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LOSC, la rage au ventre

Par Maxime Brigand, à Lille
LOSC, la rage au ventre

Accrochés par Valence mercredi soir contre le cours du jeu, les Lillois sont enfin entrés psychologiquement dans leur Ligue des champions. Et s'il est décroché, le LOSC peut encore croire à un ticket pour la Ligue Europa. Mieux : on se dit qu'il le mérite.

Et finalement, au bout d’une nuit qui l’aura vu martyriser un pack quasi complet de bouteilles en plastique et faire souffrir tous les boutons d’une chemise qui est au bout du compte saine et sauve, il rit. Puis, du haut d’une estrade posée dans les profondeurs de Pierre-Mauroy, Christophe Galtier prend une profonde inspiration et se lance, en guise de conclusion : « Est-ce que ce match nous donne de l’espoir ? Ce soir, c’est difficile, on sait que ce sera très compliqué et que la vérité va rapidement tomber. Pour espérer encore quelque chose, nous n’avons plus le choix : il faudra l’emporter à Valence. On est à mi-parcours et ce que je retiens, c’est qu’il y a de la progression. Je ne sais pas si ce match peut nous relancer mais au moins, voilà ce qu’il prouve : qu’on avance et qu’on avance bien. »

Je pense qu’il y a eu une prise de conscience dans le groupe de la qualité de jeu que l’on peut proposer. Je suis très fier, car ce soir, on a prouvé que l’on avait notre place en Ligue des champions.

Mercredi soir, à Lille, nous nous sommes retrouvés dans le cerveau d’un scénariste barré, qui cherche à tout prix à rendre le probable impossible. Le probable était alors une victoire d’un LOSC largement supérieur à un Valence en vrac, dont le coach, Albert Celades, est même venu souffler après la rencontre que son équipe n’avait « jamais été à l’aise pendant cette rencontre » . La preuve : dans le Nord, les Espagnols ont concédé près d’une trentaine de tirs, un peu moins d’une quarantaine de centres (seulement huit ont été réussis, mais quand même), une dizaine de corners, ont vu les Lillois tenir le ballon pendant plus de 60% du temps dans leur camp et réussir vingt-trois passes dans leur surface (contre cinq côté Valence)… Mais l’impossible est là, sous nos yeux, et Galtier ne peut que l’accepter. Ainsi va le foot : Lille a été meilleur que Valence, méritait largement de choper sa première victoire à domicile dans une phase de poules de Ligue des champions depuis un succès contre l’AEK Athènes en octobre 2006, mais le LOSC s’en est finalement tiré avec un point (1-1), miraculeusement arraché au bout du bout grâce à un missile d’un Jonathan Ikoné entré en cours de partie. Que dire ?

La prise de température et la réponse

Mais surtout : que retenir ? Que les Lillois ont été à la hauteur de l’événement et qu’ils ont répondu par le jeu aux doutes qui découlaient de leurs dernières sorties en Ligue 1 ? Oui, c’est un bon début et c’est aussi ce qu’est venu raconter le président Gérard Lopez après la rencontre : « Quand ça va, il faut le dire, aussi. On leur a été supérieurs, on les a fait souffrir. Je pense qu’il y a eu une prise de conscience dans le groupe de la qualité de jeu que l’on peut proposer. Je suis très fier car ce soir, on a prouvé que l’on avait notre place en Ligue des champions. » Ça, au fond de lui, Christophe Galtier n’en a jamais douté, et pour ce match contre Valence, il avait même décidé d’aller dans le sens de ses dirigeants en balançant au loin le vieux refrain du manque d’expérience de ses gars : cette fois, il voulait les voir jouer sans complexe et souhaitait retrouver « de l’agressivité et de la détermination » , deux ingrédients absents ces derniers temps, notamment à Toulouse le week-end dernier. Mais comment faire réagir un groupe malade ? En le bousculant, ce qu’a fait Galtier ces derniers jours en provoquant même une réunion avec ces cadres afin de « prendre la température » sur une intuition : le passage à une défense à trois afin de « renforcer l’axe et libérer des joueurs dans d’autres secteurs pour être plus présent dans le pressing, jouer plus haut et pouvoir se projeter plus rapidement vers l’avant. La C1 impose d’être plus équilibré, moins ouvert, et il fallait réagir après nos récentes contre-performances. »

