- C1
- Arsenal/FC Porto (5-0)
Porto réduit en chair à canon
Avec Arsenal, la frontière entre punition et désillusion est souvent mince. Mardi soir, face à Porto, c'était option punition avec réussite au rendez-vous (5-0). Bendtner, Arshavine et Nasri en ont profité pour briller.
Arsène Wenger est un sage pour qui patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. Face aux journalistes qui s’attardaient sur la performance de Nicklas Bendtner, comprendre sur ses moult occasions vendangées samedi face à Burnley, le manager général insistait sur les bonnes dispositions collectives de son attaquant, mettant son manque d’efficacité sur le compte d’une maladresse passagère mais aussi d’un apprentissage nécessaire pour un attaquant de 22 ans.
Trois jours plus tard, Nicklas Bendtner inscrit un triplé en Ligue des Champions. Manifestement, le Danois a su tirer de riches enseignements de ses échecs répétés. Son deuxième but (25e minute) aurait certes pu être inscrit par un poussin B, mais le Danois avait le mérite de s’être fait oublier de la défense portugaise pour profiter d’un fantastique travail d’Archavine, qui lui adressa un centre tendu après avoir cassé les reins de ses trois gardes du corps. Quant à la première réalisation de Bendtner (10e), là aussi Archavine créait une opportunité pour son compère d’attaque, mais plutôt involontairement.
Lancé comme un bolide par un service plein axe de Nasri, le Russe se trouvait au centre d’une collision dans laquelle il s’en allait percuter la tête d’Helton avec son pied et voyait Rolando éjecter le ballon d’un tacle glissé. En parfait renard, Bendtner y allait lui aussi de son tacle pour propulser le ballon au fond des filets. Un but opportuniste, comme un pied de nez à ses détracteurs, que le Danois fêtait en crachant par terre… On ne se refait pas. Le troisième but ? Un pénalty anecdotique inscrit dans les arrêts de jeu.
Le slalom de Nasri
Dominateur, Arsenal n’a toutefois jamais paru à l’abri avant que Nasri ne tue le suspense à la 64e. Trop vulnérables en position défensive, que ce soit par des pertes de balle indignes dans leur moitié de terrain ou un sens tactique de poussin dans leurs replis, les Gunners souffraient face à Falcao, Hulk et Varela. Comme à l’aller, Porto insistait là où ça fait mal, dans l’axe, où la présence saignante de Vermaelen ne suffisait pas à compenser la lourdeur du vétéran Sol Campbell. Entré en jeu après le repos, l’ex du PSG Cristian Rodriguez cassait les reins de Monsieur 100 kilos, avant de placer une tête repoussée sur sa ligne par Nasri (60e).
Évident tournant du match, puisque le Français s’amusait moins de cinq minutes plus tard en se lançant dans un slalom victorieux au milieu de trois défenseurs portugais, l’occasion d’admirer sa belle conduite de balle toute en extérieurs. Un but qui relevait une prestation pas à la hauteur de son (impossible) tâche : faire oublier l’absence de Fabregas. Mais un but qui montrait aussi que lui, comme Bendtner, peuvent se montrer décisifs. Les enfants d’Arsène peuvent donc grandir. Rassurant pour le futur proche des Gunners.
Avocat de Bendtner ces derniers jours, Wenger a aussi défendu ses dernières semaines les chances de son club d’accrocher un titre, même quand deux défaites consécutives face à ses concurrents directs (MU et Chelsea) semblaient l’avoir condamné à se contenter une nouvelle fois de places d’honneur. Là encore, Wenger peut s’amuser des jugements péremptoires, juché sur les cinq buts de son équipe (le quatrième fut l’œuvre d’Eboué). Brillant, comme souvent, Arsenal ne ressemble toutefois pas à ces machines sans failles couronnées au bal de fin d’année. Les absences de Gallas et Fabregas pèsent sans doute dans les déficiences organisationnelles des Gunners. Mais elles semblent rédhibitoires pour aspirer au rang de n°1, en Angleterre comme en Europe. Arsène Wenger pourrait répondre qu’il faut se méfier des conclusions hâtives.
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