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  • Élections américaines 2020

Soccer : game of Trump

Par Nicolas Kssis-Martov
Soccer : game of Trump

Quatre longues années de Donald Trump, durant lesquelles le soccer a presque pris des allures d’opposant numéro un. Le ballon rond n’a pas choisi ce rôle, mais la politique du président des États-Unis l’a inévitablement placé dans le mauvais camp. Alors même que, paradoxe suprême, le foot remportait quelques succès non négligeables pour rendre l’Amérique « Great Again », comme l’organisation de la Coupe du monde de football masculine en 2026 ou une nouvelle consécration mondiale pour la sélection féminine.

Le premier mandat de Donald Trump a été marqué par la volonté permanente de cliver la population, sciemment, encore davantage qu’avec la vague populiste qui l’avait conduit au pouvoir. Ce choix l’a forcément amené à se fabriquer des opposants, dans un pays où d’habitude, le pensionnaire de la Maison-Blanche est supposé se transformer en héraut du consensus bipartite, tout du moins dans les mots et les postures. Il serait presque tentant d’imaginer que l’ancienne star de télé-réalité s’est inspirée de la doctrine « ami/ennemi » du politologue allemand Carl Schmitt, à supposer qu’il ait lu son (un) livre. Dans le sport également, il a trouvé sur son chemin et en face de lui des « mauvais Américains », qu’il n’a eu de cesse de fustiger derrière son smartphone. Au premier chef, le soccer, sport de « féministes lesbiennes », « importation européenne » pour intellos issus de la Ivy League, sans oublier, pour ce qui relève de ses petites obsessions personnelles, un peu trop aimé des latinos et des « antifas » . La caricature ne lui fait pas peur. On la lui retourne bien volontiers. Il est surtout vrai que sans forcément le chercher, le football, notre football, incarna au cours de ces « four years » l’autre visage de l’Amérique, face à la mèche blonde défigurant l’Oncle Sam.

Une Maison-Blanche assiégée par le soccer

Sur le plan sportif, la situation de Donald Trump ressemble à une citadelle assiégée, et il doit vraiment jubiler tant son storytelling suppose justement cette vision obsidionale de la gestion des affaires publiques. Son attitude face au monde sportif s’avère politiquement assez similaire à l’histoire qu’il raconte dans ses meetings et ses tweets. Un populiste qui s’auto-définit en défenseur du bon mâle blanc, pauvre de surcroît, face à des élites cosmopolites qui veulent lui retirer son flingue et son droit à défiler derrière le drapeau sudiste devant une statue du général Lee, avant d’aller mater le Super Bowl. Un encerclement avec d’un côté un NBA siglé « Black Lives Matter », et de l’autre donc le soccer emmené par la pasionaria, Megan Rapinoe accueillie, après la victoire en finale de Coupe du monde, à New York, cette « Sodome et Gomorrhe » des « libéraux » , en icône progressiste.

Le discours qu’avait tenu Megan Rapinoe devant la foule rassemblée à Time Square ne laissait planer aucun doute sur la guerre civile émotionnelle qui désormais passait par les terrains de foot : « Vous êtes tellement plus que seulement des fans ! Vous êtes tellement plus que de simples fans de sport qui regardent les matchs tous les quatre ans ! Vous marchez dans ces rues tous les jours, vous communiquez avec votre entourage tous les jours. Demandez-vous comment faire pour que votre entourage aille mieux, pour que vos meilleurs amis, les 10, 20 ou 100 personnes les plus proches de vous aillent mieux ? C’est de notre responsabilité à tous de faire ça. »

La perte des soccer mums ?

Toutefois le problème de Donald Trump ne se résume pas qu’à la perte d’un soccer féminin envahi de gauchistes (on se rappellera que, fut un temps, le PC des USA tenta de l’utiliser pour enrôler les jeunes immigrés d’Italie ou de Pologne) et de l’électorat des soccer mums. Versant masculin, le bilan n’est guère plus reluisant. Bien qu’ayant déjà lancé, à son arrivée, la candidature commune avec l’horrible Canada du « socialiste » Trudeau et le Mexique cachant sous son sombrero ses millions de clandestins, la fédération des États-Unis s’apparentait presque dans son principe à un désaveu concret des délires isolationnistes du nouveau boss. Juste retour des choses, alors que la fédération américaine de football (USSF) levait l’interdiction de s’agenouiller pendant l’hymne national américain, le président des États-Unis Donald Trump gazouillait du coup qu’il ne regarderait « plus beaucoup » cette discipline. Ambiance…

Du côté des joueurs masculins, sa cote de popularité ne semble d’ailleurs guère reluisante. L’international Weston McKennie, qui évolue à Schalke 04 en Allemagne, avait porté un brassard « Justice for George » afin de « pouvoir utiliser cette tribune pour attirer l’attention sur un problème qui dure depuis trop longtemps, ça fait du bien ! » Son coéquipier Michael Bradley, à la suite des mouvements de protestation contre les violences policières, s’était lui aussi levé contre la politique de Trump : « Si nous voulons avoir une chance de commencer à arranger ces choses, alors Trump ne peut pas être président. J’espère que les gens pourront se rendre aux urnes et comprendre qu’à bien des égards, l’avenir de notre pays et l’avenir de notre démocratie sont en jeu. » Déjà un bulletin en moins, s’il n’est pas invalidé.

Par Nicolas Kssis-Martov

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