Nabil Baha : «Cannavaro m’a mené la vie dure»
Encore un joueur négligé des recruteurs français qui a finalement fait son trou dans le monde professionnel. Nabil Baha joue en Liga, à Malaga. International marocain, cet avant-centre percutant s'est rappelé au bon souvenir de la France en marquant contre le Real Madrid. Puis a récidivé ce week-end contre Osasuna.
Nabil, pouvez-vous nous retracer votre parcours ? En fait, au terme de ma formation à Montpellier, en 2001, le club n’a pas souhaité me faire passer pro, sans davantage d’explications, et mon agent m’a alors mis en contact avec un club portugais, Navas. Dix Français évoluaient dans ce club. Ligue 1 exceptée, on était l’effectif qui comptait le plus de Français, devant Arsenal. Après trois saisons, j’ai rejoint le Sporting Braga pour une année. Puis j’ai traversé la frontière pour me retrouver en Galice, au Racing Ferrol. Après une saison, ils m’ont prêté à Créteil, un très mauvais souvenir. Là-bas, je ne me suis pas senti footballeur. Ils essayaient des nouveaux joueurs tous les jours, et niveau engouement populaire, la comparaison avec l’Espagne fait mal. Finalement, en 2007, j’ai atterri à Malaga, en Segunda. Et je m’y suis imposé.
Pour votre première saison en Liga, quelles sont les ambitions de Malaga ? On a très mal débuté avec quatre défaites, on n’arrivait même pas à tirer une seule fois au but en 90 minutes. Il nous fallait sans doute un peu de temps pour nous adapter au haut niveau, mais depuis on s’est bien ressaisis. Ici l’engouement pour le football est énorme et beaucoup de gens pensent qu’on peut viser plus haut.
Vous avez notamment effectué un très bon match à Santiago Bernabeu (4-3), où vous êtes passé tout près de la victoire…
On a encore payé notre manque d’expérience mais on les a baladés pendant une bonne partie du match. Le Real aurait vraiment dû recruter davantage. Il leur manque des joueurs. Avec quelqu’un comme Cristiano Ronaldo, l’équipe n’offrirait pas le même visage. Et aujourd’hui, depuis la blessure de Van Nistelrooy, il leur manque un goleador. Je ne les vois vraiment pas gagner la Liga cette saison.
Face au Real, Cannavaro était préposé à votre marquage et vous avez inscrit un but : finalement passer Cannavaro c’est assez facile… Non, faut pas croire. Rarement un stoppeur m’a autant bougé. Je suis un attaquant assez athlétique et Cannavaro m’a mené la vie dure. Vu son âge, il court moins qu’avant mais il compense par son art du placement. Franchement, il m’a impressionné.
Lors de ce match, deux penaltys discutables ont été sifflés en faveur du Real : n’avez-vous pas l’impression que les gros sont souvent favorisés en Espagne ? C’est assez flagrant. Contre le Real on a revu les images en 3D : sur le premier penalty, l’arbitre siffle alors que la main est effectuée en dehors de la surface, et sur le deuxième, Higuain tombe sans être touché. Que l’on joue contre le Barça, Villarreal ou Valence, on sent qu’il faut faire très attention dans la surface de réparation. Schuster, toutes les semaines, il met la pression sur les arbitres en se plaignant de leurs décisions. J’estime que les décisions arbitrales nous ont déjà coûté neuf points.
A Malaga, le gros derby c’est face au FC Séville… Oui, c’est assez chaud. Les supporters des deux clubs se haïssent vraiment. Quand un joueur est sur le point de quitter le club, les supporters insistent pour qu’il ne parte surtout pas au FC Séville. Pour les gens de Malaga, les Sévillans sont un peu hautains, et eux estiment que c’est Malaga qui fait manger Séville. Il y a beaucoup d’usines, d’activité économique à Malaga. Et, sur cette rivalité régionale, se greffe une polémique footballistique. Les Sévillans en veulent à Malaga d’avoir perdu un match lors de la dernière journée du championnat, qui avait privé Séville de coupe de l’UEFA. Cette saison ça s’est bien passé, on a gagné au Sanchez-Pizjuan.
Qui va gagner la Liga ? Je ne vois pas qui peut inquiéter le Barça. Ils nous ont mis 4-0 sur une pelouse quasi impraticable, qui ressemblait à une piscine. Techniquement, tactiquement c’est très fort.
Propos recueillis par Thomas Goubin
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