Steve Marlet : «Ne pas regarder le Real jouer»
L'OM dans l'antre des Galactiques, ce n'est pas une première. Retour en 2003-2004. Malgré une défaite 4-2 plutôt honorable, ce match marque le début de la rupture entre le groupe et un homme, Alain Perrin. Entretien avec Steve Marlet, crucifié à l'époque sur l'autel des ambitions de son entraîneur...
Steve, l’OM va retrouver Santiago Bernabeu, une ambiance que tu connais…
Que je connais mal, après tout, mon match n’avait duré que 37 minutes !
Justement, Perrin te sort devant tout un stade, et toi tu restes étonnamment calme. Quand on voit les réactions des footballeurs de nos jours, on se demande comment tu as fait…
Je n’avais joué qu’à Ajaccio et contre Le Mans auparavant. Je n’allais pas critiquer le coach ou avoir des états d’âme lors de mon premier match européen avec l’OM. C’est sûr que cela m’a fait drôle mais ce n’était pas dans ma mentalité d’aller me plaindre. Surtout qu’à l’OM, la moindre petite phrase peut avoir des conséquences énormes. J’ai eu l’occasion de m’expliquer juste après avec le coach, de lui dire aussi ce que je pensais.
Il t’a donc vraiment fait sortir parce que tu n’es pas allé au pressing sur le premier but du Real ?
Il m’a dit qu’il avait un problème sur son côté droit. Habib Beye se retrouvait trop vite en infériorité numérique et il voulait combler ça. C’est vrai, il aurait pu attendre la mi-temps.
Au final, vous perdez 4-2, ce n’était pas déshonorant…
C’était ça. En plus, on avait fait une bonne entame. Si je me souviens bien, on menait même au score. Après, la machine du Real s’est mise en marche. Mais même sur la fin du match, Johnny Ecker rate une grosse occase. Si ça se trouve, on aurait pu revenir.
A l’image d’Alain Perrin, tout Marseille a pourtant vécu cette défaite comme une contre-performance. Avez-vous été victime de l’optimisme ambiant ?
On avait quand même une grosse équipe. C’est l’année où il y avait Drogba, Mido, moi-même… Mais c’est vrai, on a mis la charrue avant les bœufs. C’est Marseille. Le week-end d’avant, on gagne contre Le Mans 5-0. Mais bon, ce n’était que Le Mans. Tout le monde nous parlait des faiblesses de la défense du Real. Ils ont oublié qu’il y avait Roberto Carlos, Ronaldo, Zidane, Raul, Figo…
Est-ce que tu penses que l’équipe peut encore se tromper dans la façon d’aborder le match ?
Cette année, à l’unanimité, tout le monde sait que Marseille a monté une équipe très compétitive. Mais il y a eu ce rappel à l’ordre avec la défaite à Valenciennes. Ça peut remettre l’équipe dans le contexte.
Pourrait-on aller jusqu’à dire que c’est un mal pour un bien, cette défaite dans le Nord ?
Oui, c’est possible. Avant de jouer contre le Milan AC, ils avaient gagné aussi, non ?
Oui, contre Le Mans.
Ah ben tiens ! Là, au moins, tout le monde va se remettre en question. De toute façon, vu l’équipe du Real cette année, à la lecture de la composition de l’équipe d’en face, on sait qu’il va falloir ne négliger aucun détail, aussi infime soit-il, si l’on ne veut pas tout gâcher. Dans ce cas-là, le risque, c’est de les regarder jouer.
Marseille a-t-il vraiment ses chances ?
C’est difficile. Le joker est déjà grillé avec cette défaite à domicile contre le Milan AC. Ils vont devoir jouer, se découvrir et en face, la machine tourne. Il peut y avoir un effet de surprise, mais ce sont des professionnels quand même. On peut juste dire que le match n’est pas non plus joué d’avance.
Par