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Rétro Danemark 92 : Mythes et réalités…

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Rétro Danemark 92 : Mythes et réalités…

Dans la continuité de l'article « Un Conte d'été » paru dans le magazine So Foot N° 66 du 6 juin, sofoot.com souhaitait revenir toute la semaine sur l'une des plus grandes sensations de l'histoire du foot : la victoire du Danemark à l'Euro 1992. Un succès pas si surprenant que ça, en fait, si on s'attarde sur des détails précis qui contredisent le mythe des vacanciers débarqués de nulle part et qui finissent rois du monde (1ère partie, aujourd'hui)... Reste la légende, à la manière d'un conte d'Andersen, où le vilain petit canard se transforme en cygne majestueux. C'est ce qu'on découvrira à travers les entretiens que nous ont accordés certains héros de 92 : Kim Vilfort (2ème partie, mardi), John Sivebaek (3ème partie, mercredi), Henrik Andersen (4ème partie, jeudi) et Kent Nielsen (5ème partie, vendredi).

Juin 92. La Yougoslavie écartée au dernier moment de l’Euro 92 pour cause de guerre civile et v’là les Danois qui débarquent en Suède en touristes… C’est l’histoire un peu trop extraordinaire qui est souvent colportée. Elle n’est pas entièrement fausse. Sauf que les « petits Danois » , invités de dernière minute, étaient tout sauf une équipe de rigolos. Déjà, dans ce fameux Groupe 4 des éliminatoires, si le Danemark a bien été distancé par la superbe Yougoslavie, il ne l’a été à l’arrivée que d’un seul point. Si les Scandinaves avaient été défaits 0-2 à domicile, ils s’imposeront 2-1 à Belgrade. En arrivant à l’Euro, le Danemark est donc une bonne sélection. Moins fort a priori que les cadors continentaux comme l’Italie, Pays-Bas, Allemagne ou France. Mais supérieur aux bonnes équipes comme l’Ecosse, Belgique, Suède, Portugal, voire Espagne ! En 1989, en amical, le Danemark a battu le Brésil 4-0 et écrabouillé la Suède 6-0… Malgré son absence au Mondial 90, il existe une réelle continuité de la sélection danoise à l’Euro (six participations d’affilée : 1984, 1988…1992 ! Et puis 1996, 2000, 2004 !). La génération de 92 bénéficie de la super dynamique des années 80 propulsée par les stars internationalement reconnues (Morten Olsen, Elkjaer-Larsen, Lerby, Arnesen, Jesper-Olsen, Mölby, Simonsen, M Laudrup) qui ses sont illustrées aux deux Coupes du Monde brillantes de 82 et 86…

Comme la grande URSS à très forte dominante « Dynamo Kiev » , le Danemark 92 est une sélection « mono-club » . A l’Euro, 11 joueurs sur les 20 sélectionnés ont joué ou jouent au FC Brondby (7 joueurs sur les 11 qui disputeront la finale)… Brondby est la matrice du foot danois (les frères Laudrup en sont issus) : l’essentiel de la sélection 92 vient de ce club. Résultat : les joueurs se connaissent tous, ont le même style et proviennent d’un même moule. Un sacré club, Brondby, champion du Danemark (1985, 1987, 1988, 1990, 1991), qui participe tous les ans aux coupes d’Europe, notamment en C1. En 87, élimination de justesse en quarts de finale par Porto, futur vainqueur (1-0 et 1-1). En C3 91, une demi-finale perdue contre l’AS Roma (0-0 et 2-1). Outre le « moule Brondby » , la plupart des sélectionnés ont joué ensemble pendant des années en sélection Espoirs et en sélection Olympique. Résultat : les joueurs se connaissent très bien et ils forment un groupe soudé, solidaire, aux automatismes éprouvés. Détail important, le sélectionneur du Danemark 92, Richard Møller Nielsen, coachait depuis 12 ans les Espoirs et les Olympiques (1978-90). Pendant 3 ans (1987-90), il passe assistant du sélectionneur allemand Piontek de l’équipe A, avant de prendre les rênes de cette équipe nationale. Richard Möller connaît donc parfaitement ses joueurs. Il saura qui aligner, à quel poste et pour quel match. L’improvisation apparente à l’Euro 92 cache en fait des certitudes quand à la gestion du groupe.

