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Malang Sarr : « Nice reste ma maison »

Propos recueillis par Andrea Chazy
9 minutes

Alors qu’il monte en puissance dans le RC Lens de Will Still depuis la nouvelle année, Malang Sarr retrouve l’OGC Nice ce samedi (17h) à l’Allianz Riviera. Son premier amour avec lequel il a tout vu, tout connu de 2003 à 2020. Entretien nostalgie.

Malang Sarr : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Nice reste ma maison<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Qu’est-ce que ça fait de retrouver son club de cœur sous un autre maillot ? C’est toujours un match spécial, une date que tu coches dans le calendrier. Tu attends ça avec impatience. Les proches sont contents et te le rappellent quasi-quotidiennement, car ils savent que je vais être dans le coin, que je vais évoluer à l’Allianz, un stade qui a compté pour ma famille et moi. Ça fait plaisir de pouvoir revenir dans son club formateur après avoir progressé en tant que joueur, en tant qu’homme, c’est un juste rappel de belles années et de bons souvenirs. C’est vrai que ça fait toujours un peu bizarre de jouer sous un autre maillot dans un stade dans lequel on a évolué pendant des années et où l’on a toujours rêvé, gamin, de fouler la pelouse avec le maillot de Nice. Bon, maintenant, ça fait un petit moment que je m’y suis habitué, mais la première fois, c’était une sensation particulière.

D’autant que la seule et unique fois, c’était avec.. l’AS Monaco en 2022-2023. Pas forcément la tunique la plus simple à enfiler à Nice. Comment c’était ? C’était spécial, j’appréhendais beaucoup de voir comment cela allait être perçu, vu la rivalité sportive entre les deux clubs. Je ne vais pas mentir : je ne m’attendais pas à être accueilli avec des fleurs, mais comme j’avais plutôt laissé une bonne image au club et aux supporters, je ne m’attendais pas non plus à être sifflé. J’avais hâte de voir comment ça allait se passer, mais finalement, on ne m’a pas forcément posé de problèmes.

Un joueur qui marque contre son ancien club a le droit d’être content. Ça n’enlèvera jamais les années passées pour le club, la sueur, le sang, les pleurs, les difficultés qu’il a traversés sous ce maillot.

Malang Sarr

Tu ne t’es même pas fait un peu chambrer ? Pas tant que ça… D’autant plus que je ne suis pas quelqu’un qui regarde énormément les réseaux sociaux. Il y a quand même eu quelques vannes de la part de formateurs, des kinés, d’intendants, de personnes que j’avais côtoyées pendant des années, puisque j’ai commencé à l’OGC Nice à l’âge de 4 ans. On me disait que ça faisait bizarre de me voir avec le maillot d’une autre équipe en France ou on me lançait des « Attention, ne te trompe pas de vestiaire Malang ! » Mais c’était toujours bon enfant.

Est-ce qu’il y a un temps d’adaptation la première fois que l’on rejoue son club de cœur ? Non, pas forcément. Quand on sort à l’échauffement, on sait qu’on prépare un match important et cela s’accentue encore un peu plus dans la foulée lorsqu’il y a le coup de sifflet de l’arbitre. Une fois que le match démarre, l’objectif est de gagner et d’être le plus performant possible pour son équipe. Je dirais même que le fait de jouer ce genre de rencontre apporte une motivation supplémentaire.

On voit souvent dans ce genre de rencontres ces fameux ex marquer face à leur ancien club. Souvent, les joueurs ne célèbrent pas. Toi, c’est un truc auquel t’es attaché ? C’est propre à chacun, mais moi, je n’ai jamais eu ce problème-là. Un joueur qui marque a le droit d’être content. Ça n’enlèvera jamais les années passées pour le club, la sueur, le sang, les pleurs, les difficultés qu’il a traversés sous ce maillot. Ça peut-être perçu par les supporters comme un manque de respect, mais je ne pense pas que ce soit le cas. On ne peut pas reprocher à quelqu’un d’être content d’avoir marqué. Je n’étais pas « plus » dérangé, lorsque je jouais à Nice, quand un ancien Niçois marquait et célébrait contre nous. Et je ne le serai pas davantage non plus si un ancien Lensois marque face à Lens lors d’un prochain match.

Donc ce samedi, s’il y a un but de Malang Sarr lors de Nice-Lens, il y aura peut-être une célébration… (Rires.) Je ne suis pas un joueur qui fait de grandes célébrations non plus, donc je ne sais pas si ce sera quelque chose de marquant… Mais si je marque et que j’aide mon équipe, je serai content !

En parlant de but, tu avais marqué ton premier avec Nice à 17 ans, le 14 août 2016, à l’Allianz Riviera, face à Rennes. Lors du premier match à Nice un mois après les terribles attentats. Tu t’en souviens ? Bien sûr. Ce sont des moments qu’on n’oublie pas. C’était une période très particulière pour la ville comme pour moi : premier match en pro, premier match à l’Allianz Riviera, le contexte que vous rappelez, je marque… C’est un cocktail d’émotions qui a rendu le moment très spécial en matière d’émotions et de sensations. C’était un rêve de gosse qui se réalisait dans un climat lourd. Je me rappelle tout.

Tu pourrais par exemple refaire le but ? Forcément. Je m’en souviens comme si c’était hier.

