Parce qu’il ne joue pas libéré
Bruno Fernandes est ce que l’on peut appeler un homme bruyant. Quiconque a déjà croisé le milieu portugais sur une pelouse affirme qu’il passe son temps la bouche ouverte. Que ce soit pour replacer ses coéquipiers, pour engueuler un pote qui a mal fait son boulot, pour embrouiller un adversaire qui lui a mis un coup, ou encore pour hurler dans les oreilles de l’arbitre. Bref, Bruno Fernandes est un leader. Et il l’a montré au Sporting Portugal, où il portait le brassard, ainsi qu’à Manchester United où il a très vite endossé ce rôle de patron. Problème, au Portugal, il existe déjà un patron.
Et si Pepe peut se permettre de l’ouvrir, les autres, eux, n’osent pas. Et cela se ressent dans leur jeu où ils semblent pour beaucoup – cela marche aussi pour Bernardo Silva – intimidés par Cristiano Ronaldo. Résultat, ils jouent avec le frein à main et ne sont que l’ombre d’eux-mêmes. À l’image de Bruno Fernandes, qui s’est fait gentiment démolir par José Mourinho, invité sur talkSPORT : « Le Portugal à son plus haut niveau peut battre n’importe qui. Mais nous devons jouer avec 11 joueurs. Dans ces deux matchs, Bruno Fernandes était sur le terrain, mais ne jouait pas. Il a beaucoup à donner, mais la réalité est que dans ces deux matchs, il n’était pas là. » De quoi expliquer pourquoi, comme lors du Mondial 2018, Bruno Fernandes a débuté dans le onze titulaire avant de rejoindre le banc des remplaçants.
Parce que ce n’est pas son jeu
Depuis ses débuts en 2017, Bruno Fernandes a porté à 32 reprises le maillot du Portugal. Et il a été décevant la majeure partie du temps. Mais est-ce le seul responsable ? Non, car Fernando Santos y est aussi pour quelque chose. Il y a d’abord eu les premières sélections où il faisait jouer celui qui évoluait alors au Sporting à un poste de milieu droit qui n’est pas le sien. Puis il y a cet Euro 2020, où le sélectionneur portugais a voulu le mettre dans les meilleures conditions avec un 4-2-3-1 au sein duquel Bruno Fernandes joue en numéro 10. Cela aurait pu être une bonne idée s’il n’avait pas mis derrière lui la doublette Danilo-Carvalho, qui n’a jamais réussi à lui transmettre le ballon pour qu’il fasse la liaison entre le milieu et l’attaque. Bizarrement, face à l’Israël en amical, alors que le Portugal évoluait en 4-3-3 avec Carvalho et Neves à ses côtés au milieu, Bruno Fernandes a terminé la rencontre avec deux buts et une passe décisive. Alors imaginez ce qu’il peut faire avec Danilo et Moutinho ou Palhinha, et Renato Sanches.
Parce qu’il est fatigué
6472. C’est le nombre de minutes qu’il faut pour faire Paris-Bordeaux à pied. Mais c’est surtout le nombre de minutes que Bruno Fernandes a passé sur un terrain de football entre le 16 mai 2020 – reprise des compétitions post-confinement – et le début de l’Euro. Un an durant lequel les jours de congés se sont comptés sur une main puisqu’il y a eu la Premier League jusqu’en juillet, puis la Ligue Europa en août, avant le retour du championnat en septembre, pour un total de 81 matchs, club et sélection confondus. Résultat, le CIES (Centre international d’études sportives) en est certain : le milieu portugais est le joueur de ce championnat d’Europe à avoir joué le plus de minutes durant cette période. Et
spoiler, cela se voit sur le rectangle vert où Bruno Fernandes tire la langue, n’arrive pas à répéter les efforts, et perd de sa lucidité, comme sur cette faute non sifflée sur Kingsley Coman dans les dernières secondes de la rencontre face à la France (2-2). En même temps, si vous veniez de faire Paris-Bordeaux à pied et que l’on vous demandait de rejoindre le cap Ferret en courant, vous traîneriez également la patte.
Parce qu’il ne tire pas les penaltys
C’est un doux euphémisme de dire que l’arrivée de Bruno Fernandes à Manchester United a eu un impact positif sur les performances des
Red Devils. Il faut dire que le Portugais compile 40 buts et 28 passes décisives en 80 matchs depuis qu’il a posé ses valises dans le nord de l’Angleterre. Au point de mettre la perfide Albion à ses pieds, comme le démontrent ses trophées de joueur du mois de Premier League en février, juin, novembre et décembre 2020. Ainsi que sa place dans l’équipe type de la saison du championnat anglais. Pour autant, ce serait mentir que de dire que l’ancien du Sporting Portugal a toujours été bon avec Manchester United. Là-bas aussi, il a pu passer à côté de ses matchs. À la différence près que dans le club mancunien, il pouvait tirer – et marquer – les penaltys (13 inscrits cette saison), et ainsi faire oublier sa mauvaise performance. Sauf qu’au Portugal, cet écran de fumée est réservé à Cristiano Ronaldo.
Parce qu’il porte le numéro 11
Au Portugal, le numéro 11 a souvent été gage de qualité. C’est d’ailleurs le premier nombre floqué derrière le maillot de Rui Costa pour ses débuts en sélection, en 1993. Quelques mois auparavant, c’était Paulo Futre qui entrait sur le pré avec le numéro 11. Puis Sérgio Conceição l’a sublimé à l’Euro 2000 avant que le non moins immense Simão Sabrosa en prenne soin jusqu’à sa retraite internationale en 2010. Et visiblement, l’ancienne légende du Benfica a jeté un sort sur ce numéro 11 qui est passé dans la foulée brièvement sur les épaules de Paulo Machado.
C’est bien simple, depuis le Mondial 2010, quiconque a porté le numéro 11 en compétition s’est plus ou moins planté. Il y a d’abord eu Nélson Oliveira à l’Euro 2012, qui n’a eu que quelques miettes à se mettre sous la dent. Puis il y a eu Éder au Mondial 2014, qui n’a pas réussi à faire trembler les filets et qui n’avait pas le même numéro deux ans plus tard, puisque c’est Vieirinha, qui a perdu sa place de titulaire après une phase de poules manquée, qui portait le 11 à l’Euro 2016. En Russie, c’est Bernardo Silva qui avait ce chiffre maudit sur le dos. De quoi expliquer ses mauvaises performances au Mondial 2018. Si l’UEFA n’autorise pas Bruno Fernandes à changer de numéro pendant la compétition, le milieu de Manchester connaît désormais la raison de ses maux. Et la prochaine fois, il le donnera à un rookie pour son bizutage.
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