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Quand Jack Kachkar voulait racheter l’Olympique de Marseille

Par Joachim Barbier, avec Ronan Boscher et Hugo Domenach
Quand Jack Kachkar voulait racheter l’Olympique de Marseille

16 janvier 2007. Un jet privé dépose à Marseille le nouveau repreneur de l’OM, un businessman libano-canadien à lunettes noires et affaires florissantes. Deux mois plus tard, Jack Kachkar n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. Entre-temps : des effets d’annonce, une danse du ventre, et des accusations d’escroquerie, de faux et d’usage de faux. Alors que le procès entre les héritiers de RLD et Kachkar se tiendra en avril prochain à Paris, retour sur l’affaire la plus folle de la longue histoire de l’OM. Avec, pour la première fois, la version du principal accusé.

De la France, il ne connaissait qu’un mur. Le mur du fronton de pelote basque de Biarritz. Avant de travailler pour la Chase Manhattan Bank en Floride, Ramon Duran était joueur de cesta punta. Avant de rencontrer Jack Kachkar, Ramon Duran avait très peu entendu parler de soccer. Encore moins de l’Olympique de Marseille. C’est pourtant à Ramon Duran que Jack Kachkar demande de signer, le 10 janvier 2007, une lettre de garantie bancaire de 81,5 millions d’euros. Le prix fixé par Robert Louis-Dreyfus pour céder 80% des parts de la SA Éric Soccer, holding de la société qui détient le capital de l’Olympique de Marseille. Depuis leur rencontre en 2002, Duran et Kachkar sont devenus bons amis. Une amitié qui va au-delà d’une relation franche entre un client « important » et un dirigeant « junior » d’une banque d’investissements. Et quand Duran quitte la Chase pour rejoindre une autre banque, la CountryWide, il continue de financer les activités immobilières de Jack. C’est son job, au sein de la branche « Home Loan » .

Il y a quelques années, Ramon avait accordé un prêt de huit millions de dollars pour que Jack achète un appartement et une maison à Key Biscayne, en face de Miami. Après tant d’années de confiance mutuelle, Ramon avait accordé le prêt, « sans exiger de justificatifs de revenus de la part de Jack » . Peut-être parce que Mister Jack a tous les attributs du succès. Ramon avait même entendu parler du modèle de jet avec lequel Jack se déplaçait: un G4 SP, douze places, autant de larges fauteuils en cuir. Jack l’avait acheté pour 17 millions de dollars au champion de golf Jack Nicklaus. Un jet dans lequel il saute comme d’autres dans une Clio, pour conforter et gérer une fortune faite, d’après la version officielle, dans le secteur pharmaceutique – aux USA, en Angleterre – ou dans des mines de cuivre au Mexique. Alors pourquoi ne pas garantir l’équivalent de 81,5 millions d’euros pour racheter un club de soccer, même déficitaire ? Tout ça, Ramon l’a expliqué en détail au FBI le 14 mai 2008. Quand l’agent spécial Kevin Nanz se présente dans son bureau de Coral Gables en Floride, Ramon certifie « n’avoir jamais vu ce document de garantie bancaire » . Et quand il vérifie la signature – sa signature – au bas du document de trois pages, il est formel : « Ce n’est pas mon écriture. »

« Est-ce que vous avez l’argent ? »

Un peu plus d’un an plus tôt, cette garantie bancaire mise sous séquestre par les avocats de Jack Kachkar a signé le début de la fin de la tentative de rachat de l’OM par le businessman canadien. L’épilogue d’un feuilleton de plusieurs mois qui devait faire de l’homme d’affaires le nouveau propriétaire d’un OM « ambitieux et champion dans tous les domaines » . À l’époque, son CV et son parcours accréditent l’image d’un self-made man qui a su faire fructifier son argent partout où l’a mené son cosmopolitisme. Naissance à Damas, enfance à Beyrouth, émigration au Canada, Montréal puis Edmonton, diplôme de médecine à Budapest, puis retour à Toronto et enfin la Floride. Ses biens sont estimés à 400 millions de dollars. Ou plutôt, « leurs biens » . Car un certain nombre des actifs du Canadien sont aussi ceux de son épouse : Viktoria Benkovitch, une Russo-Ukrainienne rencontrée en Hongrie. Après avoir assisté à quelques matchs du Mondial 2006, Kachkar s’était mis en tête d’acquérir un club de football, « pour son potentiel commercial » .

