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Robinson Landreau déserte Lille
C’est une mini-bombe qui a été posée hier soir dans le paysage paisible du football français. Après trois saisons et demie et plus de 150 matchs disputés avec le LOSC, Mickaël Landreau a trouvé un accord avec ses dirigeants ce jeudi soir pour se libérer de son contrat avec le champion de France 2010-2011. Une décision soudaine et violente mais finalement prévisible et surtout symbolique des maux lillois du moment.
Mickaël Landreau est une nouvelle fois parti plus tôt que prévu. Mais cette fois, il n’a pas pris l’hélicoptère. Plutôt la voiture. Jeudi soir, un soir un peu nul, celui de l’Europa League et des soirées étudiantes et surtout, lendemain de la cinquième défaite du LOSC en six matchs de Ligue des champions, l’ancien gardien du FC Nantes est parti en claquant la porte. La nouvelle est tombée un peu comme un cheveu sur la soupe. « Putain t’as vu Landreau, il est parti » s’écriait-on un peu partout d’un air de dire : « Merde, c’est un canular ou il a décidé d’aller militer auprès des types de Florange ? » . Mais à y regarder de plus près, la séparation est logique. L’ambiance dans le couple était morose, du genre « on reste ensemble parce qu’objectivement, on n’a pas vraiment mieux à foutre » , jusqu’au jour où… Jusqu’au jour où le joueur sérieux et le capitaine de son propre bateau qu’est l’ancien portier décide d’aller voir ailleurs. Hier soir, L’Équipe.fr dégoupille sa grenade : Mickaël Landreau a trouvé, ce jeudi matin, un accord avec ses dirigeants pour se séparer à l’amiable. Avec 360 000 euros brut en poche – trois mois de salaire, quoi –, le natif de Machecoul s’en va voir si le vestiaire est plus heureux chez les autres, avec toujours, en fil rouge de sa belle carrière, l’envie de battre le record de Jean-Luc Ettori : 602 matchs en première division.
Un malaise de longue date
C’est tranquillement assis dans sa chaise pour le bien du Canal Football Club qu’Aurélien Chedjou évoque, il y a un mois, le départ de Mickaël Landreau du « conseil des sages » lillois. Un nom sorti de Star Wars où l’on verrait bien maître Yoda siéger, avec les cadres de l’effectif nordiste qui se réunissent et font le lien entre le vestiaire et l’entraîneur. La vérité, c’est que Micka ne se sent plus trop l’âme d’un délégué de classe. Il laisse ça à Balmont, Pedretti, Béria, Mavuba et donc Chedjou, des types en odeur de sainteté, quoi. Parce qu’au vrai, le malaise Landreau est plus vieux et plus profond. À l’été 2011, le portier lillois, fraîchement auréolé d’un titre de champion de France, prolonge son contrat avec le LOSC et voit Vincent Enyeama lui arriver dans les pattes, sans voir sa situation clarifiée par ses dirigeants. Des dirigeants – Frédéric Paquet, directeur général adjoint du club, en tête – qui, selon L’Équipe, accusaient leur joueur d’être la taupe du club et de balancer des trucs à la presse. Dès lors, la situation ne cesse de s’envenimer. Landreau, bien qu’encore respecté par certains anciens, (type Béria et Balmont), est de plus en plus isolé au sein du vestiaire et ses relations avec son coach se tendent. À l’été 2012, « Micka » apprend l’arrivée de Steeve Elana dans la presse. Un ultime coup dur.
Le symbole d’un LOSC qui va mal
Quelques mois plus tard, le cas Elana pose toujours problème. L’ancien gardien de Brest a les épaules un peu trop larges pour son costume de doublure et les prestations de Mickaël Landreau, bien inférieures à celle des années précédentes, poussent Garcia à se poser sérieusement quelques questions sur la hiérarchie de ses gardiens de but. Titularisé à quatre reprises cette saison (deux fois en Coupe de la Ligue et deux fois en Ligue des champions, l’ancien Breton est revenu sur le devant de la scène depuis la fin du mois de novembre. Un coup dur pour un Landreau qui, outre ses soucis internes, peinerait à supporter la concurrence à seulement 34 matchs du record de Jean-Luc Ettori. Cependant, si la situation entre les deux parties semblaient avoir atteint le point de non-retour, la manière avec laquelle a été géré ce problème laisse clairement entrevoir quelques failles dans la stratégie de communication du club et au sein même de la famille lilloise.
En effet, à quelques encablures de la trêve hivernale et donc, du mercato, pourquoi se séparer dès maintenant de Mickaël Landreau ? Pointé du doigt pour son comportement ce vendredi, celui qui avait fait une excellente pige en consultant sur beIN Sport durant l’Euro 2012 est aussi une sorte de victime expiatoire d’une situation qui frôle la crise du côté de Lille. Capitaine Garcia ne sait plus vraiment où va son bateau, dixième du championnat, tandis que des joueurs (comme De Melo et d’autres) pourraient partir dès cet hiver. Landreau, lui, n’est pas emmerdé. Un joueur comme lui devrait vite trouver une chaussure à son pied. D’ailleurs, on l’imagine mal avoir quitté sa régulière sans avoir au moins un plan cul en back-up. Bonne route, Supercopter.
Swann Borsellino