Aval des joueurs, et en avant. Dans la journée de mardi, le LOSC a travaillé cette nouvelle animation et avait répété les derniers détails dans la matinée de mercredi. « Quand on prend ce genre de décisions, qu’on souhaite bousculer de manière assez importante un schéma défini depuis 16-17 mois, il faut l’adhésion des joueurs, explique Christophe Galtier. Je l’ai eu. » Et cela s’est rapidement senti sur le terrain, les Lillois ayant concédé peu d’occasions et ne craquant finalement qu’à deux reprises.

Quand on prend ce genre de décisions, qu’on souhaite bousculer de manière assez importante un schéma défini depuis 16-17 mois, il faut l’adhésion des joueurs. Je l’ai eu.

Une première fois en première période, Bradarić ayant d’abord laissé un terrain d’expression trop important à Wass avant de se régler, ce qui a débouché sur une bonne occasion pour Gameiro étouffée par Maignan. Une seconde à l’heure de jeu, sur un mauvais alignement de Djaló, titulaire pour la première fois depuis une défaite à Reims début septembre, qui a laissé Gameiro filer et servir Cheryshev pour l’ouverture du score. Sinon, Celades l’avoue : Valence n’a jamais « maîtrisé le ballon et n’a pas eu d’occasions » . Au contraire, Lille, de son côté, a joué, toujours en avançant, toujours en pressant, toujours avec l’idée que quand il redevient imprévisible dans son approche, ce LOSC peut faire péter n’importe quelles barrières. En vain, longtemps, Jasper Cillessen sortant un bon nombre de tentatives, mais les Lillois se montrant surtout très imprécis (seulement six tirs cadrés sur 27 tentatives), à l’image d’un Yazici étonnant, capable d’être dans le même match brillant et complètement à côté de ses pompes.

« J’accompagne mes joueurs »

Longtemps, on a alors cru que la bande de Galtier allait se retrouver là, avec juste de la matière à mâchouiller et une pile de questions à se broyer la cervelle. Puis, Ikoné est entré juste après le coup de fusil de Cheryshev et a apporté de nouveaux circuits, tout comme Loïc Rémy. Sympa, Mouctar Diakhaby a également filé un coup de main aux locaux en avalant deux biscottes en deux minutes. Et Jonathan Ikoné a profité d’une bonne remise d’André pour égaliser en fin de match et cautériser un brin le scénario. Pourquoi n’était-il pas là plus tôt ? Galtier s’est expliqué, a évoqué la mauvaise passe en club du bonhomme et a surtout parlé de son métier : « J’accompagne mes joueurs. On ne peut pas avoir aimé et adoré un joueur puis, parce qu’il est moins performant, le détester ou le haïr d’un coup. Notre boulot, ce n’est pas ça. Et son entrée a été remarquée et remarquable. » Elle a surtout permis à un Pierre-Mauroy incandescent d’exploser de soulagement plutôt que de frustration et à tout un club de ne pas ranger pour de bon la Ligue des champions dans une boîte à souvenirs. Ce matin, le LOSC est peut-être dernier de son groupe, mais peut surtout, en cas de succès à Valence le 5 novembre prochain, prétendre arracher un ticket pour la Ligue Europa. Et là, on pourrait se dire qu’il y a une petite justice : cette équipe progresse, apprend vite et bien, et son parcours européen ne pouvait se finir sur un zéro pointé. Ça, c’était bon pour l’OM de Labrune, pas pour ce LOSC-là. Après la découverte d’Amsterdam et les regrets de Chelsea, Lille a fait un match de Ligue des champions, un vrai, incomplet, mais « abouti » . Il lui reste maintenant trois matchs pour s’offrir un second semestre en Europe.

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