M.Chalmé : « Le scapulaire ne m’inspire rien »
Matthieu Chalmé a deux tatouages sur ses avant-bras, les prénoms de ses gamins : Matthéo et Maxine. Sur son répondeur, c'est Matthéo qui fait les présentations avec son père, c'est mignon. Dans la vie, le latéral droit bordelais téléphone au volant. Sur le terrain, il a parfois envie de se battre. Interview d'un bad boy aux cheveux et aux tacles de feu.
T’as un point commun avec Tony Parker : vous êtes tous les deux nés à Bruges. Oui, enfin moi c’est Bruges en Gironde.
Revenir dans ta région natale et dans ton club formateur, c’était un truc auquel tu tenais particulièrement ? Je ne m’étais pas fixé d’objectifs. L’an dernier, je voulais partir de Lille et j’avais le choix entre plusieurs clubs. Après avoir eu Laurent Blanc au téléphone, j’étais sûr de signer à Bordeaux. Ma première saison s’est bien passée, les dirigeants du club m’ont fait confiance et ont prolongé mon contrat d’un an cet été. J’ai envie de leur rendre la confiance qu’ils m’ont accordée.
Pour ta première saison chez les Girondins, t’as explosé ton record de cartons (10 jaunes, 1 rouge). Pourquoi es-tu devenu si méchant ? J’suis pas méchant. C’est juste que parfois, j’y vais pour avoir le ballon, et finalement je prends le joueur. J’ai des gestes un peu maladroits. Je suis réputé pour être un joueur agressif, mais dans le bon sens du terme. Là, ça recommence. Contre Caen, je m’étais bien tenu, je faisais attention, et à dix minutes de la fin j’me suis quand même pris mon jaune.
Ne penses-tu pas que le simple fait de fréquenter Franck Jurietti explique le durcissement de ton jeu ? Pas du tout. Franck a une image qui le poursuit, mais vraiment, c’est un mec génial, que ce soit sur ou en-dehors du terrain. Au-delà de ça, c’est aussi un superbe joueur qui sort d’une saison exceptionnelle.
As-tu déjà eu envie de te battre sur un terrain de foot ? C’est déjà arrivé. Tu vois, par exemple, quand quelqu’un te fait un tacle appuyé, t’as peur d’avoir mal, alors c’est normal de te coucher, mais il y a aussi ceux qui en rajoutent… Je déteste les mecs qui se roulent par terre.
Tu penses à qui ? J’sais pas…par exemple Deroin, l’année dernière. On perdait 3-0 à Caen, je me prends un rouge et je laisse mes coéquipiers à 10. Dans ces cas-là, t’es un peu remonté. Ils mènent 3-0, j’suis expulsé, et il en rajoute encore. J’le vois faire appel au kiné alors que je l’avais très peu touché. Mais bon, là on a rejoué Caen la semaine dernière (1ère journée, 2-1), je lui ai serré la main et tout s’est très bien passé.
A Lille, il paraît qu’on t’appelait « Rouquinho » , c’est sérieux ? En fait, c’était « Chalminho » , mais tout y est passé, « Rouquinho » aussi. C’est Rafael Schmitz qui joue aujourd’hui à Valenciennes qui m’avait appelé comme ça quand j’avais mis mon triplé à Ajaccio (3-0, les trois seuls buts marqués par Chalmé en 163 matchs et 6 ans de Ligue 1, ndlr).
D’ailleurs, tu préfères Paul Scholes ou Jérémy Mathieu ? Je penche pour Scholes, qui a fait une carrière formidable. Il impose forcément le respect. Difficile de comparer les deux joueurs. Jérémy Mathieu a failli être mon coéquipier cette année, ce qui prouve sa qualité. Il est encore jeune, je pense qu’il va faire une grande carrière.
Peux-tu expliquer pourquoi Bordeaux est plus fort que l’an dernier ? Déjà, on n’est pas moins forts, c’est déjà bien. Le groupe a très peu changé, et quelques nouveaux joueurs sont arrivés. Les matchs qui vont venir nous diront si on est vraiment plus forts.
Si tu devais parier trois mois de salaire sur le nom du prochain champion de France, tu miserais sur qui ? Jamais de ma vie tu me verras parier trois mois de salaire. Après, si j’devais mettre 10 euros, je dirais quand même Lyon…
Si tu cachais les gants de Souleymane Diawara avant un match, il le prendrait comment ? Je ne sais pas. Mais un jour, ça va lui arriver.
Le Trophée des champions 2008 est le premier trophée de ta carrière. Quel sera le prochain ? Il y a aussi la coupe Intertoto avec Lille en 2004. Nan, allez, celle-là c’est cadeau, on n’la compte pas. Ça fait plaisir de gagner un trophée, surtout qu’à la base, on ne devait même pas disputer ce match. C’est un peu comme les soirées, celles qui ne sont pas prévues sont toujours les meilleures. Le prochain trophée… Une petite coupe, ce serait bien, mais bon, l’objectif, c’est de se qualifier pour la prochaine Champion’s League.
As-tu déjà eu mal à la tête à cause de Gabriel Obertan ? Ses passements de jambes vont très vite, il est rapide. Enfin ça va, on le canalise un peu pour qu’il garde tout ça pour les week-ends.
Tu peux donner un mot qui rime avec « scapulaire » ? … Bordeaux !
Ouais, mais ça rime pas. Ah faut qu’ça rime en plus… Là comme ça, rien ne me vient en tête. Le scapulaire ne m’inspire rien.
Propos recueillis par Matthieu Pécot
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