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Sol Campbell, la mémoire dans la peau

Par Maxime Brigand
Sol Campbell, la mémoire dans la peau

Nommé mardi sur le banc de Macclesfield Town, actuellement dernier de League Two, Sol Campbell tient enfin son premier poste de numéro un sur un banc. Le résultat d’un long combat mené au sein d’un pays qui ne compte que 8,7% d’entraîneurs issus de la diversité.

Durant un après-midi de juillet, en 2017, Sol Campbell s’est assis face à un journaliste du Guardian. Pour tout lâcher : « Si je dois commencer en partant de tout en bas, je suis prêt à le faire.(…)J’ai simplement besoin d’une chance, d’avoir au moins un entretien pour pouvoir essayer de convaincre un président de m’engager et où je pourrai même dire : « Prenez-moi gratuitement et je vous montrerai ce dont je suis capable. » » Quelques mois plus tôt, l’ancien défenseur d’Arsenal avait rejoint le staff de Dennis Lawrence, sur le banc de l’équipe nationale de Trinité-et-Tobago. Campbell avait profité de cette opportunité pour travailler ses méthodes, allant faire un tour à la Sampdoria, à l’AC Milan et même à New York City, où il passa quelques jours aux côtés de Patrick Vieira. Puis ? Rien, ou pas grand-chose, si ce n’est un passage avec les U21 nationaux et quelques entretiens sans lendemain avec Oxford United, Grimsby ou encore Oldham.

Pourquoi ? Interrogé en décembre dernier par So Foot, Chris Hughton, coach de Brighton et seul entraîneur noir de Premier League l’an passé, avait eu ces mots : « Il y a un gros déséquilibre entre les entraîneurs issus des minorités – BAME – et les joueurs noirs par exemple. Aujourd’hui, je suis fier de ce rôle de porte-drapeau, mais je souhaite que la Premier League s’ouvre. Je pense que ça sera positif pour le football en général, et ça concerne les bancs et la composition des boards.(…)L’enthousiasme doit être suivi de changements. Quand on parle avec les dirigeants, ils en sont convaincus aussi et ils cherchent des solutions pour faire avancer les choses. Je sens qu’il y a une volonté. C’est une bonne chose, mais c’est aussi la responsabilité de la Fédération de donner de la place aux jeunes entraîneurs noirs. C’est aux dirigeants de répondre. » À cette époque, les représentants de la Football League s’étaient alors mis d’accord pour s’entretenir avec au moins un candidat issu d’une minorité pour un poste d’entraîneur vacant.

Le club le moins bien classé du pays pour débuter

Sol Campbell aura donc dû attendre et se bouffer les ongles avant de signer son premier contrat. Mardi, l’ancien international anglais (73 sélections), qui n’avait pas hésité il y a quelques années à allumer une Football Association (FA) « institutionnellement raciste » à ses yeux, a mis un pied dans la porte, enfin, et s’est engagé pour dix-huit mois sur le banc de Macclesfield Town, actuel dernier de League Two. Le même Macclesfield Town qui avait nommé sur son banc il y a quelques années Paul Ince (2006-2007) et Keith Alexander (2008-2010). Cette fois, Campbell a même été préféré à un retour de John Askey, viré de Shrewsbury Town début novembre et qui avait ramené Macclesfield en League Two l’été dernier avant de se tirer en League One.

Forcément, la nouvelle a été accueillie comme une avancée, mais a aussi provoqué la colère de certains fidèles du circuit, à commencer par Paul Ince : « C’est triste qu’un homme comme Sol, une légende de ce sport, soit obligé de commencer sa carrière d’entraîneur sur le banc d’un club dernier de League Two et que ce soit la seule possibilité pour lui de se lancer dans le métier. Quand je vois que Steven Gerrard commence sa carrière aux Rangers ou Frank Lampard à Derby, et que Sol soit obligé de filer dans le club pro le moins bien classé du pays pour débuter… ce n’est pas juste. »

Une histoire de l’époque et un chantier

Pas juste, mais une réalité de l’époque : avec la nomination de Sol Campbell – ancien candidat à la mairie de Londres – sur le banc des Silkmen, le nombre d’entraîneurs issus des minorités grimpe à… huit sur 92 bancs possibles des quatre premières divisions anglaises. Pour y arriver, Campbell a tout fait, proposant à plusieurs reprises de bosser avec une simple prime de victoire pour rémunération, mais aura dû patienter une longue période. Aujourd’hui, le voilà avec une chance à saisir alors que des mecs comme Joey Barton (sur le banc de Fleetwood Town) et Lee Bowyer (Charlton) ont obtenu un poste de numéro un avant lui. Pire, le plus souvent, Sol Campbell n’aura obtenu un entretien que pour la forme tout en ayant conscience que d’autres candidats passeraient forcément avant lui à une période où les actes discriminatoires dans le football anglais sont en hausse (+11% sur la saison 2017-2018 selon l’association Kick It Out). Un temps, il aura alors pensé partir à l’étranger avant de se raviser, ne cessant d’évoquer l’archaïsme du Royaume. Désormais, la fenêtre a été ouverte : une histoire de l’époque et d’un chantier sportif dont il faudra se sortir.

Par Maxime Brigand

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