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« Nos adversaires veulent tous faire tomber Dinan Léhon  »

Propos recueillis par Clément Gavard
Crédit photo : Dinan Léhon FC
Crédit photo : Dinan Léhon FC

Depuis le week-end dernier, le Dinan Léhon FC, pensionnaire de National 3, est la dernière équipe invaincue cette saison dans les championnats nationaux. Entretien avec Stéphane Lamant, un coach comblé, mais prudent.

Le week-end dernier, le Dinan Léhon FC est devenu le dernier club invaincu parmi les championnats nationaux en France, de la Ligue 1 au National 3, avec une 17e rencontre sans défaite. Comment l’avez-vous appris ?

En fait, ça s’est fait un peu par hasard. Il y avait une autre équipe invaincue dans notre division, Fougères, qui a perdu son premier match récemment (le 11 février contre la TA Rennes, NDLR), donc c’était devenu un petit challenge interne à notre championnat. Puis, un ou deux gars du groupe sont allés plus loin en se disant qu’on devait être dans les derniers à ne pas avoir encore connu de défaite : on n’était plus que deux, nous et Bourgoin-Jallieu. Et samedi dernier, une heure après la fin de notre match contre La Montagnarde (0-0), on était sur la route du retour dans le car et on a regardé ce qu’ils avaient fait : ils avaient perdu ! On s’est marré, on s’est dit qu’on était les derniers. Ça nous a mis un peu de baume au cœur après un nouveau match nul, c’est quand même un petit exploit d’être la dernière équipe invaincue au niveau national. 

Est-ce que vous vous souvenez à quand remonte votre dernière défaite ? 

La dernière vraie défaite, c’est en amical le 2 août contre Saint-Malo. En championnat, ça doit remonter au mois de mai la saison dernière. 

On a marqué 40% de nos buts dans le dernier quart d’heure, c’est énorme, sachant qu’on a la deuxième meilleure attaque du championnat. Et plus largement, 80% de nos buts ont été inscrits en seconde période.

 

Comment expliquez-vous une telle série ? 

Très humblement, je crois que je n’ai pas de réponse précise, même si on peut avoir quelques éléments. Le premier facteur, c’est la réussite parce qu’on n’est pas passé loin de la correctionnelle sur quelques matchs. J’ai aussi une équipe qui répond bien au niveau mental et tactique. On a marqué 40% de nos buts dans le dernier quart d’heure, c’est énorme, sachant qu’on a la deuxième meilleure attaque du championnat. Et plus largement, 80% de nos buts ont été inscrits en seconde période. On a aussi cette capacité à jouer dans plusieurs systèmes, notamment pour changer en cours de match, parce qu’on a remarqué que ça pouvait créer du flottement chez l’adversaire. Puis, un autre facteur, c’est que l’équipe n’a pas beaucoup bougé à l’intersaison, on a gagné un peu de temps par rapport aux autres.  

Quel est l’impact de cette invincibilité un peu médiatisée sur votre club ? 

On a fait un peu le buzz depuis une semaine, on s’est aussi permis de communiquer sur les réseaux parce qu’on n’avait pas match le week-end suivant, sinon on ne l’aurait pas fait. Ça permet de faire parler du club. La saison dernière, on avait déjà été mis en lumière en battant le record de tirs au but lors d’une séance de Coupe de France en 32es de finale contre Brest (0-0, 12 TAB 13 pour Brest). Je crois que ça avait duré 36 minutes pour 32 tentatives ! Bon, on n’a pas pu le refaire cette saison vu qu’on a encore été éliminés aux tirs au but, mais plus tôt dans la compétition, donc on s’est dit que c’était l’occasion de faire autre chose en championnat. (Rires.) 

J’ai déjà constaté qu’on s’était contenté de ne pas perdre sur certains matchs et ça ne fait pas partie de nos valeurs.

 

Vous restez sur trois matchs nuls d’affilée, dont le dernier contre La Montagnarde qui était lanterne rouge. En tant que coach, voyez-vous cette invincibilité comme une source de motivation supplémentaire ou plutôt de pression négative ? 

Maintenant qu’on a ce petit titre acquis, je le prends davantage comme une contrainte. Par exemple, j’ai déjà constaté qu’on s’était contenté de ne pas perdre sur certains matchs et ça ne fait pas partie de nos valeurs. Il doit y avoir cette envie inconsciente de rester invaincu. Mais je pense que les joueurs ont compris que les nuls ne payaient pas, on a perdu un peu d’avance et j’ai senti une prise de conscience. Le deuxième aspect négatif, c’est que ça galvanise nos adversaires. Ils veulent tous faire tomber Dinan Léhon, on l’a ressenti ces derniers temps. La causerie motivationnelle doit être simple. En janvier, on a égalisé à la 90e et on entendait l’équipe adverse se motiver avec ça : « Allez, on va être les premiers à le faire. » On peut faire des comparaisons avec le PSG si on veut, même si on n’a pas la mainmise sur notre championnat comme eux et je veux vraiment que l’humilité ressorte dans notre communication. On ne prend pas du tout ça au sérieux, c’est de la déconnade. La saison est encore longue, et il s’agira de savoir se relever en cas de défaite. 

