- Ligue 1
- J4
- PSG-Lens (2-0)
Le sale dimanche des Lensois à Paris : « L’impression d’être traités comme des délinquants notoires »
Ils étaient près de 1000 supporters lensois à être venus voir un match de foot de leur équipe préférée, ce dimanche au Parc des Princes, mais ils sont nombreux à ne pas avoir pu assister à la défaite des Sang et Or. Les fans nordistes dénoncent un traitement déplorable des forces de l’ordre et des autorités, deux d’entre eux présents dans la capitale rejouent le film.

Ils espéraient ramener un résultat du Parc des Princes et bien sûr assister à un match de foot, ils ont finalement passé un dimanche dans la peur et l’odeur des gaz lacrymogènes. Ce dimanche, à 14 heures au péage de Senlis dans l’Oise, direction la capitale pour près de 1000 supporters lensois, dont Florent et Maxime*, deux trentenaires qui ont accepté de témoigner au lendemain de ce déplacement qui ne s’est pas passé comme prévu. Après un trajet sans le moindre incident, les Sang et Or ont été surpris par le dispositif de sécurité mis en place par les autorités.
« En arrivant sur le parking du Parc des Princes, on comprend qu’en matière de sécurité, ils ont mis la barre très haute, raconte Florent. On voit quatre CRS casqués, avec des matraques, ils fouillent les supporters dès qu’ils mettent un pied en dehors du véhicule. Avant de descendre du bus on a été bloqué un petit quart d’heure. Les flics avaient ciblé principalement les groupes ultras, puis on est rentré dans le stade au compte-gouttes, en une demi-heure. » Le début d’un long calvaire qui n’avait plus grand-chose à voir avec du foot. On refait le film avec les deux supporters.
→ Le tournant de l’après-midi
Florent : À cinq minutes du coup d’envoi, on nous dit que les Ultras des Red Tigers 94 et une autre partie des groupes ultras, ne peuvent pas rentrer.
Maxime : Les groupes qui étaient déjà à l’intérieur ont pris la décision de sortir du parcage à la mi temps en signe de soutien aux RT94.
Florent : C’est là qu’on voit une centaine de Lensois qui veulent entrer dans le stade, mais sont repoussés par des gaz lacrymogènes balancés, des coups partent un peu dans tous les sens. Dans le même temps, d’autres supporters sont interdits de quitter le stade et trois cordons de CRS se forment face à nous. On finit par sortir à la pause et une phrase d’un des policiers m’a marqué. Il dit : « Eh, dépêchez vous de remonter dans les bus là ! » Je me dis putain c’est fou, t’as une fouille dantesque, une partie des supporters ne peuvent pas voir le match et ensuite tu dois te démerder pour remonter dans ton car pour repartir. Alors qu’on vient juste pour profiter d’une après-midi de foot.
→ Le retour à Lens, 100% escorté
Florent : On nous dit de repartir à la mi-temps, mais en réalité, on est repartis vingt minutes après le coup de sifflet final. Pendant une heure, tout le monde attendait sur le parking avec quelques supporters lensois blessés. Dans tout ce bazar, un steward des coursives du Parc des Princes est tombé dans les escaliers et s’est ouvert le crâne…
Maxime : S’en est suivi une longue attente afin d’être pris en charge en escorte, direction le Pas-de-Calais. Les CRS ont laissé place aux gendarmes et nous nous sommes retrouvés sans la possibilité de nous arrêter sur une quelconque aire de repos, elles étaient toutes fermées par les gendarmes. On est clairement dans un délire autoritaire.
Florent : Ça dure plusieurs heures et on comprend qu’ils veulent ramener tout le monde de la sorte jusqu’à Lens. On entend sans cesse qu’il n’y a pas assez de forces de l’ordre pour encadrer les supporters et là, d’un coup, on est capable d’escorter plusieurs cars sur 200 bornes !
T’as l’impression d’être un délinquant et d’être escorté pour aller en prison…
Au sein d’un communiqué publié quelques minutes après la fin de la rencontre, les Red Tigers 94 ont notamment qualifié l’organisation « d’honteuse, catastrophique et volontairement provocatrice ». De son côté, le club du RC Lens a adressé sur X un message de soutien à tous les supporters ayant vécu un « déplacement particulièrement difficile ».
🏁 Confrontés à un adversaire solide et efficace, le Racing n'a rien lâché collectivement mais s'incline dans la capitale. Le Racing a par ailleurs une pensée forte et solidaire pour les supporters qui ont vécu un déplacement particulièrement difficile. Le Club considère que… pic.twitter.com/KtXiLsmIsE
— Racing Club de Lens (@RCLens) September 14, 2025
→ Les déplacements de supporters : une gestion toujours épineuse en France
Maxime : Personnellement, je me suis retrouvé malgré moi dans la nasse des supporters qui ont été gazés et matraqués. Malheureusement, ce type de débordements m’était déjà arrivé à Nantes la saison dernière, à cause d’une autre gestion d’escorte catastrophique.
Florent : C’est la première fois que j’arrive dans une zone avec une tension énorme à cause d’une surprésence policière qui n’incite pas l’apaisement. L’année dernière, je suis allé à Marseille, c’était tout aussi dingue et une partie des Lensois ont dû se déplacer sans escorte.
Maxime : On se prend des arrêtés préfectoraux à longueur de temps. Certains stadiers ne savent pas recevoir du public et ça se ressent au niveau de l’accueil, mais aussi dans les palpations, qui sont plus poussées voire par moments déplacées. Il y a des efforts à faire des deux côtés, mais on a vraiment l’impression qu’on nous oblige à beaucoup de choses et qu’on ne peut même pas dialoguer avec les autorités ou les responsables de la Ligue. Il ne faut pas se mentir, tous ces policiers ne sont pas là pour notre sécurité, mais bien pour nous encadrer voire pire. Hier, après gazage et matraquage, on a vu certains de ces représentants de la loi avec des sourires narquois et moqueurs. Aujourd’hui, on n’a plus l’impression d’être traités comme des citoyens lambdas, mais limite comme des délinquants notoires.
Florent : C’est un gâchis, c’est ça qui dégoûte. La manière d’être traités comme du bétail, c’est exaspérant et inacceptable, t’as l’impression d’être un délinquant et d’être escorté pour aller en prison…
Des nouvelles rassurantes de Lucas Beraldo après sa sortie sur blessurePropos recueillir par Kevin Mbundu
* le prénom a été modifié à la demande de la personne préférant rester anonyme
Tous propos recueillis par KM