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Paris, l’arbre qui cache la forêt
Le club de la capitale a terminé premier de son groupe, c'est bien, mais c'est un leurre tant les autres clubs français engagés en C1 n'ont pas suivi. Au final, Lille et Montpellier clôturent cette phase de poules avec deux dernières places. Triste. Heureusement que les Bordelais et Lyonnais ont assuré le tempo en Ligue Europa pour ne pas partir en dépression. Alors que l'Allemagne réalise un perfect en qualifiant sept clubs sur sept pour 2013, la France, elle, ne peut pas faire mieux qu'un 50% (3 clubs qualifiés, 3 clubs éliminés). C'est déjà ça.
Paris, premier de cordée
Crise ou pas crise ? C’était la question qui devait être tranchée au Parc des Princes avec la réception de Porto. En l’emportant avec envie et détermination contre la seule équipe calibrée de sa poule (2-1), le PSG n’a pas vraiment répondu à la question, mais il s’est fait du bien. Il a surtout mis en avant une vérité : le PG est une faignasse. Incapable de se mobiliser, concentrer, souder, dépouiller en championnat, ce même PSG est capable d’être intelligent et plutôt agréable à regarder quand il évolue en Ligue des champions. Les joueurs n’ont même pas essayé de se trouver d’excuses. Triste mais honnête. L’Europe, ça motive. Et ça s’est vu. Du rythme, de la solidarité, du repli défensif, un Sirigu très affuté, un Pastore très entreprenant et un Thiago Silva en mode papa ours. Tout ce qu’il faut pour vaincre une très belle équipe de Porto. Mine de rien, le PSG termine ce premier tour à la deuxième place du classement UEFA sur ce début de saison (derrière Dortmund) avec la meilleure défense (trois buts encaissés) et le meilleur passeur (Ibrahimović, 5 caviars) de la compétition. Certes, le groupe parisien n’était pas très relevé, pas plus qu’il ne l’était lors de leur première apparition en 1994 (Kiev, Spartak Moscou et Bayern), mais avec cinq victoires et une première place, les ouailles de Carlo Ancelotti ont fait le boulot. Avec sérieux. Même si on ne sait pas encore ce qu’elle a réellement dans le ventre, cette équipe a le mérite de savoir se sublimer un minimum – ou tout du moins accélérer quand il le faut – pour ne pas subir en Europe les mêmes mésaventures qu’en championnat. Reste à connaître l’identité de l’invité pour le cinq à sept de l’hiver prochain pour appréhender la suite. Car du Celtic au Real, en passant par Galatasaray et Arsenal, il y à boire et à manger dans les adversaires possibles au prochain tour.
Montpellier la tête haute, Lille mort-né
Il y a comme un sentiment étrange quand on se penche sur les éliminations – déjà entérinées – des deux derniers champions de France. Pour Montpellier, qui découvrait le plus haut niveau européen, personne n’est réellement surpris de voir les Héraultais quitter la compétition dès le premier tour. Surtout avec un groupe assez relevé (Schalke, Olympiakos, Arsenal). La bande à René Girard a plutôt rendu une belle copie, notamment sur les derniers matchs où elle a fait preuve d’engagement et de moins de timidité. Malheureusement, il aura manqué un zest de talent et de l’expérience pour exister. Bizarrement, c’est la copie lilloise qui interpelle le plus. Incapables de remporter le moindre point dans leur nouveau stade (trois défaites), les Dogues terminent cette « épopée » européenne sans avoir donné l’impression d’y avoir participé. Pourtant, on se disait qu’avec le recul, l’expérience, ce nouveau stade, les Lillois avaient franchi un cap. Ils allaient enfin pouvoir exister, eux qui ont passé les dix dernières années à faire de leur club une sorte de référence sportive à la française. Et bien non. À l’image de ce dernier match contre Valence perdu dans une ambiance glaciale, il ne s’est rien dégagé de positif de l’aventure lilloise. C’est d’une tristesse… Sans parler de l’imbroglio Landreau qui a préféré stopper sa collaboration avec le club en plein milieu de saison. À croire que le club est à la fin d’un cycle et qu’il peine à tourner la page. Pas certaine de revoir de si tôt le LOSC à ce niveau. Sur ce que l’on a vu pendant six matchs, ils ne manqueront à personne.
Bordeaux se met à l’Anglais, Marseille en Erasmus
Il aura fallu attendre 2012 pour voir Bordeaux battre pour la première fois de son histoire un club anglais. En disposant de Newcastle, les Girondins s’offrent la première place du groupe. Le tout via un doublé de Diabaté, comme quoi, tout arrive. Avec cette victoire sur le gros morceau du groupe, Bordeaux termine premier de son groupe et peut se prendre à rêver de quelque chose de sympa au printemps prochain. Sans trop faire parler d’eux, les Girondins se montrent un tantinet ambitieux dans cette Ligue Europa. Ça change. Ce qui ne change pas, en revanche, c’est la maîtrise lyonnaise. Déjà qualifiés et assurés de terminer premiers depuis longtemps, Rémi Garde a de nouveau aligné ses jeunes contre Kiryat Shmona, toujours avec cette même facilité (2-0). On pense notamment au petit Benzia, déjà buteur à Prague, qui a récidivé à Gerland. Et si cette C3 représentait un réel objectif pour le président Aulas ? La course est encore longue, mais les Rhodaniens ont suffisamment d’expérience et de talents pour y jouer un rôle intéressant. Contre les Israéliens, Gourcuff et Bastos jouaient le rôle de cadres pour les jeunes loups du club. Un cocktail gagnant. Tout l’inverse de celui d’Élie Baup (on voit bien la différence de niveau entre les deux centres de formations). En choisissant de donner du temps de jeu à ses jeunes dans un match sans enjeu, Baup les a envoyés au casse-pipe à Limassol (0-3). Marseille quitte la scène européenne par une gifle et un sentiment d’inachevé. L’effectif n’était pas suffisamment épais pour prétendre à autre chose.
Par Mathieu Faure