Ribéry est-il devenu complètement fou ?
Tout le monde adore Ribéry. Un peu trop ? En tout cas, depuis six mois, que ce soit avec le Bayern ou avec les Bleus, Francky nous fait des sketches moins drôles que les seaux d'eau sur Oliver Kahn. C'est grave, docteur ?...
Quand Ribéry est arrivé au Bayern en 2007, la vanne était facile : Francky goes to Hollywood. Référence au FC Hollywood, du temps de l’époque bordélique des grands caractériels bavarois (Kahn, Effenberg, Mathäus,…). Sauf que quand Francky a débarqué à Munich, le club poursuivait une longue phase de tranquillité, à peine agitée par les coups de gueule habituels d’Ollie Kahn. Ribéry s’est vite fondu avec talent et humilité dans ce club prestigieux. Une première saison 2007-08 qui le verra briller et se faire élire à la fois meilleur joueur de Bundesliga et meilleur joueur français. Un nouveau départ tonitruant, après blessure, le fait survoler un championnat allemand dont il est l’unique star. La ribérymania balaye tout le pays : shows TV, spots de pub, ITV à la chaîne, happenings, caméra cachée, farces et attrapes, slogans et chants de supporters, séances dédicaces, ses buts et ses gris-gris en boucle… On le surnomme “Kaiser Franck” ! Un tsunami médiatique inouï qui gagne aussi la France. Et c’est là que les choses se gâtent…
Le 18 novembre 2008, Francky suggère à ses dirigeants de recruter Sébastien Frey et Jérémy Toulalan. Rien que ça… Déjà, merci pour ses co-équipiers du Bayern directement menacés par l’éventuelle venue de ces deux recrues. Pas très sympa pour eux. Evidemment, Francky ramasse un taquet bien senti des dirigeants du Bayern, Rummenigge et Hoeness en tête. En clair : Ribéry ferait mieux de s’occuper de ses oignons…
Deuxième acte, quelques semaines plus tard. Il se dit « déçu de son classement au Ballon d’Or, seulement 16ème » . Pourtant, quand on regarde les noms des 15 joueurs qui le devancent, le scandale n’est pas vraiment évident. En gros, des Anglais et des Espagnols qui ont légitimement brillé en C1 et à l’Euro… Plus grave, il se dit aussi choqué de voir Luca Toni et Karim Benzema avec 0 point. Là aussi, grosse maladresse : qui l’a habilité à parler au nom des autres, Benz et Toni en l’occurrence ? Début 2009, les rumeurs l’envoient au Barça (échange avec Henry) et au Milan AC (au moment où Kaka était en partance pour Manchester City). Francky met la pression sur le Bayern : il laisse entendre qu’il n’irait sans doute pas jusqu’au terme de son contrat avec le Bayern (2011)… Coup de bluff ? Volonté de renégocier son contrat à la hausse avec son agent JC Bernès ? Insistance à nouveau pour que le club affirme ses ambitions en recrutant du lourd ? Réaction du board munichois : « Nous restons fidèles à ce que nous avons déjà dit. Nous ne sommes pas prêts à discuter d’un départ de Ribéry. Quelle que soit la somme mise sur la table » , balance Rummenigge au quotidien allemand Bild. Uli Hoeness en rajoute une couche : « Nous commencerions à réfléchir à un départ de Ribéry à partir d’une offre de 150 millions d’euros » . Et ça continue. Francky rate une Pannenka contre Stuttgart en Coupe d’Allemagne, ce qui met le Kaiser (le vrai, Beckenbauer) en pétard. Réaction de Francky à Télé Foot : « Déçu par Beckenbauer… » Voilà, aux dernières nouvelles, Ribéry négocierait son départ pour l’été prochain. On parle avec insistance de l’Espagne, le Real ou le Barça. Affaire à suivre…
Que dire ? Déjà que Francky est en train de se choper une sale réputation de mercenaire mégalo. Déjà, à l’OM, des velléités de départ mal formulées avaient assombri son image, un an avant son départ à Munich. Aujourd’hui encore, beaucoup de supporters marseillais sont plus que mitigés sur le souvenir qu’il a laissé à l’OM. Rien à voir avec la classe d’un Didier Drogba, authentique héros à vie du club phocéen… Clamer son amour éternel pour un club (le Bayern, en l’occurrence) puis vouloir en partir au bout d’un an : c’est à peu près le sketch habituel le plus détestable du foot bizness d’aujourd’hui. Là encore, rien à voir avec la classe d’un Willy Sagnol, qui lui aussi a rué dans les brancards du club munichois. Sauf que quand Willy a revendiqué le brassard de capitaine et demandé des recrues plus consistantes pour l’effectif, il l’a fait au bout de six ans de bons et loyaux services. Après l’épisode de son transfert avorté à la Juve en 2006, Willy restera toujours loyal envers le club. A la différence d’un Francky qui n’a pas encore tout prouvé en Bavière. La saison passée en Coupe de l’UEFA, il n’a pas été décisif contre le Zénith St-Petersbourg (1-1 puis 0-4). Pas mauvais mais pas décisif.
Francky met le souk au moment où le Bayern doit jouer bientôt un 8ème de finale de C1 plutôt favorable contre le Sporting Portugal (match retour à Munich). Une équipe est peut-être en train de naître à Munich. D’ici une ou deux années, le Bayern pourrait gagner la C1… Willy Sagnol était resté à Munich, misant sur un futur succès en Ligue des Champions. Et il a eu raison : il l’a gagnée en 2001 alors que d’autres grands internationaux français qui avaient choisi les clubs espagnols, italiens ou anglais se sont ramassé un gadin. Francky devrait méditer cette leçon…
C’est fini ? Non… Francky revendique maintenant le brassard de capitaine de l’Equipe. Entretien au Monde : « Oui, j’ai envie d’être capitaine de l’équipe de France. Ce maillot me transcende. Aujourd’hui, je me sens mûr pour porter le brassard. Je suis de mieux en mieux dans le groupe, de plus en plus important dans l’équipe » . Merci pour les anciens, Pat Vieira (pas officiellement en retraite internationale), Thierry Henry (Nasri lui pique sa place dans le bus et Ribéry veut lui boulotter le brassard) ou Gallas… Là encore, attitude plus que maladroite. Un petit côté caillera, ghetto style, qui surprend et irrite. Capitaine ? Why not. Mais pas de cette façon… Qui va recadrer Franck Ribéry qui commence se barrer en couille ?
Franz Beckenbauer regrette que Franck Ribéry devienne « un joueur un peu compliqué » . Le Kaiser a ajouté : « Les plus grands joueurs comme Pelé n’ont jamais été compliqués. Mais cela ne sert à rien de se mettre en colère contre lui, il faut laisser faire et agir avec beaucoup de doigté » . Franz Beckenbauer, Franck Ribéry : tu sais c’est qui ?
Chérif Ghemmour
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