde m’appelle « Couille » (Rires.) Je suis gitan, et comme beaucoup de gitans, je dis souvent « couille » . J’appelais tout le monde comme ça et cela s’est retourné contre moi. Même les nouveaux ont adopté ce surnom. Pendant les matchs, quand ils me demandent le ballon, au lieu de m’appeler Téji, ils crient : « Couille, Couille ! » C’est pas mal. (Rires.)

Ça a dû être dur de quitter ta famille pour aller à Arles-Avignon ? Oui, parce que je ne savais pas dans quoi je m’engageais. Là-bas, j’ai dû faire mes preuves pour gagner ma place de titulaire. Les débuts étaient durs, mais j’ai su m’imposer. Quitter mes proches, c’était difficile également. Pour les gitans, la famille, c’est le plus important. Pourtant, je n’étais pas loin, environ à une heure et demie de la maison, mais c’était la première fois que je partais de chez moi.

Les gitans, ils sont vraiment comme dans Snatch ? Oui, le film est bien fait. Il montre bien la réalité de la vie chez les gitans : les caravanes, les barbecues, le feu avec les tables autour…

C’était comment ton enfance avec les gitans ? J’ai vécu dans un quartier qui se trouve dans la banlieue de Montpellier (Figuerolles, ndlr) où il n’y avait que des gitans. Vivre là-bas, c’est la musique, c’est la fête, c’est les paellas et les grillades dehors, c’est le foot dans les rues… L’été, c’est la fête au quartier. À chaque coin de rue, il y a un gitan qui joue de la guitare, tu es obligé de tomber dedans. Mon père est percussionniste, mon cousin chante et mon oncle est membre du groupe Chico & The Gypsies. C’est un groupe qui ressemble un peu aux Gipsy Kings. J’ai une belle famille de musiciens.

Les Gipsy Kings, c’est ton truc ? Oui, ils ont vraiment introduit la musique gitane et le flamenco dans le monde. À chaque fois que je dis que je suis gitan, les gens commencent à chanter Djobi, Djoba. Ça me fait plaisir, je préfère qu’on retienne cette image de nous plutôt que celle du voleur de poules.

Et Kendji Girac ? C’est bien aussi, il perce dans la culture populaire, on le voit partout à la télé. Cela fait encore parler de nous. D’ailleurs, mes coéquipiers me demande de chanter ses chansons, mais je ne suis pas chanteur, moi. (Rires.)

Bozok, il est très, très fort au piano. Samedi, on est restés tard au club pour l’écouter jouer, c’était magnifique. Il a joué des morceaux connus comme celui dans Titanic ou Pirates des Caraïbes, c’était dingue.

En parlant de musique, ton coéquipier Umut Bozok fait du piano, ton préparateur physique de la guitare. C’est pour quand le groupe ? (Rires.) Bientôt, on en avait parlé, mais ça ne s’est toujours pas fait. Bozok, il est très, très fort au piano. C’est également un très bon joueur de foot. Samedi, on est restés tard au club pour l’écouter jouer, c’était magnifique. Il a joué des morceaux connus comme celui dans Titanic ou Pirates des Caraïbes, c’était dingue.

Ça vous arrive de vous faire des soirées Domino’s Pizza devant le foot ? Oui, carrément. On regarde surtout la Ligue des champions et la Ligue 1.

À la maison, c’est toi qui fais la cuisine ? Non. Chez nous, c’est plutôt les femmes qui cuisinent et les hommes sont à table. Je n’ai pas envie de quitter ma famille aussi pour cette raison… (Rires.) Le soir, ma femme et ma mère sont dans la cuisine et nous préparent à manger.

Tu habites encore avec ta famille ? J’habite avec ma femme et mes deux enfants, mais nous sommes toujours dans le même quartier. Je fais tout le temps des allers-retours entre Montpellier et Nîmes. Il y a encore toute ma famille et celle de ma femme là-bas, à Figuerolles.

C’est quoi le souvenir qui t’a le plus marqué dans ta carrière ? Mon premier but en Ligue 2 avec Arles-Avignon. Il y a aussi mon premier doublé contre Orléans, l’année dernière avec Nîmes. Une belle frappe pied gauche et un penalty. Il y avait ma fille dans les tribunes ce soir-là, je suis allé l’embrasser après avoir planté. Ça restera gravé dans ma mémoire. Quand tu viens d’un quartier pauvre et que tu marques des buts devant toute ta famille, c’est un moment magique. J’espère en vivre d’autres cette saison avec Nîmes.

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