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Raoul Diagne : l’homme à tout faire du Racing …

Par Nicolas Kssis-Martov
Raoul Diagne : l’homme à tout faire du Racing …

Raoul Diagne n'est pas que le premier joueur noir à avoir endossé le maillot bleu. C'était surtout un défenseur surnommé « Joséphine » prêt à filer aux cages quand le besoin s'en faisait ressentir.

Pour avoir été le premier joueur noir à endosser le maillot bleu (en 1931, pour rafraîchir certaines mémoires), Raoul Diagne est entré dans l’histoire du foot français. Le personnage, fils d’un député « africain » à l’Assemblée nationale, Blaise Diagne, provoqua aussi souvent des remous par son choix improbable de carrière dans une famille de notables et par son mode de vie « guépard et voitures rutilantes » . Mais on oublie qu’il fut surtout un grand et atypique défenseur qui, à l’instar de Ben Barek, paya finalement toujours aux yeux de ses contemporains ce statut injuste de « pionnier » . Pourtant, son profil unique, il ne le doit pas seulement à son CV et sa couleur de peau. Surnommé par la presse de l’époque, « l’homme-protée » , il se révéla de la sorte capable de garder les buts, un poste où il excella souvent. Une polyvalence d’un autre temps, à tous les sens du terme ….

« Joséphine » dans les buts

Parc des Princes, un soir de novembre 1932. Le Racing club de Paris mène à la mi-temps 1 à 0 contre le Club français (qui avait remporté la Coupe de France l’année précédente). C’est alors que son gardien de but, André Tassin, se blesse au début de la seconde période semant le désarroi dans les rangs de ses équipiers. Le reste, c’est le quotidien Le matin qui le raconte dans le langage inimitable de l’époque «  »Diagne ! » s’écria un joueur. Diagne se fit d’abord prier, mais comme depuis qu’il joue au football, il est successivement passé par tous les postes, (…) il se laissa convaincre qu’il ferait certainement un excellent remplaçant. (..) Diagne eut rapidement l’occasion de faire la preuve de ses talents. Sans émoi, il plongea dans l’herbe humide, sauta, détendit ses bras, étendit ses jambes, et fit si bien que les avants du Club, interloqués, ne poussèrent pas plus loin leurs essais. » Tout le monde le sait, être bon aux cages peut s’avérer une malédiction… Raoul Diagne en fera souvent par la suite l’amère expérience…

« Un jour que le Racing s’en était allé rencontrer l’Arsenal en Angleterre, c’est Diagne qui garda les filets. Il fit une telle exhibition que les Anglais restèrent bouche bée et que le brave Jimmy Hogan, alors entraîneur du Racing, songea très sérieusement à maintenir le grand Raoul dans les buts pour le restant de sa carrière. » Dans un long portrait que lui consacre Mario Brun – une plume surtout connue pour sa correspondance avec Jean Cocteau – dans l’édition du 19 novembre 1935 de Paris-Match, le journaliste souligne bien cette particularité, qui, bien davantage que sa taille ou ses origines, lui valait alors le surnom pour le moins douteux de « Joséphine » (Baker était en outre une amie de virée nocturne) : désormais, c’est lui qui s’y collait quand il fallait un « second » portier. Pourtant, celui qui aimait lui-même se dire « défenseur » mais pas « arrière » – il marqua le 11 septembre 1932 le but liminaire de l’histoire du Racing dans l’élite – n’y pouvait rien. Dorénavant, un aimant invisible le ramenait parfois sur la ligne de but.

Les premières contestations salariales du professionnalisme

À une époque où se figent déjà les postes, ou le fameux WM s’installe dans les schémas tactiques, répartissant les compétences, notamment au milieu du terrain, Raoul Diagne ira donc toujours au charbon. Une qualité – ou un penchant – sacrificielle qui lui valut une certaine reconnaissance quelques années plus tard quand il se battra comme un beau diable, cette fois bien à sa place sur le terrain, pour faire briller la France lors de sa coupe à domicile. Cependant, ce fut lors de la saison 1935-1936 que son sens du dévouement prendra tout son sens. Le championnat professionnel n’est qu’un gros bébé de trois ans. Et en son sein, les trois lettres magiques de la capitale s’épellent bel et bien RCP. Cette saison qui s’annonce sera bel et bien d’ailleurs celle d’un double sacre, le titre et surtout la coupe, sûrement le principal trophée dont rêve vraiment toute formation hexagonale. Toutefois cette saison fut au préalable celle d’un miracle autrement plus improbable.

Alors que la France traverse une période politique houleuse entre éclosion du Front populaire et menace fasciste ou factieuse toujours présente (le 6 février 34 n’est pas loin et beaucoup rêvent d’une marche sur Rome version Arc de triomphe), de son côté, le petit monde du ballon rond découvre les aléas du professionnalisme, dont l’un n’est pas le moindre : les négociations salariales. Le Racing en fait notamment les frais. Sa vedette autrichienne, son gardien de but Rudolphe « Rudi » Hiden, ancienne gloire de la Wunder Team, refuse de rentrer de vacances et demeure dans son pays natal en attendant une augmentation qu’il pense sûrement largement méritée. Seulement, son président, Jean-Bernard Lévy, celui qui avait repéré le jeune Diagne et l’avait imposé, celui qui avait réussi à convaincre les caciques bourgeois du Racing club de France – l’association omnisports de tutelle – très attachés à l’amateurisme, de le laisser se lancer dans l’aventure du professionnalisme naissant, n’est pas du genre à plier au moindre chantage. Or le Racing a trop d’ambition pour renoncer avant même de commencer les choses sérieuses. Il a fini troisième, bien loin du leader Sochaux, et en recrutant George Kimpton, un ancien de Southampton, que la Fédération française avait appelé pour tenter d’insuffler un peu de sens tactique aux Bleus, il a clairement manifesté son envie et son appétit pour le titre.

« Les Anglais m’ont complimenté… »

C’est donc peu dire que la défection passe mal. Dans son antre du Parc des Princes, il s’agit de faire bonne figure. Peu probable que les stars de son attaque qui se nomment alors Fred Kennedy, un respectable biffin passé par Everton, ou même Roger Couard, son « buteur » pied-noir, se ramener vers les « bois » . Raoul s’y collera souvent. Il ne fera pas que des miracles et, à la mi-saison, les Parisiens comptent 5 points de retard sur l’Olympique Lillois. Heureusement, une fois tout rentré dans l’ordre, et l’Autrichien dans ses cages, ceux que la presse va surnommer les « Pingouins » alignent les victoires jusqu’à la finale de Coupe de France remportée contre le FCO Charleville. Toutefois, le brave Raoul n’a pas pour autant fini de jouer les supplétifs. Disons qu’on ne le demande qu’à lui et qu’il semble s’en amuser. En juin 1939, il est encore d’astreinte lors d’un tournoi amical du côté de Marseille pour suppléer à la défection de Hiden, une fois de plus. « J’ai joué à cette place voici trois ans devant les Anglais qui m’ont complimenté » , répondait-il amusé à Paris-Soir avant d’entrer sur le terrain… Y avait-il un vague sarcasme derrière ?

Par Nicolas Kssis-Martov

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