Vas-y. La veille du match, on prépare les coups de pied arrêtés et on les tire plusieurs fois de la même manière avec Jean-Michael Seri à la baguette. Avec Paul Baysse, on devait faire une course ensemble pour arriver au second poteau. À l’issue de la séance avec Paul, on se disait déjà que ça allait fonctionner le lendemain. Donc au moment où le coup franc arrive, on se regarde avec Micha et on se fait un signe. Je sens que c’est le moment, que ça va arriver. Le ballon décolle, on part en même temps avec Paul, il fait un bon bloc et je me retrouve seul au deuxième poteau. À partir de ce moment-là, je sais que je dois marquer. C’est marrant parce qu’à la fois tout se passe très vite, et en même temps, j’ai la sensation d’avoir vécu le moment au ralenti. D’avoir pu prendre le temps de mettre le ballon au meilleur endroit possible. Bref, ça rentre. Dans les buts, c’était Benoît Costil. Un gardien de renom, international français. Donc marquer face à un portier de ce calibre, c’était fort. Pour le célébrer, je cours vers le banc. Il y a mes coéquipiers, le coach, ma mère et mes frères juste derrière. Je fais ce cœur avec mes mains, et il y a depuis à Nice cette photo que tout le monde connaît où l’on voit le cœur sur le maillot représentant les personnes disparues et celui que je fais à ce moment-là. Dans un stade qui était assez silencieux ce jour-là, la joie instantanée des supporters couplée à la fierté qu’il y avait sur le visage de mes proches au moment du but, cela racontait tout.

Tu connaissais des personnes qui ont péri lors de ces attentats… (Il coupe.) Oui, malheureusement. J’avais également des connaissances qui ont pu éviter le pire. Cela rendait ce moment encore plus particulier car j’étais directement et indirectement touché par les attentats.

Tu as beau essayer de positiver, tu te crées forcément des images vu le drame qui vient de se produire. Tu veux des nouvelles au plus vite. Puis tu pries pour qu’un maximum de monde soit sain et sauf.

Malang Sarr

Qu’est-ce que tu faisais ce jour-là ? On était en stage de présaison avec l’équipe première, à Divonne-les-Bains. On était en train de jouer aux cartes, je dirais qu’il y avait pratiquement la moitié du groupe réuni. Et puis les téléphones ont commencé à vibrer. Tout le monde a commencé à tenter de joindre ses proches pour prendre des nouvelles. J’en ai fait de même, je voulais savoir qui était où à ce moment-là. J’avais du mal à avoir deux de mes amis qui étaient justement sur place, et tu le vis forcément mal. Tu as beau essayer de positiver, tu te crées forcément des images vu le drame qui vient de se produire. Tu veux des nouvelles au plus vite. Puis tu pries pour qu’un maximum de monde soit sain et sauf. Deux heures après les premières informations, j’ai pu avoir des nouvelles de ces amis, et quelques jours après, j’ai eu d’autres mauvaises nouvelles qui me sont parvenues seulement lorsqu’on est rentrés du stage. Les jours qui suivent sont vraiment difficiles. On essaye d’avancer, mais l’esprit est ailleurs. Ce n’est qu’au fur et à mesure que les jours passent que tu te dis, à ton niveau, par ce que tu fais comme métier, tu peux tenter d’apporter un peu de bonheur aux gens en ces temps sombres en gagnant le match qui vient, que c’est une façon aussi de rendre hommage à ceux qui ne sont plus là.

Tu as quitté l’OGC Nice à l’été 2020, gratuitement, pour rejoindre Chelsea. Pourquoi ? C’était mon destin, je crois : arrivé à six mois de la fin de mon contrat, il restait quelques mois pour tomber d’accord, et on n’a pas pu le faire. Le Covid a anticipé la fin de la saison, donc je n’ai même pas pu faire mes adieux correctement aux supporters. Forcément, ça a été interprété de la façon suivante : un joueur formé au club part libre et ne laisse rien à son club. Mais ce n’était pas mon intention.

C’est un regret, cette façon dont tu es parti ? Oui. Après, on essaye de ne pas jouer avec des regrets en permanence. Mais bien sûr que j’aurais aimé que ce soit différent. J’ai passé et donné mon enfance, ma jeunesse et mon début de vie d’adulte à l’OGC Nice, ce n’est pas un détail pour moi. Mais je n’ai pas pu le faire comme je l’imaginais, c’est comme ça.

En 2019 pour So Foot Club, tu expliquais pourtant vouloir t’inscrire dans la durée à Nice. Pourquoi n’êtes-vous pas tombés d’accord ? J’avais des demandes sportives auxquelles je n’ai pas eu les réponses attendues. Je voulais savoir quelle serait la suite du projet sportif me concernant, l’intention du club à mon égard sur mon évolution, sur mon utilisation, sur le poste que j’allais occuper… On s’est assis plusieurs fois autour de la table pour en parler sans arriver à une issue qui me convenait. Forcément, c’était difficile pour moi d’accepter cette situation. Ça faisait quelque temps que j’étais là et je ne ressentais pas, à ce moment-là, l’intention du club de m’estimer à la valeur que je prétendais avoir. Ça n’a jamais été une question d’argent.

Aujourd’hui, tu es lensois et déterminé à gagner pour les Sang et Or. Mais qu’est-ce qui reste de Nice en toi ? Tout. J’ai passé deux décennies au club, j’ai vécu les hauts et les bas du club, toutes les catégories. L’OGC Nice reste spécial. Revenir à Nice un jour ? C’est possible, Nice reste ma maison. On ne peut enlever à personne d’avoir ses proches, sa base quelque part. Donc comme je l’avais dit en 2020, c’est un au revoir. Mais on ne sait pas de quoi le futur sera fait.

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