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Pablo Aimar, le retour du génie fragile

Par Markus Kaufmann, à Buenos Aires
5 minutes
Pablo Aimar, le retour du génie fragile

Avant de faire les beaux jours du FC Valence, Pablo Aimar avait attiré les regards du monde entier en portant le maillot de River Plate de 1996 à 2000. Aujourd'hui âgé de 35 ans, le petit meneur aux manches trop longues revient dans une équipe au jeu ambitieux. Un ultime défi inespéré pour le « Clown », qui aimerait offrir ses dernières représentations à Marcelo Gallardo en Copa Libertadores.

Les crises sont souvent propices à l’éclosion des jeunes. Les vieux ne peuvent plus, le niveau des autres ne suffit pas, alors l’entraîneur sous pression met ses dernières chances dans la fougue de jeunes pieds inconscients. Pablo César Aimar avait 16 ans et demi lorsqu’il a fait ses débuts professionnels pour River Plate. Mais sa précocité n’avait rien à voir avec des mauvais résultats : quand le jeune Cordobés débute sous le maillot de River le 11 août 1996, les Millonarios vivent sur le nuage du triomphe de la Copa Libertadores 1996. Une attaque Crespo-Francescoli, un milieu fait de Matias Almeyda, Leo Astrada, Ariel Ortega, Santiago Solari ou encore Marcelo Gallardo… À cette époque, le club du Nord de Buenos Aires rafle tout.

Mais Aimar est trop fort pour être ignoré. Lui, son corps d’enfant, ses pieds de prodige et ce surnom : Payaso, « le Clown » . En 1999, Aimar mène lui-même la charge aux côtés de Javier Saviola, pour remporter le titre national. Il porte le numéro 10 et les cheveux bouclés, et a la mission de devenir Ariel Ortega. Des lobs, quelques coups francs, des frappes à l’entrée de la surface, mais surtout cette conduite de balle déroutante, ces petits ponts et ces choix surprenants. Un milieu offensif tout petit, frêle, avec un maillot trop large et des manches trop longues. Aimar, c’était l’adolescent dont rêvaient les enfants, celui qui faisait régner un semblant d’insouciance dans le monde des adultes. Leo Messi, lui, ne résistait pas. Mais un jour, il a bien fallu vieillir…

La gloire à Valence, puis le tour du monde

En janvier 2001, le FC Valence pose 24 millions d’euros et sept années de contrat pour faire venir la pépite. Du haut de son petit 1m70, Aimar met des têtes et surprend les défenses européennes. Comme Diego Maradona à Naples, Pablo Aimar devient le héros d’un club qui aime faire chuter les plus grands. Une finale de C1 perdue en 2001 – Héctor Cuper le sort à la mi-temps – et surtout deux titres de Liga en 2002 et 2004, ainsi qu’une Coupe UEFA en 2004. Mais Aimar se fait déjà lâcher par son corps. Une sale pubalgie, toutes sortes de blessures à répétition et des entraîneurs qui ne peuvent plus se permettre de faire reposer leurs schémas sur le génie de Rio Cuarto. À l’été 2006, la fin de contrat approche, et le transfert est inévitable : Saragosse, pour 11 millions d’euros. Dans l’Aragon, le créateur retrouve les frères Milito, l’autre milieu argentin D’Alessandro ou encore un jeune Gerard Piqué, prêté par Manchester United. Après deux nouvelles années entre idolâtrie et infirmerie, Saragosse descend en deuxième division, et Aimar saute du navire, atterrissant à Lisbonne au Benfica.

Au Portugal, l’Argentin remporte un championnat et des coupes, et joue beaucoup de Ligues Europa. Surtout, il dispute plus de 40 rencontres par saison de 2009 à 2012 et fait jouer des talents comme Di María, Ramires, David Luiz, Saviola, Javi García, Nuno Gomes, Coentrão ou encore Cardozo. Surtout, l’ado est déjà vieux : condamné par sa santé fragile, l’éternel petit jeune n’aura tristement pas connu de glorieuse apogée à la hauteur du talent de ses pieds. À 33 ans, en juin 2013, Aimar est oublié et part défier l’Asie en Malaisie, sous les couleurs de l’énigmatique Johor Football Club. Après huit mois, le club décide de rompre le contrat du Clown, incapable de jouer plus de 8 matchs. Une carrière à 41 sélections, moins de la moitié qu’Ortega, arrêté à 87, et déjà bien moins que Messi, qui court toujours à 97. C’est même moins que Riquelme, planqué à 68. Et alors, c’est fini ?

Vidéo

Les doutes, le travail et enfin, le défi

Avant le Tournoi de transition, en août, Aimar aurait pu revenir dans son club de toujours. Mais il voulait être prêt. Ne pas décevoir. Alors, Payaso s’était fait opérer au talon droit et s’était lancé dans un programme de six mois d’entraînement, tout seul à Buenos Aires. L’isolement avant la dernière bataille. En retour, le River de Gallardo lui avait réservé le numéro 10, « au cas où » . Six mois plus tard, il y a deux semaines, le président D’Onofrio évoque enfin la possibilité d’un retour, laissant le dossier aux mains de Gallardo. Sous la présidence de Passarella, déjà, le clown aurait pu revenir, mais des « barrières institutionnelles » s’étaient levées. Aujourd’hui, les interrogations sont exclusivement sportives. Comme avec Pisculichi en juillet, Gallardo veut jauger lui-même la motivation du joueur. Une discussion plus tard, El Muñeco déclare : « On a parlé de football, et on est tous les deux plein d’enthousiasme. Pablo aime comment l’équipe joue, et moi, je le connais très bien, il est très exigeant. Il sera là le 4 janvier pour le début de la présaison. » Une période de test, et puis peut-être un rôle de joker…

Étrangement, Aimar arrive à River dans des conditions similaires à son arrivée en 1996, même si la crise économique est passée par là. Comme en 96, ce River est champion d’Amérique – de la Sudamericana –, et l’équipe de Marcelo Gallardo reste sur une seconde place et une victoire lors des deux tournois nationaux disputés en 2014. Malgré le triomphe du Racing, River Plate est pour l’Argentine la plus grande chance de briller en Copa Libertadores en 2015. Tout dépendra évidemment du mercato des Millonarios : Leonel Vangioni est annoncé du côté du Milan, Teo Gutiérrez semble avoir ses valises prêtes tous les six mois en cas de coup de fil européen, et Pity Martinez (Huracán) pourrait arriver. Avec Aimar en renfort, l’illusion de jouer la grande Libetadores serait encore plus grande. Et pour cela, « il suffit qu’il se sente prêt » , répète Gallardo. Les années passent à Núñez, et beaucoup de choses ont changé. En 1999, Aimar avait 19 ans lorsqu’il avait délicatement placé ce petit lob lors d’un Superclásico au Monumental, sous les yeux de Rodolfo Arruabarrena. Aujourd’hui, Aimar en a 35, et Arruabarrena n’est autre que le coach de Boca. Mais si le Clown a enfin une tête de vieux, sa conduite de balle et ses choix surprenants ne vieilliront jamais. Un bon 10 a toujours quelques numéros à offrir. Qui sait, il a peut-être gardé les meilleurs pour la fin.

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Par Markus Kaufmann, à Buenos Aires

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