Premier League, acte 17

Liverpool-Manchester United, 0-1

C’est bien beau d’en claquer huit face à Edouard Cissé, six à Derby County, quatre à Marseille, mais face aux concurrents du Big Four, c’est une autre histoire. Liverpool a déjà reçu Arsenal, Chelsea et donc Manchester United, dans son jardin, pour un maigre bilan de 2 points pris sur 9 possibles. Après leurs démonstrations de force en Champions League, les hommes de Benitez l’ont joué petit bras face aux potos de Wayne Rooney, qui sont logiquement rentrés chez eux avec trois points dans la hotte, sans forcer, grâce à un but de fouine signé Carlos Tevez. Les Reds, qui comptent encore un match en retard, peinent désormais à apercevoir Ferguson et Wenger dans leur viseur, surtout que la vue leur est bloquée par Manchester City, et que les rivaux d’Everton et Portsmouth poussent dans la queue. Et d’ici la fin de l’année, le rêve de titre pourrait s’être définitivement estompé : réception de Portsmouth le week-end prochain, déplacement à Derby le 26 (c’est encore Noël), et voyage à Manchester City.
Arsenal-Chelsea, 1-0

Chelsea n’aura pas démérité mais William Gallas, qui commence sérieusement à prendre ses aises dans les surfaces adverses, a assassiné Petr Cech dans les arrêts de jeu de la première période. Suffisant, même si le match a souvent hésité entre le break et l’égalisation. Dommage par exemple que Wright-Phillips trouve les buts trop petits à son goût, et que Shevchenko ne soit pas Drogba, car les Blues, qui recevront Gunners, Reds, Red Devils en 2008, n’auraient pas nécessairement volé un point à l’Emirates. Arsene Wenger finira l’année contre Tottenham et à Everton, pendant que les coéquipiers de Lampard accueilleront Aston Villa et Newcastle. Mais pour le moment, l’Alsacien savoure de montrer ses fesses à Cristiano Ronaldo et consorts, pendant que Chelsea et Liverpool s’octroient malgré eux un break dans la course au titre.
West Ham-Everton, 0-2

« C’est le meilleur groupe de joueurs que j’ai eu ici en six ans » confesse David Moyes, l’entraîneur d’Everton. Avec son succès à Londres, Everton se permet de griller la politesse à Portsmouth au classement et ne lâche pas le morceau, avec cette petite idée de Ligue des Champions dans un coin du cerveau. Moyes peut s’appuyer sur une ossature solide, avec des types comme Neville, Lescott, Yobo en défense, Cahill et surtout Yakubu à la finition, avec un Mikel Arteta au top pour allumer la lumière. Samedi, l’Espagnol a été à l’origine du premier but du “Yak” (8 buts en 7 matchs, excusez-le) à la 45e – « Nourrissez le Yack et il marquera » comme fredonnent les supporters – avant que le remplaçant Andy Johnson n’enfonce le clou une mi-temps plus tard à la 90e. Sur le banc, Gravesen et McFadden en ont pris de la graine. Côté West Ham, Freddie Ljungerg regrettera sûrement d’avoir livré sa meilleure prestation depuis des mois contre les Toffees.
Wigan-Blackburn, 5-3

Deux défenses de merde, un arbitrage catastrophique, neuf jaunes dont deux se sont transformés en rouge, deux hat-tricks, huit buts et un festival d’occasions manquées, voilà ce à quoi ont assisté les 16489 spectateurs de ce match de dingues. « Notre première mi-temps était une performance complète » se satisfait Steve Bruce, alors que pour Mark Hughes juge que « la première période est inacceptable » . Au bout de 37 minutes, emmenés par un énorme Emile Heskey, Wigan se ballade 3-0 grâce à Landzaat, Bent et Scharner. Puis, deux minutes plus tard la cheville d’Heskey décide d’en finir là. Retour des vestiaires. Seize minutes s’écoulent entre la 45 et 61e, et Roque Santa Cruz vient de reprendre de la tête un centre de Warnock, et d’inscrire un hat-trick. 3-3. Les Rovers fustigeront certainement l’arbitre pour l’expulsion controversée de Brett Emerton, mais pourront également retirer des dizaines de fois le penalty loupé par McCarthy. Quoiqu’il en soit, c’est Marcus Bent, Monsieur Gemma Atkinson, qui conclura un spectacle bien à l’anglaise, le meilleur et le pire du foot british, aux 66 et 81e, en y allant également de son triplé.
Fulham-Newcastle, 0-1

C’est comme ça qu’ils l’aiment le Joey Barton. De tous les combats pendant le match, et qui sort ses gonades pour botter le penalty de la victoire à la 90e minute, devant les 5000 supporters des Toons parqués derrière le but de Fulham. Les hôtes ont légèrement dominé la rencontre, mais les hommes de Big Sam Allardyce ont bénéficié d’un penalty très controversé dans les ultimes minutes. Le pauvre Elliot Omozusi, 19 ans dans les crampons, et impressionnant jusque là, déstabilise Alan Smith, alors que le ballon était quasiment déjà dans les pieds d’un autre joueur de Newcastle. Le coach des Magpies, et Lawrie Sanchez, celui de Fulham, sont les deux favoris pour le prochain entraîneur limogé de Premier League. Mais englué à la 17e place, le second a peut-être pris un avantage décisif ce week-end.
Birmingham-Reading, 1-1