C’est une saison particulière en N3, avec cinq descentes en vue de la refonte des championnats à venir. Aviez-vous l’ambition de jouer la montée en N2 dès le départ ? 

On savait que la tension serait palpable avec cinq descentes, disons qu’on avait l’ambition d’être dans les équipes qui allaient se mettre à l’abri le plus vite possible. Je suis là depuis six ans, on a toujours fini dans le top 5, on voulait rester dans ces eaux-là. Est-ce que ce serait une déception de ne pas monter ? Je peux vous dire qu’un promu en N2 aura beaucoup de mal. Il y a cinq ou six descentes par division à cet échelon cette année, il ne restera que les meilleurs. Je ne sais pas si on est prêts pour ça. On se retrouverait avec des clubs qui ont cinq fois notre budget. À Dinan, il n’y a aucun joueur sous contrat, seulement des amateurs purs. Un tiers de mon équipe travaille le samedi matin : s’il faut aller prendre le car pour aller à Paris à 7 heures du matin… Si on peut être champion et monter pour la première fois en N2, on le fera. Mais est-ce que ce sera un cadeau ? Il faudra se poser la question, anticiper, la DNCG ne nous laissera pas y aller sans un budget qui tient la route. Pour l’instant, on va surtout essayer de prendre du plaisir. 

On dit souvent que le foot n’est plus vraiment amateur au niveau de la N2, partagez-vous ce constat ? 

Il y a un gouffre entre la N2 et la N3. Je suis d’accord pour dire que la N2, ce n’est plus amateur. Les clubs autour de chez nous, les gars ne bossent pas à côté, c’est leur job, ils s’entraînent le matin comme des pros. Ils sont entièrement dédiés au foot. Pour ma part, je suis cadre bancaire, j’ai deux agences avec beaucoup de clients et de salariés, ça me prend du temps. Mes joueurs font tous les métiers possibles : comptable, surveillant au lycée, métier de la santé, employé de grande surface, etc. Si demain on doit monter en N2 et qu’il faut se taper seize heures de car aller-retour pour des déplacements, moins voir nos familles… Tous les clubs qui ont un fonctionnement comme le nôtre ne font pas long feu à ce niveau, ça peut durer une année ou deux. Si on monte, ce sera top et on bossera sur le sujet ; si on ne monte pas, personne ne sera fâché et on continuera de grandir. 

Trois soirs par semaine, on se retrouve pendant deux heures dans la nuit, parfois sous la pluie, la grêle, avec du vent, pour les entraînements. On se dit quelquefois qu’on est barjots, on se demande ce qu’on fout là quand on rentre dans les vestiaires avec les pieds gelés.

 

Le foot amateur a beaucoup souffert, notamment à cause de la crise sanitaire. Comment allez-vous à ce niveau et existe-t-il un impact de toutes les affaires autour de la FFF sur un club comme Dinan Léhon ? 

Ça ne nous touche absolument pas, ce sont deux mondes tellement différents. Je vais même être un brin provocateur : ce n’est pas le même sport. La période n’a pas été simple, on est une ville touristique, nos partenaires ont été touchés. On a pu en récupérer quelques-uns, notre parcours en Coupe de France nous a aidés. Mais on reste loin du foot pro, on vit beaucoup de passion. Trois soirs par semaine, on se retrouve pendant deux heures dans la nuit, parfois sous la pluie, la grêle, avec du vent, pour les entraînements. On se dit quelquefois qu’on est barjots, on se demande ce qu’on fout là quand on rentre dans les vestiaires avec les pieds gelés. Je ne dis pas que c’est mieux ou moins bien, c’est juste différent. On ne peut pas juger ce qui se passe plus haut, on ne connaît pas. Ce que j’aime, c’est le charme de notre foot amateur. 

Voir Dinan Léhon terminer la saison invaincu, c’est possible ? 

Tout est possible, on peut aussi perdre la semaine prochaine, on fait zéro plan sur la comète. Ce serait bon signe que la série se poursuive, mais le plus important, c’est de rester nous-mêmes. Quoi qu’il arrive, on ne pourra pas nous enlever ce record cette saison, ce n’était jamais arrivé au club et ça n’arrivera sans doute plus. Cette petite bande restera dans l’histoire du club, c’est une belle récompense pour tout le monde.

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