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Bordeaux : 100 ans de Lescure, mais pas toutes ses dents

Par Emmanuel Hoarau, à Bordeaux

Ce mardi, le Parc des sports de Lescure, complexe sportif accueillant l’antre mythique des Girondins de Bordeaux, fêtait son centenaire. Devant 30 000 personnes, une équipe d’anciennes gloires bordelaises a battu le Variétés Club de France, donnant un peu de baume au cœur aux amateurs de football girondins, harassés par l’état de santé de l’institution au scapulaire.

Zinedine ZIDANE during the Gala match for the 100th anniversary of Stade Chaban-Delmas between Ancien Bordeaux and Varietes Club de France at Jacques Chaban-Delmas on May 14, 2024 in Bordeaux, France.(Photo by Anthony Dibon/Icon Sport)   - Photo by Icon Sport
Zinedine ZIDANE during the Gala match for the 100th anniversary of Stade Chaban-Delmas between Ancien Bordeaux and Varietes Club de France at Jacques Chaban-Delmas on May 14, 2024 in Bordeaux, France.(Photo by Anthony Dibon/Icon Sport) - Photo by Icon Sport

Le Parc Lescure. Rien qu’à l’évocation de ce nom, nombre d’amateurs du football du siècle passé auront les poils hérissés. D’un Brésil-Tchécoslovaquie, quart de finale de la Coupe du monde 1938 surnommé « la Bataille de Bordeaux », à l’ultime Bordeaux-Nantes du 9 mai 2015, en passant par des joutes européennes face à la Juve ou Milan, ce stade a connu certaines des heures les plus importantes de l’histoire du football hexagonal, européen et international. Un lieu mythique qui, à l’aube de son centenaire, voit ses chers Girondins, désormais installés du côté du flambant et froid Matmut Atlantique, sombrer dans les profondeurs du football professionnel français, dans une forme de tristesse et d’impuissance générale.

On végète au fin fond de la Ligue 2 et j’ai le sentiment que nos dirigeants n’en ont rien à faire. Cela me fait mal.

Bernard

Si ce 14 mai, le Parc des sports de Lescure (site accueillant le stade Chaban-Delmas, érigé en 1938) fêtait un anniversaire grandiose, les Girondins, quant à eux, sont englués à une triste, anonyme et misérable treizième place de Ligue 2. Le tout après une saison plus rythmée par les crises de papier toilette au Haillan que par les performances des joueurs marine et blanc. Un an après qu’il a échoué à remonter, la situation sportive et financière du club pose question. Maintenus sportivement en Ligue 2 depuis deux semaines, les Bordelais sont sous le couperet de la DNCG. L’été dernier, leur président, Gérard Lopez, avait déjà dû mettre 40 millions d’euros sur la table pour permettre au club de disputer la saison en cours.

En marchant sur le parvis du stade, on remarque très rapidement les anciennes tuniques des grandes heures du club. Bernard, un retraité de 73 ans, barbe blanche et maillot « Waïti » floqué JPP, est accompagné de sa petite-fille. Abonné pendant 30 ans au Parc Lescure, puis au nouveau stade, il a rendu sa carte lors de la descente en Ligue 2 : « C’est une tristesse pour moi. J’ai décidé d’arrêter de suivre le club, car il n’y a rien : ni une équipe, ni du jeu. On végète au fin fond de la Ligue 2, et j’ai le sentiment que nos dirigeants n’en ont rien à faire. Cela me fait mal. » Cette analyse, nombre de supporters du club la partagent. Arrivé en juillet 2021 alors que le FCGB était au bord de la cessation de paiements, Gérard Lopez, un temps considéré comme un héros, a brillé par son absence dans des moments charnières des deux dernières saisons, causant la gronde d’une grande partie des fans qui réclament depuis plusieurs mois un président délégué, comme le fut Jean-Louis Triaud à une époque. « C’est une question d’égo, embraye Louis, 19 ans, T-shirt d’un groupe de supporters sur le dos. Lopez ne lâchera pas. On a peur, mais cette posture du sauveur qu’il prend chaque été le satisfait bien trop… »

Lescure de jouvence

Il est 20h, le coup d’envoi du match de gala est donné. Giresse, Zidane, Gourcuff et Lizarazu monopolisent une grande partie des acclamations du public. L’ambiance est magnifique : les Bordelais revivent le temps d’une soirée bien des moments de leur glorieuse histoire. Sur la pelouse, les joueurs ne se ménagent pas et Zidane offre aux 30 000 spectateurs une magnifique expression du génie qu’il est ballon au pied, pendant que Pauleta inscrit un doublé. Si la deuxième période paraît plus anecdotique du fait du turn-over logique opéré par Gernot Rohr, l’atmosphère ne faiblit pas.

Les Ultramarines assurent l’ambiance et prouvent une fois de plus, s’il en faut, que Bordeaux et son public ne méritent pas cela. Un petit craquage de fumigènes pour clore le spectacle, et tout le monde peut retourner à la dure réalité. « Les Girondins, ce sont une histoire de grands joueurs et de titres. Ce soir, le public l’a montré en venant en nombre. Voir le club dans cet état-là fait vraiment mal au cœur », dira Élie Baup, l’entraîneur champion de France 1999. Un avis partagé par le maire de la ville, Pierre Hurmic : « La première chose que je me suis dite en voyant ce public était que Bordeaux est une ville de football. La place de la ville est dans l’élite, et il est nécessaire que l’équipe se ressaisisse pour ne pas revivre cette saison !  » Et d’ajouter, après avoir été vu en train de discuter avec Gérard Lopez, et pour rassurer son monde : « Je crois que la situation financière va se résoudre, du moins le président n’avait pas l’air inquiet. » De quoi peut-être offrir une éclaircie aux supporters girondins, de Bernard à Louis, sur la pérennité à venir de leur club, et un cap : celui de la saison prochaine, qui rimera peut-être avec celle d’une nouvelle ère, d’un nouveau souffle. Il en est de même pour le Parc Lescure et son stade qui ouvriront ensemble la page d’un nouveau centenaire glorieux.

Dans cet article :
Cédric Yambéré : « La situation des Girondins, ça me met un coup au moral »
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Par Emmanuel Hoarau, à Bordeaux

Tous propos recueillis par EH.

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Cedric YAMBERE / Laurent PAGANELLI - 12.04.2015 - Bordeaux / Marseille - 32eme journee de Ligue 1  Photo : Caroline Blumberg / Icon Sport   - Photo by Icon Sport
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