Reading peut compter sur une sacrée tête de mule. L’Irlandais Stephen Hunt, comparé parfois en Angleterre à Jack l’Eventreur depuis qu’il a fracassé la boîte crânienne de Petr Cech, est sans aucun doute le joueur le plus important de Reading. Premier sur le tampon, le tirage de maillot, les coups de salopard, l’ailier, passé par Crystal Palace et Brentford, est du genre à se faire justice lui-même lorsqu’à la 51e il obtient un péno. « J’étais inquiet quand j’ai vu qu’il prenait le penalty » avoue même son coach Steve Coppell. Essai transformé, égalisation, score final. Pour son premier match à domicile sur le banc de Birmingham, Alex McLeish, l’ancien sélectionneur écossais, se contentera de ce petit point mais n’est pas prêt d’oublier l’incroyable ovation à laquelle il a eu droit pour son baptême à St Andrew.
Sunderland-Aston Villa, 1-1

Phénomène étrange en Premier League, l’arbitre a refusé un but à Sunderland dans les derniers instants du match pour une légère obstruction sur le gardien d’Aston Villa. Evidemment, Roy Keane a crié à l’injustice la plus totale, insinuant même que l’homme en noir a peut-être une dent contre lui, vu qu’il lui avait déjà fait des misères jadis quand il était joueur lors d’un match face à Newcastle. Même le coach de Villa, Martin O’Neill, admettait après coup comprendre la frustration de son homologue. Les Black Cats étaient pourtant bien partis en ouvrant le score à la 10e minute, mais à la 73e, c’est Shaun Maloney qui a mis tout le monde d’accord d’un maître coup-franc, « ce qu’il fait tous les jours à l’entraînement » selon O’Neill. Après une embrouille avec le Celtic, Maloney avait rejoint Villa pour un million et demi d’euros en janvier dernier. Mais l’Ecossais a du mal à s’acclimater à l’Angleterre (!) et retourne dès qu’il peut voir sa famille à Glasgow.
Manchester City-Bolton, 4-2

Dans le bordel du milieu de terrain anglais, Fabio Capello ne pourra certainement pas composer longtemps sans le nouvel as de la Premier League, Michael Johnson. Sven Goran Eriksson a été clair sur son cas, il n’entamerait les négociations pour le laisser partir à Liverpool uniquement si et seulement si Benitez mettait Steven Gerrard dans la transaction ! De la récupération à la passe décisive, d’une surface à l’autre, le minet de 19 ans sait tout faire, et samedi c’est lui, même s’il n’a pas marqué, qui a porté City vers une quatrième place. Menés 2-1 à la mi-temps, les locaux ont su renverser la vapeur avec trois buts en seconde période. Surtout l’occasion de revoir Rolando Bianchi au meilleur de sa forme, avec son deuxième pion en deux matchs.
Portsmouth-Tottenham, 0-1

Portsmouth, c’est un peu le Tottenham de l’an dernier. Une équipe difficile à jouer, offensive, avec du costaud à chaque ligne, et visant la Ligue des Champions. Sauf que ce week-end, Tottenham a repris son statut le temps d’une rencontre et a aisément dominé Portsmouth dans le jeu, pas au score, pour sa première victoire à l’extérieur cette saison, mais aussi pour la première fois qu’ils enchaînent deux succès. Didier Zokora, qui a appris quelques heures avant le coup d’envoi qu’il jouerait en défense, a été le grand bonhomme de la partie, dégoûtant les Benjani, Muntari et autre Utaka qui s’approchaient de la surface. Comme un symbole, c’est Berbatov, dont le flou règne sur son avenir, qui crucifie David James à la 81e. Une victoire qui fait dire à certains que la Fédération n’a peut-être pas eu tort de confier les clés de la sélection à un étranger, puisque le 442 de Ramos a dévoré le 433 de Redknapp. On se rassure comme on peut. Les Spurs continuent doucement leur remontée des enfers et essaieront d’accrocher le ventre mou pour la fin des matchs allers. Parce que selon le vaincu Harry Redknapp, « ils devraient être dans le top 4 » .
Derby-Middlesbrough, 0-1

Du sursis pour Gareth Southgate qui peut dire merci à Tuncay. L’ex-joueur du Fenerbahce retrouve actuellement toutes ses sensations, et sa volée de la 38e minute ne dit pas le contraire. Bon, Derby County n’a vraiment pas démérité, mais avec 13 défaites en 17 matchs, et une différence de buts de -33, Paul Jewell, l’entraîneur, ne se voile pas la face : « On fournit beaucoup d’efforts, mais on manque de qualités dans tous les secteurs » . Malgré tout, quelqu’un s’est proposé d’investir dans le club, un certain Roy Disney…parce qu’à Derby, on a souvent l’impression de voir jouer Mickey.
Equipe-type : Gemma Atkinson, pour le bien qu’elle fait à Marcus Bent.
Pierre Maturana