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Maroc, le match de l’espoir et de la solidarité

Par Timothé Crépin, à Lens

Ce mardi, à Lens, le peuple marocain a retrouvé son équipe nationale pour oublier la catastrophe du séisme l'espace de quelques heures. Histoire de reprendre goût à la vie.

Maroc, le match de l’espoir et de la solidarité

S’accorder une parenthèse face à la tragédie. Souffler et oublier, un instant, les images terribles et le nombre de victimes qui ne cessent de monter. Mardi soir, à Lens, le peuple marocain avait rendez-vous avec autre chose qu’un match de football. Prévue depuis plusieurs semaines, l’affiche entre les Lions de l’Atlas du Maroc et les Étalons du Burkina Faso a été maintenue. « Il fallait jouer pour montrer que le Maroc savait se relever, qu’il pouvait regarder de l’avant et qu’il ne s’arrêtait pas, même en difficulté », résume Walid Regragui, sélectionneur national très acclamé ce mardi.

Les dons avant le football

Aux abords de la maison des Sang et Or lensois, un mélange de sentiments parcourt les nombreux supporters venus se rassembler devant le parvis de Bollaert-Delelis. « Je viens voir le match, car ils ont fait une formidable Coupe du monde, explique Ben Kattour, qui habite à Lille. Ils nous ont fait vibrer et rêver. Mais l’aspect sportif passe en second lieu. » Wouldi avec son maillot rouge des Lions de l’Atlas sur le dos est clair : « On est ici plus pour la solidarité, pour se retrouver entre Marocains. C’est une fête sans être une fête. » Mais surtout un appel aux dons, avec une collecte organisée aux abords du stade. Un formidable élan de solidarité s’est mis en place. Sihan se souviendra toute sa vie de son premier match de foot dans un stade : « Il y a des collectes partout autour du stade. Voir autant de gens qui viennent… Ça fait plaisir de voir qu’on est une communauté aussi soudée. Je trouve ça juste beau. On veut profiter de l’instant, sans jamais oublier les personnes au Maroc. »

Tambours, fumigènes, drapeaux, téléphones, chants… À croire que les supporters marocains auraient bien laissé le match de foot de côté pour poursuivre ces moments de communion ensemble. Se retrouver, rire, chambrer, mais aussi verser sa larme en repensant au pays. « On est issu d’une culture joyeuse, humaine, témoigne Redouane. C’est censé être un jour de fête. Mais c’est le destin, c’est la vie, et ça ne nous empêche pas de nous réunir. » Le lieu du match aide également à donner ce rassemblement populaire massif. « On est dans une région où il y a beaucoup de Marocains. Énormément de monde est venu de Belgique, des Pays-Bas. C’est cosmopolite, c’est magnifique. Il y aura beaucoup de pleurs, les gens sont tristes, mais on va chanter, et se dire que la vie continue. On est heureux d’être ici. »

Dans le stade, les décibels montent, montent, montent. Il faut voir l’entrée des Marocains de Yassine Bounou à l’échauffement pour se rendre compte de la ferveur et de la joie pour les adeptes des Lions de l’Atlas de revoir leur équipe en France pour la première fois depuis 17 ans. Mais l’émotion reprend le dessus à quelques instants du coup d’envoi. Alors qu’une minute de silence est annoncée, le peuple marocain entonne Al Fatiha, première sourate du Coran, pour rendre hommage aux victimes du séisme. Poignant.

« Je suis fier de mon peuple »

Placé logiquement au second plan, la rencontre voit les premiers pas d’Amine Adli en sélection marocaine et Azzedine Ounahi très en jambes, histoire de faire une fois de plus comprendre à Marcelino que son poste est bien au centre du terrain. Le milieu marseillais marque d’ailleurs l’unique but de la rencontre. Victoire symbolique ? « Les joueurs voulaient vraiment gagner, promet Walid Regragui. Le résultat n’était pas anecdotique. On voulait vraiment faire plaisir à notre peuple. On savait que beaucoup de gens allaient regarder le match et ils avaient aussi un peu besoin de sourire. » De passage en zone mixte face aux nombreux journalistes présents, Romain Saïss évacue quelque peu des derniers jours angoissants. « On était sur place, on a vécu le tremblement de terre, on a senti les secousses, confie-t-il. Ce n’était pas facile à vivre. Ce soir, c’était plus qu’un match de foot. C’était aussi pour rendre hommage aux victimes et pour les personnes qui font tout leur possible pour essayer de sauver des vies. » Pour Walid Regragui, la situation « nous fait aussi relativiser ce qu’est le foot et ce qu’est un résultat de football. Parfois, on s’énerve, on est là à penser “pourquoi, pourquoi”. À l’arrivée, il y a plus important. On n’est que des artistes, on va dire. On essaie de faire plaisir aux gens. Parfois, on les déçoit. La vie continue. Je suis fier de mon peuple. Dans la difficulté, tout le monde s’est regroupé, tout le monde y est allé de son aide. »

Dans cette soirée aux multiples émotions, le dernier mot-clé est « espoir ». Romain Saïss ne veut croire qu’une seule chose : « On espère que le Maroc va se relever le plus vite possible pour reconstruire ce beau pays. » Et Ben Kattour, notre supporter rencontré plus tôt, de conclure : « Malgré la gravité de ce qu’il s’est passé, malheureusement, la vie se poursuit. Mais c’est aussi rendre hommage à toutes les qualités du peuple marocain : l’amour de la vie et de l’hospitalité. On est de tout cœur avec les victimes, on est très touchés. C’est aussi un moment pour se dire que la vie se poursuit et qu’on va continuer à vivre pour aider le Maroc. »

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Par Timothé Crépin, à Lens

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