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Ronaldinho est mort, vive Ronaldinho !

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Ronaldinho est mort, vive Ronaldinho !

Le meneur de jeu brésilien vient d'être désigné « Joueur de la décennie ». Retour sur la carrière d'un génie qui était parti pour trôner parmi les plus grands et qui aujourd'hui se débat pour ne pas sombrer dans le ridicule.

C’est officiel : Ronaldinho est définitivement fini. Le joueur brésilien vient d’être désigné footballeur de la décennie par le prestigieux magazine anglais World Soccer. Et ça, c’est pas bon signe pour un joueur. Quand les hommages commencent à s’accumuler, quand tout le monde vous veut du bien, ça veut dire que le champion d’hier ne représente plus une menace aujourd’hui. Pourtant, Ronaldinho n’est pas en préretraite quelque part au Qatar à compter ses ronds et à siroter des bars entiers. Non, le gus s’ébroue à l’AC Milan, deuxième de Serie A et qualifié pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions. Allons bon ! Ronnie ne serait pas donc pas aussi mort que les prix d’honneur semblent l’indiquer ? L’affaire est plus compliquée que ça…

Le plus grand freestyler de l’histoire

Évidemment si l’on considère ce que le Ballon d’Or France Football 2005 a pu produire dans ses belles années, on a bien envie de dresser son épitaphe. Avait-on jamais vu un joueur posséder une telle virtuosité individuelle ? C’est simple, ce type est probablement le plus grand freestyler de l’histoire du jeu. Soit un gars capable de jongler au-dessus de son adversaire plusieurs de fois de suite, d’inventer des dribbles bizarroïdes à la louche, des passes avec toutes les parties de son corps comme la promesse d’autres facéties corporelles pour les fins de soirées de ce noceur invétéré. Mais tout cela n’aurait été qu’une aimable bande-annonce pour le cirque si cet invraisemblable talent n’avait pas été servi dans sa meilleure époque par des capacités physiques haut de gamme. Au hasard, des cuisses dignes de Seedorf, des appuis à la Cristiano Ronaldo et un démarrage façon Michael Owen. Oui, entre 2003 et 2005, Ronnie pouvait démonter n’importe quelle défense. Mais au vrai, cette capacité à dynamiter le tout-venant portait en lui le germe de ses limites. Et esquissait déjà ce qu’allait devenir le meneur de jeu auriverde.

Sans physique, un vrai boulet

Car au sujet du champion du monde 2002, on pourrait reprendre la formule de Denoueix quand ce dernier analyse le jeu du Real Madrid : une habilité à exploiter les espaces mais une incapacité à les créer. Contrairement à Zidane, moins explosif mais tellement plus fluide et au mouvement plus perpétuel, Ronaldinho a toujours joué par à-coups et fait des différences en fixant son adversaire direct pour l’éliminer d’un coup de rein. Or, pour réussir cette sarabande plus longtemps, il eut fallu que le natif de Porto Alegre maintienne à son plus haut niveau son acuité physique. Ce que l’ambianceur des dancefloors n’a pas su faire au risque de se transformer en boulet. Car privé de son explosivité, Ronnie se montre incapable de la moindre différence. Coincé à gauche, Ronnie ne peut plus guère proposer autre chose qu’un dribble d’attente de l’extérieur du droit avant de glisser une petite remise en retrait sans relief et sans saveur, d’autant plus neutre quand autour de lui le mouvement collectif se fait plus épars, ce qui fut le cas au sein du Barça post-2006 et à Milan aujourd’hui. Suffisant pour plonger dans l’ordinaire teinté de médiocrité. A moins que…

Joue-la comme Beckham

Finalement après presque trois ans d’errance, seulement sauvés par quelques buts, Ronaldinho retrouve quelques couleurs sous la baguette de Leonardo. Le nouvel entraîneur rossonero a convaincu son compatriote de faire plus d’efforts pour se démarquer, bouger davantage et même, dans ses bons jours, pour presser légèrement son opposant direct. Léger hein, faut pas pousser non plus. Surtout, le beau Leo est convaincu que, malgré son physique définitivement plombé, Ronnie conserve l’une des plus belles pattes de la planète foot. Du genre à distiller des centres aussi ciselés que ceux de Beckham, autre ancienne gloire à l’arrêt, sans avoir besoin de déborder son défenseur, ce dont l’ancien Blaugrana est définitivement incapable. Et faut avouer, ça marche. Les Rossoneri surfent sur une vague de treize matches sans défaite (huit succès), la plupart assortis de passes décisives de l’ancien slalomeur et même de quelques buts (bon, surtout sur penos). Forcément, les choses se corseront quand Milan croisera de vrais gros blocs bien trop solides pour le talent désormais désincarné de ce bon Ronnie. Mais pour l’instant, tant que l’opposition n’est pas trop virulente, l’ancien crack brille de ses quelques derniers feux. Plus très vivant, pas tout à fait mort encore. Le moment idéal pour être désigné joueur de la décade.

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