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Lorenz Assignon : « Laisser sa trace dans le foot, ça doit être cool »

Propos recueillis par Clément Gavard, à Rennes
18 minutes

Il devait être le successeur de Hamari Traoré à Rennes, mais Lorenz Assignon a connu des hauts et des bas, à l’image de sa saison particulière chez les Rouge et Noir. Le latéral s’est posé pendant près d’une heure pour parler de son évolution, de la dureté des réseaux, des conseils d’un papa professionnel et de son appréhension de la fin de carrière, à même pas 25 ans.

Lorenz Assignon : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Laisser sa trace dans le foot, ça doit être cool<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Il manque encore une ou deux victoires à Rennes pour valider son maintien, mais l’Europe semble désormais trop loin. Qu’est-ce qui fait courir un joueur dans une fin de saison sans enjeu ? Il n’y a même pas à se poser cette question. On doit se maintenir, et c’est vrai qu’on a très peu de chances de jouer l’Europe, mais tu ne peux pas ne pas être motivé. Quand tu es footballeur, tu représentes un club, les gens qui travaillent derrière, une ville. Même pour ta famille, quel exemple tu veux donner ? J’ai un enfant, un petit frère, et il y a tous les petits qui nous regardent. On ne doit jamais lâcher le Stade rennais.

Quand on a connu trois entraîneurs différents (Julien Stéphan, Jorge Sampaoli, Habib Beye) dans une même saison, est-ce qu’on se dit qu’on est le problème en tant que joueur ? 

On savait déjà qu’on n’était pas à la hauteur. Après, au début de saison, il y avait un management particulier, on sentait que ça n’allait pas. Sampaoli a apporté un football différent, certains ont adhéré, d’autres un peu moins. Aujourd’hui, tout le monde file dans la même voie, le coach a ramené une fraîcheur qui fait du bien, des idées de jeu claires. Quand tu changes trois fois d’entraîneur, il faut toujours s’adapter, car ça n’a vraiment rien à voir.

Tu parles de management particulier en début de saison. Qu’est-ce qui n’allait pas avec Julien Stéphan ?

On avait bien commencé les matchs de prépa, puis on a senti un gap. Il n’y avait jamais d’équipe type. Tu savais que même si tu faisais un bon match, tu pouvais changer de place. Personnellement, tout se passait bien avec le coach en début de saison et il y a eu un froid. C’est particulier, c’est le coach Stéphan, il a de bonnes idées… On ne peut pas s’entendre avec tout le monde et ça n’empêche pas d’être à 100% sur le terrain.

C’est dur à encaisser, voir celui derrière toi prendre ta place. On a été formé à jouer au foot, mais pas à se prendre des gros tacles comme ça.

Ça a été particulier dès son retour entre vous deux, tu avais même publié un message assez clair au moment de partir en prêt à Burnley en janvier 2024

J’ai voulu être très franc. Je ne prends pas beaucoup la parole sur les réseaux, mais je voulais que ce soit clair. Quand il est revenu, j’ai bien compris que je ne lui plaisais pas, il ne voulait pas de moi. Il m’a fait comprendre qu’il allait recruter et que je serai troisième dans la hiérarchie (derrière Guela Doué et Alidu Seidu, NDLR), donc il m’a demandé de trouver une issue de secours. C’est dur à encaisser, voir celui derrière toi prendre ta place. Même si Guela je le porte dans mon cœur, ça fait mal. On a été formé à jouer au foot, mais pas à se prendre des gros tacles comme ça. En plus, à ce moment-là, ma femme est enceinte, je rate tous les rendez-vous médicaux, ça m’a donné la rage.

 

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Pourtant, à ton retour à Rennes l’été dernier, tu restes au club après avoir fait un tour d’adieu lors du match à domicile contre l’OL. Pourquoi ? 

En Angleterre, Vincent Kompany m’a fait progresser comme jamais en si peu de temps. (Il rigole.) Avec le recul, ça me fait rire, car tout a changé : je suis devenu le joueur de Stéphan, son latéral titulaire, il ne veut pas que je parte. En six mois, on passe de « je ne te veux plus » à « reste s’il te plaît ». Finalement, c’est Rennes, je m’y sens bien, et ma femme accouche ici, j’étais tranquille. Le coach me fait confiance et, encore une fois, je n’ai pas d’explications quand je sors de l’équipe. En fait, même en CFA à l’époque, c’était ça. Il ne m’a jamais trop fait confiance.