Comme n’importe quel investisseur avisé, il avait commencé par s’intéresser à deux clubs anglais en quête de repreneur, Newcastle et Aston Villa. Ce sont les deux noms qu’il glisse, pendant l’été 2006 à Londres, à Francis Bridgeman, un avocat anglais qui se prétend spécialisé dans le rachat de clubs de football. Bridgeman est associé du très respectable cabinet d’affaires Allen & Overy. En apparence, Bridgeman possède les codes et les bonnes manières de la City. Avant l’été 2006, ce rouquin cul serré a assisté Kachkar pour cinq ou six transactions, dont l’acquisition d’une usine en Angleterre grâce aux fonds d’une banque basée à Porto Rico. Oui, Porto Rico. L’un de ses collègues de bureau avait suivi le montage du financement du rachat de Liverpool par la famille Gillett. Il lui parle de ce club français sur lequel, selon lui, une pancarte « à vendre » a été clouée. À l’époque, RLD, qui a vécu comme une humiliation de se retrouver sur le banc des accusés lors du procès des comptes de l’OM, est en effet « très ennuyé » par l’OM. En outre, son état de santé se fait préoccupant. Après une première rémission, RLD est rattrapé par les métastases de son cancer du poumon.

Première réunion le 13 août

Alors Bridgeman organise une première réunion en Suisse, à laquelle il ne participe pas, le 13 août. Kachkar saute dans un vol pour Milan, puis prend la route, traverse la frontière et se rend au domicile de Robert Louis-Dreyfus, sur les bords du lac de Lugano. Ce jour-là, outre RLD, il fait la connaissance de Luciano D’Onofrio, l’un de ses proches, vice-président du Standard de Liège. Il y aussi Harald Suain. Ce Norvégien installé en Belgique est agent de plusieurs compatriotes et de l’entraîneur Trond Sollied, passé notamment par le Club de Bruges. C’est Harald Suain qui a fait remonter jusqu’à Allen & Overy la volonté de vendre de l’actionnaire principal de l’OM. Il se présente comme un mandataire officieux de RLD dans l’affaire. En revendiquant une « caution mœurs du football » , Suain jouera un rôle de go-between entre Kachkar, Bridgeman et les dirigeants de l’OM pendant toute la période des discussions. À l’issue de la réunion, RLD et D’Onofrio proposent un package : cent millions pour l’OM et vingt pour le Standard. D’Onofrio aurait précisé qu’il n’était que « l’homme de paille » de RLD, le « véritable patron du Standard » . Selon Jack Kachkar, RLD lui aurait posé la question : « Est-ce que vous avez l’argent ? » Il lui aurait répondu : « Non, j’ai l’intention de faire financer l’opération par une banque. » RLD aurait alors lâché, toujours selon le Canadien : « J’aime votre franchise. »

