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« Comme beaucoup de supporters de Liverpool, je ne retournerai jamais à Paris »

Par Quentin Ballue
5 minutes

Trois ans après la finale de Ligue des champions perdue au Stade de France, les supporters de Liverpool investiront à nouveau les rues de Paris mercredi. Encore marqués par les incidents ayant émaillé la rencontre, certains Scousers ont délibérément choisi de rester à la maison pour continuer à panser leurs plaies, physiques et morales.

« Comme beaucoup de supporters de Liverpool, je ne retournerai jamais à Paris »

Les supporters de Liverpool se voyaient bien prendre la direction de Lisbonne, où le mercure commence déjà à dépasser les 15 degrés, pour se frotter à un Benfica largement abordable en huitièmes de finale de la Ligue des champions. Le tirage leur a finalement attribué le PSG, l’une des équipes du moment sur le continent, et Paris, avec son lot de souvenirs douloureux. Le 28 mai 2022, la finale de la Ligue des champions avait tourné au fiasco : entassés de longues heures aux abords du Stade de France, dans des conditions d’anxiété extrême, les supporters des Reds avaient aussi essuyé des tirs de grenades lacrymogènes de la part des forces de l’ordre, ainsi que des vols à la sortie du stade. Un traumatisme encore vif pour certains, qui ont préféré ne pas revenir dans la capitale.

Voir Paris et revivre Hillsborough

Danny avait fait le déplacement avec son fils Daniel, âgé de 13 ans. « Il faisait beau, se souvient-il en partageant des photos devant la tour Eiffel, la cathédrale Notre-Dame ou l’Hôtel de Ville. On ne venait pas simplement pour le match, on venait aussi pour cette ville qui est magnifique. La France est un pays que j’ai toujours aimé pour la culture, la nourriture, etc. J’étais heureux de pouvoir partager ça avec mon fils. Nous étions super excités. » Une fois rentrés, Daniel a cependant fait promettre à son père de ne plus jamais remettre les pieds en France. « C’est un miracle que personne ne soit mort, estime le quinquagénaire, pris dans un goulet d’étranglement avec des milliers d’autres supporters aux abords du Stade de France. Les gens étaient anxieux, la police sur les nerfs. J’avais le sentiment de revivre Hillsborough. »

Voir la police du Stade de France envoyer du gaz lacrymogène sur des femmes, des enfants, des personnes âgées qui montraient leur ticket en espérant entrer, c’était terrifiant.

Danny, présent avec son fils de 13 ans

Danny avait 14 ans à l’époque lorsqu’il était venu assister à la demi-finale de Cup, avec son cousin, contre Nottingham Forest. Les mouvements de foule de ce 15 avril 1989 avaient fait 97 victimes. « J’étais aux premières loges. J’ai vu tout le monde tomber. Absolument tout le monde. J’étais juste à côté, sans pouvoir faire quoi que ce soit, confie le fidèle supporter des Reds. Voir la police du Stade de France envoyer du gaz lacrymogène sur des femmes, des enfants, des personnes âgées qui montraient leur ticket en espérant entrer, c’était terrifiant. J’ai eu très peur pour mon fils. Je ne me souviens même pas du match. Ça n’avait plus d’importance après ça. »

Un traumatisme accentué par l’agression qu’il a subie à la fin du match. Suivi par un groupe de jeunes en quittant le stade, il reçoit un coup de marteau au niveau du genou et se fait dépouiller en une fraction de seconde. « Je me suis écroulé et ils ont pris absolument tout ce que nous avions. Ça s’est passé tellement vite, c’était comme un arrêt au stand en Formule 1. » Pas un cas isolé puisque des dizaines de plaintes ont été déposées pour des vols ou des violences. Opéré de trois fractures du plateau tibial, Danny a passé neuf semaines à l’hôpital et a frôlé l’amputation. Le père de famille, qui travaillait dans une usine automobile et auprès d’enfants autistes, a dû abandonner ses deux emplois et n’a pas encore repris d’activité professionnelle. En mars 2024, l’UEFA se félicitait d’avoir trouvé un accord avec deux cabinets d’avocats pour indemniser les supporters et « leur permettre de tourner la page ». Mais il faudra bien plus qu’un virement et un communiqué pour effacer le traumatisme.

« Ce n’est plus le Paris que c’était »

Un autre supporter, qui a accepté de témoigner anonymement, nous confie toujours avoir « des flash-back ». Il était au Stade de France avec sa fille, alors enceinte. Sa vie « a radicalement changé ce soir-là ». Comme beaucoup, il est accompagné par l’Association de soutien des survivants d’Hillsborough (HSA). « La thérapie m’a aidé à éviter de mettre fin à mes jours deux fois, à quelques secondes près », explique-t-il. Suivre son équipe, y compris à Anfield, n’est plus envisageable psychologiquement. « Je ne retrouverai jamais celui que j’étais. Et comme beaucoup, je ne retournerai jamais à Paris. »

Je n’ai pas envisagé de ne pas y aller, mais je serai plus prudent et attentif. On ne chantera pas dans les rues à 2 heures du matin.

Les, supporter de Liverpool

Quelque 2 000 adorateurs du Liverbird sont malgré tout attendus au Parc mercredi. « Je ne me suis pas posé la question parce que je vais à tous les matchs. J’ai fait plus de 100 déplacements européens, dans une trentaine de pays. Je n’ai pas envisagé de ne pas y aller, mais je serai plus prudent et attentif, affirme Les, déjà renseigné sur le trajet à suivre en métro et sur le timing pour arriver au Parc. Tout ce qu’on veut, c’est chanter, boire une bière et passer un bon moment. On respectera les consignes du club et on restera vigilants. On ne chantera pas dans les rues à 2 heures du matin. »

Danny, lui, sera devant sa télé. Le père de famille a suivi une thérapie d’un an et demi et continue de participer aux réunions hebdomadaires du HSA. « Ça m’aide à surmonter le traumatisme, mais je suis encore loin d’en avoir fini, souffle-t-il. Quand il y a du monde autour de moi, je regarde sans cesse derrière mon épaule. J’ai du mal à me sentir en sécurité. » Il lui a fallu deux ans pour accepter de revenir à Anfield, pour son fils, sans qui il aurait « fait demi-tour ». Danny a abandonné l’idée de se mêler aux déplacements européens, mais la perspective du match au Parc des Princes le tourmente. « Rien que de savoir que les supporters seront là-bas, ça me rend anxieux. Je connais beaucoup de fans qui ne feront pas le déplacement. J’en connais d’autres qui iront, mais sans emmener leurs enfants, par précaution. C’est triste d’en arriver là. Pour moi, ce n’est plus le Paris que c’était. »

Un arbitre italien au sifflet pour PSG-Liverpool

Par Quentin Ballue

Tous propos recueillis par QB

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