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« Si je revends mes deux places 6000 euros... » : l’enfer de la billetterie pour PSG-Inter
Une première vague, une deuxième vague, puis la frénésie incertaine de la revente : les supporters parisiens découvrent l’enfer de la billetterie pour une finale de Ligue des champions, en vue de PSG-Inter le 31 mai à Munich. Il y a les généreux, les opportunistes et surtout énormément de frustrés de ne pas avoir réussi à décrocher un précieux sésame.

Le 13 mai dernier, Thomas, 38 ans, abonné au Parc des Princes depuis près de deux décennies, attend patiemment devant son ordinateur. Il fait partie de la « vague 2 », avec ceux qui savent qu’ils vont devoir se battre et bénéficier d’un coup de pot pour obtenir un très précieux sésame pour la finale de la Ligue des champions entre le PSG et l’Inter, le 31 mai à Munich. Il ne reste que des miettes après le passage de la « vague 1 », réservée aux chanceux qui ont eu accès à la billetterie quatre jours plus tôt (basé sur l’ancienneté et avec deux places autorisées par personne concernée). « Je suis resté toute la journée accroché à mon téléphone pour être sûr de recevoir le mail. Il est arrivé à 19h30, j’étais sur le site de l’UEFA à 19h31, rejoue Thomas. Il y avait cinq minutes d’attente et cinq minutes plus tard, il n’y avait pas de places. Je n’ai pas arrêté d’actualiser, j’ai même eu deux places à 180 euros à un moment, mais c’était impossible de payer après les avoir mis dans le panier. »
30 ans à supporter le @PSG_inside 20 ans d’abonnement et 4 Abo à la maison pour ne pas avoir droit d’aller en finale quand des mec non abonnés on eu leur place… merci 🙏
— Insta: Team_Leo_Tavarez (@datonino9) May 13, 2025
Depuis la qualification du Paris Saint-Germain pour la finale après son succès sur la pelouse d’Arsenal, l’angoisse est la même pour de nombreux fans parisiens : comment avoir une place ? Comment se rendre en Allemagne en étant sûr et certain de pouvoir se poser dans l’Allianz Arena ? Très vite, tout le monde a compris que ce serait un casse-tête. Dans une enceinte qui pourra accueillir 64 500 personnes pour l’évènement, 18 000 places seulement sont réservées aux camps des deux clubs. Un problème pour les Interistes comme pour les Parisiens, alors que le Parc des Princes compte 40 000 abonnés sur une saison. Surtout qu’une partie des tickets revient directement aux groupes ultras, laissant logiquement des milliers de fans sur le carreau.
15 jours à l’île Maurice ou 90 minutes en Bavière
Forcément, Thomas fulmine en voyant que de nombreux heureux élus ont immédiatement choisi de mettre en vente leurs places à des prix exorbitants. « J’ai deux abonnements. On m’a proposé 800 euros par place pour la demi-finale retour contre Arsenal. Mais je ne les ai pas vendus, je suis allé au Parc, grogne-t-il. Contre Liverpool, je ne pouvais malheureusement pas y aller. J’aurais très bien pu revendre mes places à 500 euros la place. Je les ai revendues au prix d’achat, 90 euros. » Il l’assure, même à 5 000 euros, il n’aurait jamais vendu son siège pour une finale de Ligue des champions de son club de cœur. D’autres ont moins de scrupules. Pour certains, il est difficile voire impossible de se priver d’un bénéfice inimaginable pour deux bouts de papier, qui sont bien sûr beaucoup plus que cela pour les amoureux du Paris Saint-Germain.
J’ai deux places, si je revends les deux à 3 000 euros, ça fait 6 000 euros, c’est une partie d’un apport pour un achat immobilier.
La méthode laisse à désirer, mais elle existe dans tous les clubs et pour tous les évènements de cette ampleur : le business, ça reste le business. Même pour des passionnés. Théo (son nom a été modifié) est abonné depuis six ans et n’a manqué aucun match au Parc des Princes sur la période. Bingo pour lui, il a réussi à choper deux places durant la deuxième vague, en veillant « de 19h30 à minuit » devant son PC. Son objectif premier était bien de se rendre à Munich pour la finale, jusqu’à ce qu’il ne découvre le potentiel de revente des sésames. « J’ai deux places, si je revends les deux à 3 000 euros, ça fait 6 000 euros, c’est une partie d’un apport pour un achat immobilier par exemple, se justifie-t-il. À ce prix-là, je pars 15 jours à l’île Maurice avec ma copine, je suis au soleil toute la journée, je bois des cocktails. 90 minutes en Bavière, c’est un super souvenir, mais pour moi ça ne les vaut pas. »
Chacun ses problèmes dans cette drôle de période. Théo, lui, a encore du mal à trouver preneur : « J’ai déjà des personnes qui sont intéressées, les propositions sont entre 1800 et 2500 euros. La seule difficulté, c’est l’attribution des billets. C’est compliqué pour les acheteurs de faire confiance à quelqu’un, donc il faut bien discuter, il faut mettre en confiance la personne. Ça prend du temps à vendre, ce n’est pas juste tiens ma place et voilà ton argent. »
Des généreux, des profiteurs et des frustrés
Pour Axel, qui gère un compte X consacré à la revente de places pour les matchs du PSG, l’histoire est différente. Avec son compte, il a « contacté tous ceux que j’avais pu aider » pour obtenir un code pour accéder à la vague 1, quitte à « remonter des conversations sur plusieurs années ». La quête a fini par payer. Une personne qu’il ne connaît pas, mais qu’il avait aidée pour lui trouver une place pour une autre rencontre, a accepté de lui rendre la pareille. « Il avait un code pour deux places, ça vaut 5 000 euros (en cas de revente, NDLR), s’étonne-t-il. Et en échange, il me demande juste de lui ramener une écharpe et un pin’s. J’ai halluciné. » Axel n’en revient toujours pas, il a pu acheter « deux places en catégorie 3 à 180 euros ».
C’est le match d’une vie, c’est inestimable. C’était inconcevable de vendre les places alors qu’on me les a données. Même au niveau éthique, je trouvais ça horrible.
Il ne le cache pas non plus, la question de les revendre s’est (un tout petit peu) posée, mais pas longtemps. Il est rapidement revenu à « sa » raison pour offrir l’autre ticket à son père, grand supporter du PSG. « C’est le match d’une vie, c’est inestimable. C’était inconcevable de vendre les places alors qu’on me les a données, assure-t-il. On me donne le code dans un esprit d’entraide de supporters. Je ne peux pas aller spéculer derrière. Même au niveau éthique, je trouvais ça horrible. »
Tout le monde n’a pas la chance d’Axel, le bon cœur de Thomas ou la possibilité de gagner 5 000 euros comme Théo. Chacun d’entre eux soutiendra le PSG à sa manière, avec soit le grand bonheur d’être au rendez-vous à Munich ou l’énorme frustration de vivre ce moment loin de la capitale bavaroise. Sur les réseaux, sur le coup de la colère ou non, certains déçus disaient même ne plus vouloir regarder la finale le jour J. Ce mardi, les Parisiens qui resteront à Paris ont appris qu’ils auront toujours la possibilité d’assister à ce PSG-Inter tant attendu dans un stade, leur stade, au Parc des Princes sur écran géant. Ce ne sera pas 180 euros ou 3 000 euros, mais ce ne sera pas gratuit non plus, les tarifs allant de 10 à 40 euros. À ces hauteurs et à ce niveau, le business prend le dessus sur tout le reste.
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Tous propos recueillis par VF