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Silva, Motta et la quenelle de Matuidi

Par Simon Capelli-Welter
8 minutes
Silva, Motta et la quenelle de Matuidi

Les deux Thiago au savoir-faire, Matuidi au four et au moulin et Zlatan au contact. Biševac, Lovren et Umtiti sonnés, Malbranque, Bastos et Réveillère submergés.

Paris Saint-Germain

Salvatore Sirigu (5) : Hormis le poteau de Lisandro, il n’a pas franchement eu à s’inquiéter. Lyon a dominé sans vraiment menacer, avant de décliner et de ne plus aller chercher le portier, laissant Salvatore de danger.

Thiago Silva (8) : L’ovation du Parc sur ce dribble derrière l’appui qui efface Gomis était spontanée. Un cri d’émerveillement. Thiago Silva, c’est incontestablement le niveau au-dessus. Le Brésilien a d’ailleurs passé sa soirée à le clamer, même à l’arbitre qui a moyennement apprécié. Lisandro, lui, a carrément détesté. C’est un duel gagné face à l’Argentin qui lance le contre orchestré par Motta, l’accélération d’Ibra et l’ouverture du score de Matuidi. Thiago SilvaStar.

Mamadou Sakho (6) : Forcément, à côté du Brésilien, il paraît parfois un peu brouillon. Mais c’est justement en étant aligné à côté de Silva qu’il progresse et commence à placer des interventions tout en grande classe. Cette sortie en forme d’amorti poitrine au milieu de la première mi-temps en est la preuve. Pour le reste, il s’est appliqué à ne pas trop en faire, à jouer simple et à regarder comment faisait Thiago.

Maxwell (5) : Son principal allié fut le système de Rémi Garde. Face à ce 3-5-2 ascendant 5-3-2, Maxwell n’avait pas de réel vis-à-vis. Tant mieux pour tout le monde.

Christophe Jallet (5) : Son plus bel hommage à François Clerc. Fais-moi une place, susurrée 90 minutes durant à l’oreille de la défense lyonnaise. Mais jamais Jallet n’a su vraiment profiter du surnombre et du temps qu’il a pu avoir avec le ballon. Totov’ a tout de même failli claquer le but de sa saison sur cette reprise mi-cru mi-cuit de l’exter. Quelqu’un a des nouvelles de Francis Llacer ?

Blaise Matuidi (7) : Un modèle de faute tactique (et dès le quart d’heure de jeu, ce qui lui permet, cerise sur la biscotte, de l’éviter) sur Lisandro qui prenait le chemin de Sirigu. Ce soir, Blaise s’est retrouvé un peu cantonné au rôle de veilleur de nuit, à la porte de la défense. Rôle dans lequel il s’est retrouvé exposé, davantage que dans le 4-3-3, mais dans lequel il a encore une fois fait le job et même plus, en allant valider ce contre d’un joli windmill.

Thiago Motta (7,5) : Si le milieu lyonnais a progressivement pris le bouillon, c’est grâce à lui. Dans ce match qui ressemblait à un cousin de Serie A, Motta était comme chez lui. Ou comment être partout en ne couvrant que 10 mètres carrés de pelouse. Avec lui, Paris ne perd plus. Mieux, pour le geste et au bon souvenir de ses années intéristes, il a lancé un modèle de contre en claquant cette passe qui éventre tout le bloc lyonnais et touche Ibra au plus profond de la défense. Avec lui, Paris gagne.

Javier Pastore (6,5) : Une frappe jolie, mais néanmoins ratée sur un tour de passe-passe du Z (10e). De l’application, de chouettes petits dribbles dans les petits espaces, deux-trois ballons bien sentis et une conduite de balle toujours aussi cool. Le passage en 4-4-2 lui fait du bien, au point que cela risque de devenir frustrant de ne pas le voir en 10. Mais ce serait se priver trop vite de le voir s’abaisser au repli défensif. D’autant, et c’est ça le pire, qu’il commence à y prendre goût…

Ezequiel Lavezzi (5) : Toujours un peu de mal à trouver sa place dans ce 4-4-2. Et si le jeu offensif de l’Argentin demande beaucoup de liberté, sa défense, elle, a toujours tendance à laisser sa part à l’adversaire. Plus encore face à un 3-5-2 où se pose inlassablement la question de défendre les ailiers adverses. Bastos était-il pour lui ou Christophe Jallet ? On ne l’a jamais trop su, mais comme Bastos non plus, Ezequiel a pu passer son temps à essayer de parler de la fin du monde à la défense lyonnaise, à coups de courses de dératé et de mouvements incessants. Malgré tous ses efforts, elle n’avait pas l’air de comprendre. Alors il a laissé sa place à Sylvain Armand.

Jérémy Ménez (5,713) : Cette qualité technique (ses contrôles orientés…) et cette capacité à éliminer en feront toujours un talent à part. Mais cette propension à faire de mauvais choix, à ne pas être « naturellement » enclin à la bonne décision demeure frustrante. Et en premier lieu pour lui, conscient qu’il est de trop se compliquer la vie. Un match typique de l’international donc, pour une sortie à 5 minutes de la fin pour Clément Chantôme, la menace.