Après cette première prise de contact, Jack Kachkar retrouve Bridgeman à Londres. Il est intéressé par l’OM. Le potentiel du Standard est trop faible. Il enclenche le processus d’achat. Personne ne connaît ce type en France. Il a besoin d’asseoir sa crédibilité. Si Allen & Overy lui garantit celle du monde des affaires et des banques, Kachkar doit trouver quelqu’un pour porter son nom, peut-être édulcorer son passé et vendre son projet dans les médias. Ce sera la tâche d’Image Sept. Conseillée par le bureau parisien d’Allen & Overy, l’agence de communication, qui facture sa prestation 120 000 euros, présente deux atouts de poids. D’une, elle travaille pour la moitié des entreprises du CAC 40 et vient de s’occuper d’un cas relativement similaire lors du rachat d’Arcelor par l’Indien Lakshmi Mittal. Et de deux, elle est très bien introduite auprès des élus de droite, grâce aux réseaux tissés depuis les années 1970 par sa présidente fondatrice Anne Méaux, mise en orbite grâce à sa proximité avec Valéry Giscard d’Estaing. Dans une ville où les élus, au premier rang desquels le maire Jean-Claude Gaudin, scrutent de façon presque obsessionnelle les affaires internes de la Commanderie depuis le balcon de l’hôtel de ville, persuadés que l’OM représente un enjeu qui dépasse le football, ça peut servir. Enfin, Image Sept est spécialisée, entre autres, dans la communication de crise. Et comme le résume un bon connaisseur du petit monde des relations publiques : « Plus c’est merdique, plus ils aiment. » Seul souci, mais Kachkar s’en apercevra plus tard, leur connaissance du monde du football et de ses réseaux est nulle.

« Vous me payez le resto si ça se fait »

À l’automne 2006, Kachkar, accompagné de ses avocats d’Allen & Overy, rencontre RLD au siège de son groupe, à Paris. Xavier Boucobza, à l’époque conseiller juridique des affaires personnelles de RLD, se rappelle : « Kachkar commence par tresser des lauriers au propriétaire de l’OM, témoigne de son admiration pour l’homme d’affaires accompli. Puis, les discussions s’engagent sur la vente. Kachkar est très direct. Il explique que le montant du rachat, cent millions d’euros, n’est pas un problème pour lui. Il promet d’investir au total près de 240 millions d’euros. Et il veut aller vite. C’est tout juste s’il ne s’engage pas à signer dans les heures qui suivent. RLD, lui, ne connaît pas Kachkar, mais il est rassuré par la présence d’Allen & Overy. Il n’imagine pas qu’un cabinet d’avocats d’une telle réputation puisse se compromettre avec un imposteur. » Dès cette première rencontre, Boucobza, comme Vincent Labrune, le conseiller en communication de RLD, ne croient pas une seconde au sérieux de l’offre de Kachkar. Alors RLD, joueur de poker, leur propose un pari : « Vous me payez le resto de mon choix si ça se fait. »

Dans la foulée, le patron de l’OM mandate l’un de ses avocats historiques, Denys Angeloglou, pour discuter des modalités techniques de l’opération. Notamment de la manière dont l’homme d’affaires franco-suisse pourrait récupérer une partie des dizaines de millions d’euros injectés dans les caisses de l’OM depuis 1996. Le club « devrait » environ trente millions à son patron. De son côté, Kachkar sollicite le célèbre cabinet d’audit Deloitte & Touche pour « évaluer » la marque OM et les perspectives de développement du club marseillais. Jusqu’au 20 décembre se joue en coulisses un double bras de fer entre les deux parties. Sur l’accès aux informations financières des comptes de l’OM : Kachkar se plaint de ne recevoir « qu’au compte-gouttes et avec beaucoup de difficultés » des données qu’il juge nécessaires pour obtenir un prêt auprès d’une banque. De son côté, RLD tient à garder l’opération secrète : les conseillers de RLD freinent en effet des quatre fers pour que les négociations ne s’ébruitent pas au-delà des murs du siège du groupe RLD et de l’hôtel George-V, où Kachkar a pris ses habitudes. Peine perdue. À Marseille, les rumeurs de vente de l’OM commencent à circuler. Des mystérieux profils russes et canadiens sont détourés. Sans pouvoir mettre un nom dessus. C’est finalement le 18 décembre que L’Équipe lâche l’identité du successeur de RLD. L’info a soufflé sur Marseille comme le mistral. Par le nord. De Suède puisque, comme à chaque fois qu’un repreneur un peu blindé se paye un club européen, la rumeur veut que Sven-Göran Eriksson soit annoncé comme le nouvel entraîneur de l’équipe.

