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« Avec Monsieur Le Graët, on sabrait le champagne »

Propos recueillis par Mathias Edwards
5 minutes

Marcel Hinault, qui vient de fêter ses 80 ans, n'est pas seulement l'homophone du coach de l'OM. Il est le spécialiste mondial de la boule bretonne, à laquelle il a consacré un musée désormais situé à Plougonver, dans les Côtes-d'Armor. Rencontre avec un sacré tacticien.

Athletic Club head coach Marcelino Garcia Toral during the La Liga match between Cadiz CF and Athletic Club played at Nuevo Mirandilla Stadium on April 21, 2022 in Cadiz, Spain. (Photo by Antonio Pozo / Pressinphoto / Icon Sport) - Photo by Icon sport
Athletic Club head coach Marcelino Garcia Toral during the La Liga match between Cadiz CF and Athletic Club played at Nuevo Mirandilla Stadium on April 21, 2022 in Cadiz, Spain. (Photo by Antonio Pozo / Pressinphoto / Icon Sport) - Photo by Icon sport

D’où vous vient cette passion pour les boules ?

Je suis né dans la périphérie de Saint-Brieuc, à 300 mètres des cafés dans lesquels il se passait beaucoup de choses à l’époque. C’était un milieu ouvrier, et les cafés assuraient l’animation des concours de boules. Les plus grands joueurs y sont passés, dont mon père qu’on appelait « La Patte gauche ». J’étais en admiration devant lui, car c’était un as du tir roulant.

Il était d’une précision redoutable ?

Vous ne croyez pas si bien dire, on l’appelait également « Le Redoutable ». Quand j’ai été en âge de jouer aux boules, avec mes trois frères, il nous a emmenés à un concours de quartier. Dans le café, au moment du tirage au sort, les autres lui ont dit qu’il ne gagnerait jamais avec ses moutards. Ben, on a gagné. Le prix était une tête de veau qu’on a dégustée ensemble. C’est là qu’est née ma passion pour les boules.

Pouvez-vous expliquer à nos quelques lecteurs qui ne connaîtraient pas bien la boule bretonne, ce qui la différencie de la pétanque ?

Oh ça n’a rien à voir ! La pétanque est une pâle copie de la boule bretonne. La pétanque a détrôné la boule bretonne, car elle se joue sans cadre en bois, donc on peut la pratiquer partout. À la boule bretonne, il y a donc ce cadre en bois qui délimite le terrain, avec lequel on peut faire des effets comme au billard. On peut toucher la bande pour revenir sur le cochonnet, on fait des courbes qu’on appelle des paraboles. Les boules plombées requièrent de la tactique, un doigté, elles sont très dures à jouer.

 

Marcel Hinault, le vrai.
Marcel Hinault, le vrai.

En quoi la boule bretonne requiert plus de talent que la pétanque marseillaise ?

Contrairement à ce que l’on croit, c’est un jeu intellectuel. Il ne suffit pas de balancer une boule comme ça, tout est calculé. Et si vous me dites que ce n’est pas un jeu intellectuel, j’ai une preuve que le chancelier Konrad Adenauer possédait un jeu de boules dans sa propriété en Toscane, en 1961. Cela touche toutes les couches sociales.

Vous vous intéressez au football ?

De moins en moins car les montants des salaires m’écœurent. Je préfère les jeux individuels, car on n’a pas d’excuses : on peut ou on ne peut pas.

C’était un honneur pour Le Graët d’avoir le musée de la boule dans sa ville.

Marcel Hinault

Jusqu’en 2020 votre musée de la boule était installé à Guingamp. Vous avez eu l’occasion de croiser Noël Le Graët, qui était alors maire ?

Évidemment ! J’ai été invité aux vœux du maire et tout ! Avec Monsieur Noël Le Graët, on sabrait le champagne. C’était un honneur pour lui d’avoir le musée de la boule dans sa ville. Je ne peux pas critiquer ce monsieur. Il a des qualités humaines extraordinaires, ah oui, oui, oui. J’avais mis plusieurs villes en concurrence pour accueillir le musée, il m’a répondu tout de suite. L’inauguration a été un moment formidable pour tous les boulistes de Bretagne, car nous sommes des millions à jouer. Il a même mis des employés municipaux à ma disponibilité.

Le déménagement du musée était sa décision ?

Ah non, pas du tout ! On est commandés par la communauté de communes qui dirige tout au niveau des offices du tourisme. Guingamp est la capitale de la boule bretonne. Début août, ils organisent un concours qui réunit 3000 joueurs. C’est une erreur d’avoir fait partir le musée, on est dirigés par des gens qui n’y connaissent rien !

Marcelino, votre homophone qui entraîne l’Olympique de Marseille, ne jure que par le 4-4-2. Aux boules, quelle est votre tactique favorite ?

Il y en a plusieurs. D’abord, il faut composer le jeu. Ensuite, à la pétanque comme à la boule – Philippe Quintais (14 fois champion du monde de pétanque, NDLR) me l’a confirmé lorsqu’il a tenu à me rencontrer –, on ne jette pas le cochonnet. On le lance pour son premier placeur – en admettant que c’est une triplette. Il faut bien choisir ses coéquipiers. Il faut des gars qui savent tout faire. Car si on est dominé par l’adversaire, on peut changer. Celui qui joue au milieu et qui est en forme devient premier placeur. Car quand le placeur vous met des belles boules, vous avez de jolis tirs. Dans votre corps, vous vous transcendez. Vous faites des trucs que vous ne faites pas si la partie est un peu molle. Et là, pour le spectateur, c’est génial ! Et ça, c’est tactique.

Dans votre corps, vous vous transcendez. Vous faites des trucs que vous ne faites pas si la partie est un peu molle. Et là, pour le spectateur, c’est génial !

Marcel Hinault

Dans votre vocabulaire – vous choisissez également vos coéquipiers selon qu’ils sont gauchers ou droitiers –, on retrouve des similitudes avec le football. Vous pourriez donner des conseils à Marcelino ?

Ah oui, pas de problème. Quand on se transcende, on fait des choses magnifiques. Albert Chaplain, avec qui j’ai passé toute ma jeunesse, était le plus grand tacticien que j’ai connu. Il est d’ailleurs reconnu comme un des deux grands de la boule bretonne, avec Paul L’Heveder. Quand Chaplain composait le jeu, vous saviez d’un geste de la tête ce que vous aviez à faire.

Vous avez croisé des joueurs de football qui jouent sérieusement à la boule ?

Seulement Jacky Rose, qui a été gardien de but à Laval. Et ce n’est pas pour ça qu’il est bon à la pétanque !

Vous allez suivre l’OM de Marcelino ?

Oui, je ne suis pas contre le football. Ce qui me dégoûte, c’est le côté financier.

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Propos recueillis par Mathias Edwards

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