Zlatan Ibrahimović (5) : Avec cette glissade, puis cette passe foirée, Zlatan connaît un début de match hésitant. Limite un comble pour lui. Face à Biševac, rapidement bandé, sa frustration et son amour de la symétrie font le reste. Parce que son geste sur Lovren, qu’il soit volontaire ou non, est bien le témoin d’une certaine irritation. Même si c’est son centre, dévié, qui permet la tête de Matuidi, sa combinaison toute naze sur un coup franc bien placé confirme la mauvaise impression. Après, son « travail de sape » (en clair, sa puissance) a permis aux autres de s’y retrouver. Reste que dans ce 4-4-2, il semble un peu moins atomique.

Carlo Ancelotti (7) : Four Four Two. Défense basse. Acceptation de la possession de balle adverse. Dos rond. Talent en attaque, but en contre-attaque. Gestion du score. Victoire. Première place. Carlo a fait dans l’efficace. Comment ça, y a pas Striptease ce soir ?

Olympique lyonnais

Rémy Vercoutre (8) : Une vraie belle parade devant Zlatan, quelques instants après le but de Matuidi. Une vraie belle sortie aux devants du Suédois en début de seconde mi-temps. Un gros réflexe sur une percée de Lavezzi. Bref, Rémy aura tout fait pour préserver au maximum le suspense en même temps que sa cage. Hugo parti, Rémy ne délire plus.

Dejan Lovren (6) : Un vrai duel de Yougos avec Ibra (remarque valable évidemment, mais moins, pour Biševac). Avec du sang, des pansements et tout. C’est avant tout grâce à lui que le Suédois n’a pas marqué. Et ça, c’est un peu comme gagner une guerre.

Milan Biševac (5,5) : Le Serbe a éclaté en plein vol dès la dixième minute dans un choc sur un corner avec Mamadou Sakho. Il est revenu avec un bandage à la Resident Evil et du courage pour deux.

Samuel Umtiti (6) : Lui aussi s’est bien fait secouer, que ce soit face à Zlatan ou aux appels de Ménez dans sa zone, mais il a plus que tenu le choc. Une vraie confirmation ce soir pour lui malgré la défaite, malgré la douleur.

Anthony Réveillère (4,5) : Encore moins en vue que Bastos à gauche, il n’a jamais su profiter des erreurs de placement de Lavezzi et apporter de l’aide à ses avants.

Michel Bastos (5) : Ailier gauche, chargé à lui seul de l’animation et de la couverture du côté. Et des frappes sur les coups de pied arrêtés, avec ce coup franc repoussé par le short de Jallet. Manque de précision, et manque peut-être de culot ensuite, sur ce contre où il sert Lisandro trop tôt. L’Argentin se mange Thiago Silva, et la suite s’écrit 1-0. Ensuite ? Rien. Trop bas, trop loin, trop court, la terne prestation de Michel résume à elle seul les limites de ce 3-5-2.

Max Gonalons (6) : Si le long de la Seine, Sergio Busquets se dit Thiago Motta, entre Rhône et Saône, on donne plutôt dans le Maxime Gonalons. Le genre de grand milieu pointu, stable, dur au mal, bien placé et clairvoyant. Mais pour que tout le pays soit définitivement convaincu, Max devra montrer plus que ce soir, où il s’est pourtant montré appliqué, à défaut d’être brillant, voire simplement présent offensivement.

Gueïda Fofana (5) : Du muscle, et ce ballon parfaitement servi pour le poteau de Licha. Mais ensuite, il a clairement accusé le coup face à la vitesse parisienne et aux crocs de Matuidi et Motta.

Steed Malbranque (4,5) : Une belle entame de match lyonnaise autour de lui et de ce milieu d’abord à 5. Ensuite, lui aussi pris dans la tenaille, il s’est progressivement déréglé, finissant par perdre des ballons de manière un peu inexplicable pour un joueur de sa vista.

Lisandro López (5,5) : Des accélérations, dont cet appel sur ce délice de service de Gueïda, du jeu dans les intervalles, des faux appels, des changements de rythme, du jeu à une touche, des dribbles, Licha a dû sortir toute la palette pour perturber Thiago. Il est parfois passé, a même trouvé le poteau, mais a perdu le ballon qui a mené au but du PSG.

Bafétimbi Gomis (5) : Un vrai savoir-faire quant au jeu en pivot. Mais la tâche était bien trop ardue sans véritable soutien en dehors de tout le courage de Lisandro. Gâché, il est sorti sous les sifflets du Parc.

Rémi Garde (5,5) : Un choix cohérent avec ce 3-5-2 (histoire de bloquer les paires du 4-4-2 parisien et d’entourer Malbranque pour l’aider à dicter la manœuvre) qui a, dans un premier temps, permis aux siens de bien s’installer dans cette rencontre. Mais suite au but (qu’il a déclaré encaissé contre le cours du jeu), il n’a pas su trouver la solution pour aller chercher le nul. Son double changement, Mvuemba pour Mabranque et Benzia pour Gomis, fut trop tardif ; les siens étaient alors complètement rincés. Son OL aurait pu frapper fort, il se contentera de quitter la capitale avec des regrets.

Dans cet article :
Lyon, au carrefour de ses ambitions
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