On avait l’impression de te voir assez malheureux en début de saison 2023-2024 dernière quand tu passais devant la presse. C’est le moment le plus dur depuis le début de ta carrière pro ? 

Totalement, surtout qu’on lit tout sur mon visage. C’est le foot : je peux jouer, je suis nul, je vais sortir, il n’y a aucun problème, il faut être performant tout le temps. Mais là, on ne m’explique pas. C’est vrai que ça a été dur le début de saison, reprendre la place du capitaine Hamari Traoré. Quand le coach revient, je me dis : « Ah cool, il va peut-être me faire confiance cette fois. » J’avais eu le déclic, en plus c’est pour être piston. Je m’en souviendrai toute ma vie : il me fait m’échauffer pendant 45 minutes (lors du match contre Monaco le 9 décembre 2023, NDLR) et le lendemain, il m’envoie en réserve. Là, waouh, c’est dur. Après, je lui montre les choses contre Villarreal, mais je me fais une entorse à la cheville quelques jours plus tard, et il a préféré une certaine stabilité derrière.

À quel point ça fait mal à l’ego de retourner avec la réserve quand on a commencé la saison comme titulaire chez les pros ? 

En fait, ça me faisait carrément plaisir de revoir les gens. J’ai reculé pour mieux sauter, je suis reparti là où tout a commencé. J’ai vu les personnes qui m’ont fait grandir ici, ils m’ont remis deux ou trois claques en me disant : « Montre leur comment on t’a appris à jouer et à être. »

Avec Kompany, j’ai pris une belle claque. Il m’a appris à être un défenseur et à aimer défendre.

En 2020-2021, tu fais des bancs en Ligue des champions avec Rennes, puis tu pars en prêt en janvier à Bastia en National 1. Qu’est-ce qui fait le plus apprendre ? 

Les deux. Faire des bancs en Ligue des champions avec Rennes, c’était ouf. Il y avait des joueurs très forts, avec de sacrées personnalités, et de l’autre côté, tu as la N1. Je suis passé de Stamford Bridge à… (Il cherche le nom.) Sète ! C’est fou, hein. Je m’étais retrouvé face à un gars, il faisait de ces trucs… Tu ne sais pas d’où il sort et il était trop fort, j’ai oublié son nom. J’étais choqué. Sur une action, il m’élimine, et je dévie le ballon sur la barre. Je me dis : « Putain, est-ce que je vais réussir à aller tout en haut ? » La N1, ça m’a énormément construit. On en parle encore avec Hervé (Sekli, l’entraîneur des gardiens aussi passé par Bastia, NDLR), c’est une aventure humaine, tu sors de ton confort et ça fait du bien. C’est le vrai foot, tu vois des joueurs en surpoids, mais ils s’arrachent, ils se donnent. T’es avec des gars qui ont vécu des choses, et c’est en jouant que tu apprends. Il faut faire des erreurs sur le terrain. Le National, c’est le charbon.

On se trompe si on se dit que tu n’as pas encore rencontré un coach déclic ? 

Je pense, oui. Genesio et Kompany, ils m’ont fait progresser. Genesio m’a donné la confiance, il m’a fait passer derrière Hamari, il m’a appris plein de choses. Kompany, j’ai pris une belle claque aussi. La saison dernière, dès mon deuxième match à Burnley, c’est Liverpool à Anfield devant 73 000 personnes. Tu joues contre des joueurs que tu voyais à la télé ou sur la Playstation. Kompany m’a appris à être un défenseur et à aimer défendre.

C’est aussi récent que ça ? Tu n’aimais pas défendre alors que tu es latéral droit ? 

Je défendais parce que c’était mon poste, mais je n’avais pas la culture de la défense. À Burnley, on faisait des petits jeux, tu prenais des ballons à 100km/h dans la tête, des gros tacles. Kompany me voyait baisser la tête, il m’a dit : « Hey, tu dois être content, c’est ton jeu, tu dois aimer ça, prendre des ballons de la tête et t’arracher, prendre des coups de coude ! » Et ça m’a fait changer, je n’étais plus le même en revenant à Rennes.