« Je crois que je vais choisir mon restaurant… »

Début janvier 2007, RLD donne rendez-vous à Xavier Boucobza et Vincent Labrune au Murat, le restaurant de la Porte d’Auteuil où le milieu médiatico-sportif a l’habitude d’entretenir ses réseaux et ses amitiés. RLD entre dans l’établissement au décor faussement néonapoléonien. Il s’assoit, se frotte les mains. « Je crois que je vais choisir mon restaurant… » Ses avocats lui ont confirmé qu’une garantie a été mise sous séquestre dans les bureaux parisiens d’Allen & Overy. Xavier Boucobza rapporte les mots de RLD : « C’est une garantie à première demande, vous voyez, aucune raison de douter. Ça vient de la CountryWide, une grande banque américaine, l’équivalent des Caisses d’Épargne. » RLD donne le feu vert. Il téléphone aux dirigeants de l’OM en passant un message clair : « Vous pouvez considérer Jack Kachkar comme le nouveau patron du club, et je vous demande de lui réserver le meilleur accueil. » Le 16 janvier, le jet privé du Canadien se pose à Marseille. Il est accueilli avec les mêmes égards qu’un chef d’État. Kachkar est accompagné par ses avocats et ses conseillers en communication. Une délégation à laquelle il ne manque ni gardes du corps, ni berlines aux vitres teintées. « On a eu l’impression d’une démonstration de force, plus dans le genre des puissants du Moyen-Orient que de la décontraction des Américains » , se rappelle Nathalie Paoli, ancienne directrice de la communication du club.

Marqué à la culotte par les journalistes, Pape Diouf, alors président du club, est invité par Kachkar dans son jet privé. Le Canadien se rappelle que l’ex-dirigeant de l’OM était « très nerveux » en entrant dans son avion. Les deux hommes se détendent. Pape Diouf : « Il m’a parlé des sommes qu’il souhaitait consacrer à l’achat de nouveaux joueurs. On discute de la préparation de la prochaine saison. Il assure qu’il suspend sa venue à mon maintien à la tête du club. » Avant de se rendre à Marseille, Kachkar, en compagnie de RLD, avait rencontré Jean-Claude Gaudin dans son bureau de député de l’Assemblée nationale. L’élu avait alors sondé le « racheteur » . « Des questions très basiques » » , selon le Canadien : « Quel est votre projet pour le club ? » Huit jours plus tard, à la Commanderie, Kachkar annonce la couleur et sa vision personnelle du management d’un club de football. Une sorte de discours de politique générale où il affirme « qu’il faut développer le potentiel commercial du club » . Il lâche le nom de quelques grandes marques soi-disant intéressées pour devenir rapidement le sponsor maillot du club, Nokia ou Qatar Airways. Il rencontre les délégués du personnel « très inquiets » .

« It’s a dream come true »

Deux semaines plus tard, Kachkar et sa clique se rendent au Vélodrome pour le huitième de finale de la Coupe de France face à Lyon. Une affiche rêvée pour une présentation officielle. Alors que Kachkar entre dans la tribune d’honneur, il est happé par Jean-Claude Gaudin. Le député-maire de la ville tape dans le dos de son nouvel ami canadien de quinze jours. « Vous inquiétez pas, on va vous aider. » RLD n’est pas présent au stade, mais Kachkar suit la rencontre assis entre Diouf et Jean-Pierre Foucault. Ce dernier assure : « Avec Jack, nul besoin de parler la même langue. Parce qu’il comprend et connaît très bien le football. » Au coup de sifflet final, Kachkar donne pourtant l’impression inverse. Il descend dans les vestiaires fêter la qualification face à Lyon (2-1), grimpe sur la table des kinés. On le sent un peu gêné, comme s’il surjouait un rôle pour lequel il n’est pas fait. Toifilou Maoulida, à l’époque joueur de l’OM : « On a été surpris. Ce n’était pas dans les habitudes d’un président de se retrouver à sauter sur une table en s’aspergeant d’eau. Dreyfus n’aurait jamais fait un truc pareil. » « À la base, ce n’est pas quelqu’un de très charismatique, il est plutôt réservé et timide » , ajuste Ramon Duran. « Certains s’amusaient de lui, il ne comprenait pas tout » , rapporte Nathalie Paoli. Ce soir-là, Mister Jack avait fait un tour d’honneur du Vélodrome comme on fait un tour du propriétaire. Peu au fait des habitus du football européen, il avait même salué la tribune visiteuse où s’entassaient les huit cents supporters lyonnais. Qu’importe. Quelques jours plus tôt, Ribéry lui avait offert un maillot de l’OM floqué de la version raccourcie de son patronyme : Kachkarian. Une sorte d’adoubement de la ville pour celui qui ne cessait de répéter, depuis son arrivée : « It’s a dream come true. »

