Petit tour aux Assises du Foot…
Pour leur deuxième édition, les Assises de l'Education par le Football faisaient escale, la semaine dernière, à Saint-Étienne. Présentation Power Point à l'appui, les intervenants tentent d'apporter, sous forme de cours magistraux, des solutions aux problèmes qui tourmentent le foot amateur.
« Le foot porte un projet éducatif. C’est un terrain fertile puisque le jeune y est dans son élément » . Mardi 16 décembre, en compagnie de l’Agence pour l’Education par le Sport, créée en 1996, Didier Roustan organise les Assises de l’Education par le Foot. Cinq ateliers disséminés dans plusieurs salles, afin de disserter autour de la problématique suivante, « comment et à quelles conditions le football peut-il remplir une fonction sociale et éducative ? » . Au programme des ateliers : la gestion de l’environnement, la formation des éducateurs, dirigeants et arbitres, la relation entre les acteurs du jeu, les nouvelles formes de pédagogie du football, le projet éducatif du club.
Plusieurs élèves manquent à l’appel. L’un d’entre eux, José Touré, a néanmoins présenté un mot d’excuse, affirme un animateur : « Il doit se faire opérer. C’est pas grave mais bon, il ne pourra pas être présent aujourd’hui » . Aucune nouvelle cependant des Houllier, Marius Trésor et consorts, qui figuraient pourtant sur la liste des intervenants conviés. La neige est, quant à elle, bien présente dans la ville du chaudron.
Qu’importe, c’est l’occasion pour certains, comme l’arbitre et un bénévole d’association, de revêtir, volontiers, le costume de bouc émissaire. Pour Bernard Saules, Président de l’Union Nationale des Arbitres de Football, l’homme en noir est « une belle soupape pour les entraîneurs » , souvent alibi pour expliquer une défaite. En proie à de sérieux problèmes de reconnaissance, le bénévolat serait en pleine mutation. A défaut de disparaître, il perd chaque jour du terrain. De telle façon que, de nos jours, se dit-il dans l’assistance, on retrouve de plus en plus de « présidents par défaut » .
Jack Bauer, Lama et Revelli
Présent aux Assises, un autre personnage vient crier sa révolte. Son nom, François Kieffer – presque comme Kiefer Sutherland, alias Jack Bauer. Sa devise : « Tout réformer » . Pour se faire entendre, il a écrit un livre, intitulé “Plaisir et performance, une pédagogie pour demain”. Dans le hall du Centre des Congrès, celui qui est aussi entraîneur des benjamins d’Avignon peine à trouver une oreille pour l’écouter. Gentiment, Eric Mombaerts se fend d’un « Oui, oui, je connais. Je l’ai déjà acheté… » .
En déambulant dans les allées, on croise Bernard Lama, venu dispenser sa sagesse à l’assemblée. L’occasion de prendre de ses nouvelles. Aujourd’hui manager dans un club en Guyane, témoin de sa « naissance footballistique » , l’USL Montjoly, l’ancien joueur du PSG préfère s’occuper de la structure administrative de l’équipe plutôt que de l’entraînement des gardiens. « Je vais pas passer ma vie à shooter dans un ballon » lâche-t-il.
Alors que les ateliers se déroulent paisiblement, le trio composé de Didier Roustan, du Stéphanois Patrick Revelli et de Jean-Philippe Acensi, délégué général de l’Agence, théorise sur la violence dans le football. Un problème de littérature, selon Roustan : « Le problème aujourd’hui, ce sont les mots employés. Après la victoire de Nantes contre Lyon, je lis dans L’Equipe “Klasnic bute Lyon” . Non on ne “bute” pas ! » . Et d’illustrer son analyse : « Un mec comme Le Guen, l’année dernière, disait avant chaque match : “Nous on est prêt pour la bagarre” » . CQFD…
Après avoir surligné les problèmes, comme le manque de financement, le statut des bénévoles, la violence chez les 16-18 ans, et proposé des solutions comme la création d’un partenariat entre les districts et les clubs, la pérennisation des rituels et un meilleur choix des capitaines, l’Agence clôt ses Assises en remettant des bons points, matérialisés par des ballons et divers cadeaux, aux clubs les plus respectueux envers les arbitres.
Déjà la fin. Dommage, l’ancien attaquant des Verts Patrick Revelli élargirait bien le champ d’action de l’association : « Le manque de civisme, ce n’est pas que dans le foot. Les gens qui ne ramassent pas les crottes de chien, par exemple… » .
William Weil, à Saint Etienne
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