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Pourquoi est-il interdit de célébrer un but topless ?

Tous propos recueillis par Matthieu Rostac
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Pourquoi est-il interdit de célébrer un but topless ?

Le 23 août célèbre le Go Topless Day. Créée par une association de droits des femmes, cette journée pourrait également s'appliquer aux footballeurs hommes, tant leur liberté corporelle se retrouve bafouée sur les terrains. Et oui, depuis plus de dix ans, enlever son maillot est passible d'un carton jaune. Mais pourquoi ?

Pendant de longues années, l’inconscient collectif français a relié une seule image à la notion de célébration d’un but torse nu : celle de David Trezeguet, un soir de juillet 2000, alors qu’il vient d’offrir aux Bleus un Euro quelque peu inespéré d’une demi-volée transformée en but en or. Sourire aux lèvres et côtes saillantes sur le buste, Trezegol montrait deux choses primordiales aux Français. D’abord, une joie irradiante et incontrôlée, terriblement contagieuse, qui fait que l’on finit topless devant des millions de téléspectateurs. Ensuite, qu’il n’est pas nécessaire d’être gaulé comme un Apollon pour être un champion. Une action désinhibée qui a pris ces dernières années du plomb dans l’aile, exception faite de Cristiano Ronaldo, Hulk et Mario Balotelli. « Certains joueurs sont tellement narcissiques qu’ils le font pour arborer leur torse bien bombé. Mais imaginez que ce soit leur deuxième carton ? Ils mettent leur équipe à dix ? » , lance Bruno Derrien, ancien arbitre français de 1991 à 2007 et auteur de l’ouvrage À bas l’arbitre. « Entre nous, je préfère un mec qui enlève son maillot parce qu’il est heureux à un mec qui va balancer un pain à un autre. Mais je trouve que les joueurs qui enlèvent leur maillot alors qu’ils savent que c’est sanctionnable, c’est une faute professionnelle. Ils savent que la règle est ainsi, que les arbitres doivent appliquer cette règle, donc qu’ils gardent leur maillot. »

La faute à Diego Forlán

Sanctionnable d’un carton jaune, donc. Et ce, depuis la mise à jour de l’article 12 des Lois du jeu par le Conseil de l’association internationale de football. Depuis 2004, le texte stipule que « les joueurs sont autorisés à exprimer leur joie lorsqu’un but est marqué, mais sans effusion excessive. Les manifestations de joie raisonnables sont autorisées. Toutefois, les célébrations orchestrées ne doivent pas être encouragées si elles entraînent une perte de temps excessive. Dans ce cas, les arbitres doivent intervenir. Un joueur doit être averti :

si, de l’avis de l’arbitre, il fait des gestes provocateurs, moqueurs ou incendiaires ; s’il grimpe sur les grilles entourant le terrain pour célébrer un but qui vient d’être marqué ; s’il enlève son maillot ou s’en couvre la tête ; s’il recouvre sa tête ou son visage d’un masque ou autre article analogue. »

Mais pourquoi la célébration sans maillot est-elle officiellement proscrite, plus que la danse de la pluie au poteau de corner ou la chorégraphie répétée à l’entraînement qui sont, elles aussi, des actions ralentissant la reprise du jeu ? Parce que Diego Forlán, tout simplement. En 2002, après avoir marqué un but splendide avec Manchester United contre Southampton, l’attaquant uruguayen avait eu toutes les peines du monde pour remettre sa vareuse. Au point de défendre topless sur l’adversaire au coup d’envoi suivant le but. La goutte d’eau qui fait déborder le vase des célébrations « originales » pour la FIFA qui décide alors de glisser un petit amendement dans son nouveau texte de loi de 2004.

Aucun message politique ni religieux… Ou personnel

Comme très souvent avec la FIFA, l’occasion fait le larron et cette modification permet surtout à l’instance du football mondial de continuer sa chasse aux sorcières de tout message politique ou religieux. « La FIFA veut garder une certaine neutralité et surtout, ne veut pas que les fédérations soient gérées par les pouvoirs politiques. C’est dans les textes, il y a une vraie neutralité » expose Bruno Derrien. Anthony Alyce, consultant spécialisé dans le marketing du football et fondateur du site Ecofoot.fr, abonde dans ce sens : « On a un peu l’impression qu’elle se fout de la gueule du monde vu les problèmes qu’elle rencontre actuellement, mais on sait la FIFA très à cheval sur ces sujets-là, comme on peut le voir actuellement avec l’Indonésie qui est suspendue pour ingérence de son gouvernement. Quand il y a ingérence, la FIFA tape un peu partout parce qu’elle ne veut pas parler politique. »

Par le passé, Didier Drogba et son T-shirt Thank You Madiba en l’honneur d’un Nelson Mandela récemment décédé, et Frédéric Kanouté et son message de soutien à la Palestine sous le maillot du FC Séville, avaient pris un jaune, de même que Kaká et son « I Belong to Jesus » en 2007. À dire vrai, cette traque du message proscrit vire un peu à l’obsession pour la FIFA, au point d’en devenir presque grotesque lorsqu’Edin Džeko, alors à Manchester City, se prenait un jaune parce qu’il célébrait son but en affichant le message « Happy New Year » ou quand Iniesta exultait après son but salvateur en finale de la Coupe du monde 2010, un hommage à Dani Jarque floqué sur le torse… Mais la règle, c’est la règle. Et « les messages n’ont pas leur place dans le jeu » , comme l’expliquait le secrétaire de la FIFA, Jérôme Valcke, dans les colonnes du Monde juste avant le début du Mondial brésilien.

La fausse piste économique

Tout autant de raisons qui en balayent une autre, qui ravirait plus d’un complotiste dans un contexte de marasme financier dans lequel s’est empêtrée la FIFA : celle de l’appât du gain. « On sait très bien que les sponsors de la FIFA exerce un lobby à tous les niveaux, législatifs ou financiers. Par exemple, les sponsors organisateurs de la FIFA sont défiscalisés, de même que les sponsors qui exercent une activité commerciale durant les événements, mais aujourd’hui, il n’y a personne qui a la preuve formelle que les sponsors aient exercé un lobby pour empêcher la visibilité d’un autre sponsor ou la non-visibilité du leur pendant ces moments-là » , développe Anthony Alyce. « Les sponsors de la FIFA ne sont pas présents sur les tenues donc la FIFA n’avaient pas le couteau sous la gorge pour exercer ce type de lobbying. Surtout que si c’est vrai, que la chose et la controverse qui va avec sont révélées, ce serait prendre de très gros risques pour un gain commercial assez faible. Sur un match, cette célébration représente une valeur très résiduelle. »

De surcroît, le sponsoring maillot concerne très majoritairement les clubs. Et l’on voit mal les patrons de marques qui s’affichent sur les tenues se réunir en conglomérat pour pousser une instance mondiale telle que la FIFA à obliger les joueurs à garder leur liquette et, indirectement, faire la promotion de leurs produits. « D’autant que je n’ai jamais vu un président de club soutenir la sanction de cette célébration » ajoute Anthony Alyce. En réalité, c’est l’inverse qui s’est produit il y a de ça quelques mois lorsque Zlatan Ibrahimović avait ôté son maillot pour célébrer son but face à Caen et, par la même occasion, promouvoir un plan de lutte contre la faim dans le monde amorcé par l’ONU. Ce qui, il faut bien le reconnaître, est toujours plus classe qu’un Portugais allumeur. Mais moins qu’un Franco-Argentin dégingandé.

Theo Hernandez, le prince de la vrille

Tous propos recueillis par Matthieu Rostac

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