 

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Cette saison, on souligne beaucoup ton énergie et ton volume, mais aussi ton manque de justesse technique dans les 30 derniers mètres. Tu comprends ces critiques ? 

Je préfère rester dans ma bulle, j’ai fait l’erreur de taper mon nom sur internet quand j’étais jeune. C’est vrai que je dois progresser sur tout ça. Je crois que je suis à cinq passes décisives et trois buts, mais ce n’est pas assez. Je dois être à beaucoup plus et je sais pourquoi : dans les derniers mètres, je dois être plus tranchant. Il faut que j’arrive à lever la tête au bon moment. (On lui montre des images de ses centres réussis et ratés contre Reims, NDLR.) Là, tu vois, par exemple il y a beaucoup d’intensité, et je dois garder le calme, être plus relax, plus fluide. Il faut que je travaille ma qualité technique. J’ai un vrai lien avec Kalimuendo, je sais où il va aller et comment il va y aller, donc s’il ne marque pas, c’est que je lui ai mal mis. Après, si je mets deux passes dé sur ce match contre Reims, les gens disent quoi ? Dans un match, tu ne peux pas tout réussir.

Tu consacres ta vie à ça, tu sais que tu n’as pas fait un bon match et tu te remets en question en lisant les réseaux : “Putain, est-ce que c’est vrai que je suis nul ? Est-ce que je suis fait pour ça ?”

Il y a des messages qui t’ont marqué sur les réseaux sociaux ? 

(Rires.) Il y a des choses, c’est fou. Je me souviens d’un tweet après une victoire contre Brest où j’étais titulaire (victoire 3-1 en août 2022, NDLR). Ce jour-là, j’étais malade, il pleuvait et c’est toujours plus dur avec les bronches dans ces cas-là. Avant le match, je dis à un kiné : si vous voyez que je ne suis pas bien, venez sur le côté pour me ramener de la ventoline pour mieux respirer. Et là, sur Twitter, un mec écrit : « Assignon, c’est inadmissible, il n’a pas le niveau, Genesio a carrément envoyé un mec de son staff pour le replacer. » C’est juste parce que j’étais malade ! (Il explose de rire.) C’est sûr qu’au début, quand tu lis « Lorenz Assignon, il est nul, il n’a pas le niveau », c’est dur. Tu consacres ta vie à ça, tu sais que tu n’as pas fait un bon match et tu te remets en question : « Putain, est-ce que c’est vrai que je suis nul ? Est-ce que je suis fait pour ça ? » C’est pour ça qu’il ne faut pas lire ces conneries.

Comment on se blinde par rapport à tout ça ? 

Quand tu prends 2-3 coups de bâton, tu n’as plus envie de taper ton nom. (Rires.) J’ai préféré couper, désinstaller l’application Twitter pour éviter la tentation. Les gens pensent que c’est juste un téléphone, mais parfois tu reçois des messages… C’est des malades. Est-ce que tu me dirais ça si j’étais en face ? Il ne faut pas oublier que c’est que du foot et qu’on est des humains derrière. T’as le droit de penser que je n’ai pas fait un bon match, mais il y en a qui vont persister, appuyer, il y a même des journalistes qui sont durs. Je préfère prendre du recul et me consacrer au foot.

Ceux qui t’ont connu au Stade poitevin décrivent un petit milieu offensif créatif. Comment passe-t-on de ce profil au latéral droit physique qui enchaîne les courses ? 

Il y a tellement de choses qui se sont passées… À Poitiers, j’étais en avance techniquement. Puis, je jouais au foot pour le plaisir, je m’en foutais. Tu me donnais un ballon, j’allais dribbler et marquer. Aujourd’hui, je ne peux pas faire tout ça. Il y a aussi eu ce changement physique : quand je suis arrivé au centre de formation, je faisais 1,50 mètre. J’ai dû développer d’autres choses, résister dans les duels. À Rennes, j’ai joué pendant un an dans la troisième équipe, en DHR, quand mes copains de Poitiers étaient en DH. Tout ça la première année loin des parents, c’est dur.