Le 21 février, quelques jours avant la date-butoir fixée par l’accord signé entre RLD et Kachkar, Le Figaro publie un papier annonçant l’intention de Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère des Finances, d’enquêter sur l’origine des fonds de Kachkar. Le 1er mars, Le Parisien lâche le nom de la CountryWide. Le lendemain, Kachkar et ses conseillers accusent RLD de vouloir torpiller son offre. « « On se fait insulter au téléphone, ils nous reprochent d’avoir dévoilé des informations confidentielles, d’être à l’origine des fuites » » , rapporte Boucobza. C’est désormais au tour du clan Kachkar de réclamer discrétion et confidentialité. Trop tard. Les éléments du CV du Canadien deviennent des os à ronger pour la presse. Les chapitres de la fable distillée au public comportent trop de zones d’ombre et d’incohérences pour être gobés en silence. D’autres vont bientôt émerger, entre révélations, raccourcis et fantasmes. Kachkar : son diplôme de médecine qui ne lui permet pas d’exercer – en Hongrie, ce genre de goodie s’achète sur les marchés –, les bilans comptables faméliques de ses sociétés, des chiffres d’affaires qui ne collent pas avec un supposé statut de millionnaire, les liaisons dangereuses de son épouse avec le milieu russe. Où l’on découvre que dans sa vie de businessman, Kachkar a surtout multiplié les faillites et les opérations pas toujours nettes – il a pris l’habitude, notamment, de renommer ses sociétés dès qu’il y a un souci -, les auditeurs de ses différentes sociétés, Karver ou Inyx, démissionnent régulièrement, etc. Il est une première fois accusé de faillite frauduleuse après la banqueroute de Miza Ireland. Puis, rebelote en 2007, mauvaise année pour Jack. Inyx, la société pharmaceutique dont il est à la fois PDG et président du conseil d’administration est mise en banqueroute. Et Kachkar à nouveau poursuivi. Par la banque, mais aussi par les investisseurs.

Gros bordel et risque de banqueroute

En tant que président d’Inyx, il avait sollicité une banque… portoricaine, la Westernbank, qui malgré les états financiers médiocres d’Inyx (résultats négatifs, flux de trésorerie négatifs), lui avait accordé des prêts disproportionnés. Puis, il avait gonflé les projections de chiffre d’affaires et de résultats pour rassurer les investisseurs (Jack est un homme de promesses, il annonce généralement le double du CA effectivement réalisé), oubliait régulièrement de publier les comptes de la société et aurait accumulé près de 74 millions de fausses factures afin d’obtenir les fonds nécessaire au fonctionnement de l’entreprise. Jusqu’au jour où la fameuse banque portoricaine a dit stop et déclaré Inyx en faillite. En mars 2007, Kachkar fait alors une offre pour racheter Inyx à un prix légèrement supérieur au cours de l’action à l’époque (un tout petit peu au-dessus de trois dollars). En gros, c’est ça ou la banqueroute. Il retirera son offre quelques mois plus tard, comme s’il avait surtout voulu gagner du temps vis-à-vis des actionnaires. Entre-temps, la société est sortie de la cote pour non-publication de ses états financiers, les auditeurs et les membres du conseil d’administration ont démissionné (juillet 2007), Kachkar s’est fait virer par la Westernbank qu’il a décidé de poursuivre en justice, avec sa femme (dont on se demande ce qu’elle vient faire là-dedans) pour procédure de banqueroute abusive – il demande rien de moins que 500 millions de dollars –. Certains voient alors dans la faillite d’Inyx une étude de cas pour mieux comprendre la stratégie Kachkar à l’OM… Le 3 mars, Xavier Boucobza dîne dans un restaurant italien de Paris avec une de ses connaissances. Il vient de joindre RLD en lui demandant : « Est-ce que vous m’autorisez à vérifier la garantie bancaire produite par Kachkar ? »

