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Benzema de retour en équipe de France : ceci n’arrivera pas
Invité à se prononcer sur le futur de l’équipe de France avec Zinédine Zidane à sa tête, Karim Benzema a choisi de ne pas s’exclure de cette histoire, laissant planer la possibilité d’un retour. Pourtant, tout ça relève du fantasme.
Karim Benzema a 37 ans, 38 ans dans un mois. Dans deux ans, il s’approchera gentiment des 40, âge où la plupart des attaquants ont déjà troqué les chevauchées pour les matchs caritatifs. Son dernier match avec les Bleus remonte à 2022, une défaite 0-1 face à la Croatie en Ligue des nations. Après une Coupe du monde loupée à cause d’un imbroglio à propos d’une blessure niée par le Nueve, il avait annoncé sa retraite internationale après 97 sélections, 37 buts, et une impression d’inachevé. Alors ce mardi, l’attaquant a laissé entendre dans les colonnes d’AS que l’histoire n’avait pas encore connu son épilogue : « L’équipe de France semble un peu loin, mais on ne sait jamais. »
J’ai fait les efforts et les erreurs qu’il fallait pour être là où je suis aujourd’hui et j’en suis fier ! J’ai écrit mon histoire et la nôtre prend fin. #Nueve pic.twitter.com/7LYEzbpHEs
— Karim Benzema (@Benzema) December 19, 2022
Le problème, ce n’est pas qu’il soit nul ou cramé. C’est qu’à cet âge-là, on ne revient plus pour construire un projet. À la limite, on revient pour une tournée d’adieu, mais vu la relation tumultueuse avec les Bleus, il y a plus de chances de revoir Marvin Martin claquer un doublé sous Deschamps. Son « on ne sait jamais » sonne d’ailleurs étrangement comme celui de Giroud quand on lui parlait de prendre du rab après son retour à Lille : une formule polie pour ne fermer aucune porte, sans vraiment en ouvrir une.
Zizou, revenir avec un boulet au pied
Ce qui est surtout sous-entendu, c’est que ce potentiel retour serait lié à l’arrivée d’un homme : Zinédine Zidane, successeur désigné de DD. Dans une sorte de fantasme collectif, Zidane sélectionneur et Benzema en pointe seraient l’affiche parfaite : mentor et disciple, Real Madrid en version bleu roi. Mais ça, c’était avant. Ce serait surtout offrir à Zizou un début de mandat avec un boulet au pied. Pas sportivement, parce que Benzema sait encore faire jouer Al-Ittihad, mais médiatiquement, symboliquement, politiquement.
Dans deux ans, le sélectionneur Zidane devra gérer une compétition avec un effectif de 26 ans en moyenne d’âge, cuisses pleines d’énergie et ego prêts à exploser. Miser sur un Benzema déjà trop vieux pour ces conneries, c’est une prise de risque énorme. Zidane, quand il va arriver, devra déjà trimballer un camion de pression. Réinventer le jeu (ou en inventer un tout simplement), relancer un nouveau cycle, changer l’eau du bocal, gérer la succession de Deschamps et le règne annoncé de Mbappé. Le dernier truc dont il a besoin, c’est de se taper dès le premier rassemblement un dossier « retour de Benzema ».

Du vieux avec du Nueve
Et pourtant, l’idée continue de flotter. Parce que Benzema reste Benzema, parce qu’il a ce truc que les autres n’ont pas, parce qu’on n’efface pas dix ans de Ligue des champions et un Ballon d’or d’un revers de main. Mais l’équipe de France d’aujourd’hui n’est plus celle qu’il a quittée. Devant, ça déborde de profils offensifs : Mbappé qui veut toucher tous les ballons, Thuram, Kolo Muani, des 9 hybrides, plus rapides, plus jeunes, plus adaptés au jeu de transition qui est devenu la norme. Déjà trop de numéros 9 dans cette team.
De plus, le vestiaire est en train de se libérer. Les retraites de gars comme Griezmann ou Giroud ont déjà marqué la fin d’une ère, et une nouvelle génération peut respirer sans avoir à se justifier devant les anciens. Faire revenir Benzema maintenant, ce serait entraver cette génération qui arrive, la forcer à se définir encore en fonction des mêmes figures. À un moment, il faut accepter de ranger les vinyles de 2Pac, ceux qui ont bercé les bus de 2016, pour se mettre à la page des playlists d’aujourd’hui, même si ça pique un peu les oreilles. Benzema en Bleu, c’est un chapitre déjà écrit, réécrit, surécrit. Le rouvrir encore serait moins un coup de génie qu’un refus d’accepter le temps qui passe. La sélection, elle, a déjà pris sa décision sans le dire : elle a avancé.
Un club saoudien fait de l’œil à Didier DeschampsPar Mohamed Helti


