En 92, les « petits Danois » sont de redoutables mercenaires…. Dans cette sélection, il y a plus de joueurs danois à l’étranger que la France ! Cantona vient d’arriver à Leeds et Blanc a joué à Naples… Trois sélectionnés jouent en D1 anglaise : Schmeichel à MU, le défenseur Kent Nielsen à Aston Villa et l’attaquant Lars Elstrup à Luton Town. Le capitaine Lars Olsen joue à Trabzonspor, John Sivebaek joue à Monaco (après MU et ASSE). Quatre autres jouent en Bundesliga : le milieu Henrik Andersen (FC Cologne), ainsi que les attaquants Bent Christensen (Schalke 04), Brian Laudrup (Bayern Munich) et Flemming Povlsen (Dortmund). Les gars ont déroulé du câble, ils ont une grosse expérience du foot étranger, notamment le foot allemand : ça va servir… Ce tropisme allemand, inculqué par le sélectionneur allemand Piontek (1978-1990), ça leur transmet la gagne germanique : les Danois sont des vrais compétiteurs qui ne lâchent rien.

On peut rajouter d’autres facteurs qui ont compté dans le succès final… L’Euro 92 était très court, c’était la dernière édition d’une compétition à 8 équipes, avec 5 matchs en 16 jours. L’exploit de 92 aurait été quasiment impossible à l’Euro 1996 à 16 équipes, avec 6 matchs en 22 jours. Physiologiquement, l’Euro 92, c’était jouable. La Suède est à une heure de ferry du Danemark et la chaleur estivale scandinave est moins étouffante qu’en Espagne ou en Italie (plus lointaines que la Suède), si l’Euro 92 s’y était disputé. Le défenseur Kent Nielsen le reconnaîtra lui-même : « J’ai toujours pensé que pour des petites équipes comme le Danemark, plus une compétition internationale est longue et moins les chances de la gagner existent. Les petits pays ont moins de très bons joueurs, à la différence des grosses équipes. Quand les grandes nations ont des blessés, elles ont en général les remplaçants pour. Pas les petites équipes » .

Physiologiquement, toujours : en 92, la moyenne d’âge du Danemark est d’environ 27 ans et demi. C’est une moyenne quasi idéale ! Rappel : la moyenne d’âge de l’Equipe de France 1998 était de 27 ans et 9 mois. Ni trop jeune, ni trop vieille, la sélection danoise se situait dans la moyenne expérimentée optimale. Qui plus est, elle a eu à peu près 10 jours de préparation, et non pas juste quelques jours comme on l’a trop souvent dit… Si certains sélectionnés confesseront une fatigue logique vers la fin de la compétition (demies puis finale), ils insisteront sur un aspect psychologique important : la lassitude. Les autres équipes ont vécu pendant trois semaines la contrainte de l’enfermement et du stress à attendre et à s’entraîner : pas les Danois…

Rappelons aussi que le Danemark est tombé dans le Groupe A, le moins difficile. Dans l’autre il y avait les Pays-Bas, Allemagne et la CEI (Russie). Dans le groupe A, le Danemark a commencé tranquille contre les Anglais (0-0), perdu contre la Suède (0-1) et a mis le paquet contre la France (2-1). Si les danois avaient commencé le tournoi en jouant l’Allemagne et les Pays-Bas… Enfin, le Danemark était un groupe sain, soudé et empreint d’une grosse humilité, à la différence des autres cadors annoncés favoris. Schmeichel : « On a gagné mais on n’y est pas allé en disant : « On veut gagner cette compétition », parce que ce serait mal passé au Danemark » . Enfin, il y a les supporters. Un public en or : ça a aidé. Comme pour la Hollande ou l’Ecosse : une armée de vrais fans ! Le slogan chanté à tue-tête ( « We are red, we are white, we are Danish dynamite ! » ) suivra l’équipe pendant la décennie à venir.

En guise de conclusion, le témoignage de Michael Laudrup en 1998. Le génie du foot danois n’était pas à l’Euro 92 (divergences tactiques avec le coach, paraît-il…) : « Bien sûr, j’aurais aimé être là, mais c’était ma propre décision, personne ne me l’a imposée. J’avais fait ce choix pour des raisons à moi, je n’ai pas été en équipe nationale pendant trois ans. Si on m’avait écarté, j’aurais été déçu, mais aujourd’hui je ne le suis pas » .

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