Le 26 février, un nouveau délai a été accordé à Jack Kachkar. Le lendemain, ses avocats récupèrent la garantie bancaire signée de la main de Ramon Duran. Quelques jours plus tard, ils obtiennent une réponse de la direction de la banque américaine : « Nous avons saisi le département antifraude. » « Nous avions été alertés par la réaction de l’entourage de Kachkar à la suite des articles publiés dans la presse, c’était totalement disproportionné par rapport au contenu. Je me suis posé des questions » » , rapporte Xavier Boucobza. Selon Jack Kachkar, « cette garantie n’avait de toute façon aucune valeur. Elle résultait d’un accord tacite entre mes avocats et ceux de RLD. Nous avions convenu qu’elle ne serait jamais utilisée. Elle devait juste prouver ma solvabilité. » Quand il a été entendu par le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke, Kachkar a contesté le faux : « Ramon Duran a bien signé le document de trois pages. Je l’ai rassuré sur la non-utilisation du document. Je lui ai demandé de ne pas en informer sa hiérarchie, comme cela avait été le cas lors de nos affaires précédentes. Il a signé en ma présence. »

« Je ne vais quand même pas le poursuivre en justice »

Jack Kachkar mènera une dernière tentative de rachat au mois de mars 2007. Où il sera question d’un virement de huit millions d’euros venant de la Mellon United National Bank, une banque de Miami où il possède l’un de ses comptes. Malgré la transmission d’un e-mail d’ordre de virement, l’argent n’arrivera jamais, le Canadien invoquant un revirement de dernière minute pour « non-respect des clauses de confidentialité » . Kachkar tente de gagner du temps – une de ses spécialités –, il est en pourparlers avec une autre banque pour obtenir le financement de son rachat. Finalement, RLD annonce la rupture des négociations fin mars. Quelques semaines plus tard, le 9 mai 2007, il porte plainte pour « faux, usage de faux et escroquerie » après avoir tenté, au préalable, de récupérer trente millions d’euros auprès d’Allen & Overy.

Aujourd’hui, Ramon Duran ne travaille plus pour la CountryWide. La banque a été rattrapée par le scandale des subprimes – elle a largement contribué à la bulle financière aux US en octroyant des prêts à n’importe qui, n’importe comment – et rachetée pour une mie de pain par la Bank of America. Duran a revu Jack Kachkar en décembre 2008, comme il l’a indiqué à l’agent du FBI Kevin Nanz. Jack serait venu à son bureau pour lui demander un prêt de 40 000 dollars. Ramon s’était étonné que quelqu’un disposant d’un patrimoine de 400 millions de dollars ait besoin d’une somme si ridicule. Devant son refus, Jack aurait alors suggéré que Ramon lui prête la somme sur ses fonds personnels. « J’ai accepté » , avoue timidement Duran au téléphone. Il n’a jamais été remboursé, et prétend ne jamais avoir revu Jack depuis cette rencontre. Il n’a pas cherché à récupérer son argent. « Je ne peux rien faire. Je ne vais quand même pas le poursuivre en justice. »

Émerse Faé : « J'ai juste fait mon travail »

Par Joachim Barbier, avec Ronan Boscher et Hugo Domenach

Article paru dans le numéro 83 de So Foot

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