Pompey, y’a déjà le feu !
Portsmouth a bien commencé la saison : deux défaites en deux matches. En même temps, en jetant un œil à l'équipe, on se dit que l'équipe du sud de l'Angleterre a des tendances suicidaires. Autopsie d'un club qui se meurt.
Dimanche dernier, la police de Portsmouth a été appelée à la rescousse du côté d’Elwyn Park. Motif : un homme avait essayé de mettre fin à ses jours. Fort heureusement, l’affaire à été maîtrisée sans qu’il n’y ait de blessé. Les autorités locales ont préféré taire le nom du malheureux mais on ne serait pas plus surpris que ça qu’il s’agisse d’un fan désespéré par les prestations de son équipe préférée. A moins qu’il ne s’agisse d’un membre du club lui-même, allez savoir. Car franchement, pour quiconque a assisté aux deux premières sorties cauchemardesques du 14e de la saison passée, il y a de quoi vous dégoûter de l’existence. Mais au fond, le dernier exercice aurait dû nous renseigner sur le lent mais inéluctable glissement qui guette le pensionnaire de Fratton Park. En effet, les deux saisons précédentes, emmené par l’inénarrable Harry Redknapp, Portsmouth avait terminé dans les dix premiers (9e puis 8e), tout en glanant une FA Cup, se posant comme un possible futur chahuteur du haut de tableau. Et puis Dirty Harry s’en est allé, les bons résultats aussi. Et désormais, la Blue Army n’a plus le cœur d’entonner son fameux « Play up Pompey, Pompey play up » qui transformait l’enceinte en « Fortress Fratton » , soit une des ambiances les plus redoutées d’Angleterre. Aujourd’hui, silence, on joue.
Des tocards de Ligue 1
Un rapide regard sur l’effectif nous fait comprendre l’ampleur du bazar. Une équipe qui compte, au hasard, David James, Kanu et ses 132 ans, et une tripotée d’anciens tocards de Ligue 1 (ce qui fait froid dans le dos), ici Distin, là Kaboul ou encore Papa Bouba Diop et Utaka, n’a pas forcément vocation à donner du rêve. Surtout quand le dernier big hit venu s’appelle Frédéric Piquionne. Autrement dit un gars qui ne s’est jamais imposé nulle part et qui a toujours trouvé le moyen de partir en faisant la gueule (sauf à Lyon) quand il ne s’occupait pas d’avoiner lui-même les supporters un peu trop virulents à son endroit. Oui, Piquionne, la bonne pioche ou comment se laisser abuser par les expérimentations de Domenech conférant au premier flambeur venu un statut d’international à même de berner quelques recruteurs naïfs. Alors évidemment, dans ce merdier, il y a bien Niko Kranjkar, tel une lueur dans la nuit, mais franchement, le Croate doit se demander ce qu’il fout encore dans cette équipe de bourrins. Avis aux recruteurs : le Niko ne devrait pas être très difficile à convaincre d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte.
Gaydamak lâche son joujou
Evidemment, ce massacre en règle n’est pas le fruit d’une inconscience soudaine. Portsmouth, comme beaucoup des ses rivaux de Premier League, croule sous les dettes et doit vendre ses meilleurs actifs, autrement dit ses meilleurs joueurs. La faute au sulfureux Alexandre Gaydamak, l’homme d’affaire franco-israélien, qui avait, comme la mode le voulait à ce moment-là, acheté un club anglais en guise de joujou de luxe il y a trois ans. Et puis la mode est un peu passée, la crise économique aussi et Gaydamak a décidé que ça allait bien de perdre plus de 40 millions d’euros en deux ans et cela sans compter le bilan de la saison 2008-2009. Comme Manchester City, Pompey s’est tourné vers la seule zone du monde à peu près épargnée par la crise : le Moyen-Orient. Peter Storrie, président exécutif du club, s’est en effet acoquiné avec Sulaiman al-Fahim, gourou de Dubaï, pour racheter le club.
James : « Quel sera le prochain joueur à nous quitter ? »
Mais la situation urge : la Standard Bank ne souhaite plus travailler avec Portsmouth et refuse de transférer les emprunts actuels au futur propriétaire du club. La banque exige d’être payée avant la fin du mois d’août. Même David James, qui n’est pas du genre s’angoisser, en est tout chose : « Entendre les mots « relégation administrative » au sujet d’un club de Premier League, surtout quand il s’agit du votre, est sans précédent dans cette division […] Cette ligue est censée être à l’abri de tout. Mais au fil de l’été, nous avons commencé à vendre tous nos joueurs. Ceux encore présents dans le vestiaire ne pouvaient s’empêcher de se regarder avec inquiétude et se demander qui sera le suivant ? » . Oui, à quelques heures d’un périlleux déplacement à Arsenal, c’est un peu plus que les trois points en jeu qui tracasse le club : c’est tout simplement sa survie. Et cette fois, la police du quartier d’Elwyn Park ne pourra rien.
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