Tu as joué avec Nicolas Tié à Poitiers, un gardien parti très tôt à Chelsea. C’est quelque chose qui t’a marqué de voir ce côté business et vertigineux du foot si jeune ? 

Quand t’es petit, c’est ouf. Nicolas, c’est comme un frère, on est resté en contact. À Poitiers, c’était une petite star et on avait seulement 15 ans ! En plus, il fait Poitiers-Chelsea direct, sans passer par un centre. Ça tombe d’un coup, l’argent, la fame, le foot, il faut être bien entouré.

Il est sans club aujourd’hui, vous parlez de tout ça parfois ? 

On en parle souvent. Il a vécu une descente compliquée, il avait tout. Il a toujours été en avance sur tout le monde, tu n’es pas prêt à ça. Il est passé de Chelsea à Guimarães, aujourd’hui il ne veut plus trop traiter avec le monde du foot. Il est dégoûté. Pour en arriver là… Tu te souviens du passé, quand on kiffait, et tu en viens à être dégoûté du foot. Il a quand même fait des bancs à Chelsea. On va être beaucoup plus sujet à tout ça, le foot va de plus en plus vite.

Tu as signé ton premier contrat professionnel à l’approche de tes 20 ans, ça paraît tard quand on voit les nouvelles générations qui l’ont dès 16 ans. 

Je suis le dernier normal, moi. (Rires.) Celui qui a fait tout son parcours : centre de formation, contrat stagiaire pro et professionnel. J’ai fait toutes les étapes. Après moi, t’as eu Georginio Rutter, Brandon Soppy, la génération 2002, Camavinga qui débarque dès 16 ans. Je me disais : j’ai galéré, et eux, ils signent pro direct !

 

À quel moment tu te dis que tu peux devenir footballeur professionnel ? 

J’ai toujours pensé que j’allais l’être. Je ne pourrais pas te dire ce que j’aurais fait si je n’avais pas fait de foot. Il y a eu des moments difficiles, mais je ne me suis jamais dit que je n’allais pas réussir. Je n’ai jamais pensé abandonner.

C’est plus facile de se projeter dans ce monde-là quand on a eu un papa joueur de foot pro (son père est Komlan Assignon, international togolais passé par Cannes et Beauvais, NDLR)

(Il réfléchit.) Ce n’est pas plus facile, ce n’est pas plus dur… (Il se reprend.) En fait, tu sais que ça peut exister et tu as certains conseils que d’autres n’ont pas. Mon père s’est servi de son expérience et de ses erreurs pour m’aider à avancer.

Mon père n’a jamais été trop encombrant, il savait tenir sa place. Il continue à me donner des conseils, des trucs qui sont parfois durs à entendre.

Quels conseils il pouvait te donner ? 

Quand j’étais petit, celui qui m’a marqué c’était : « Mange la ligne ! » J’étais milieu droit, et il n’arrêtait pas de me répéter ça. Je ne voulais pas, je ne touchais pas assez le ballon, je ne comprenais pas. Aujourd’hui, je comprends quand les coachs répètent qu’il faut jouer « large ». Dès que j’occupe un poste où il faut que je sois large, je pense à lui. Il n’a jamais été trop encombrant, il savait tenir sa place. Il continue à me donner des conseils, des trucs qui sont parfois durs à entendre, mais c’est pour mon bien.

C’était quoi son dernier conseil ? 

(Il se marre.) Je ne sais plus trop. Parfois, quand je sors d’un match, il va me dire : « Ce n’est pas bon, quand tu défends, il faut que tu sois plus proche de l’adversaire, tu laisses trop d’écart ! » Je le sais, et c’est quelque chose que j’essaye de combler.

Tu étais trop jeune pour le voir jouer, mais c’était quel type de joueur ? 

Quand je jouais avec lui, j’étais choqué. On faisait des matchs de charité quand j’étais petit, il en imposait. C’était un milieu de terrain fort dans le duel, avec une bonne vision du jeu, très costaud. Bon, maintenant, ses genoux sont morts, je lui mets la misère. (Rires.) 

Le papa footballeur, ta maman était handballeuse, quelle place ça occupait le sport chez les Assignon ? 

Il n’y avait pas un mercredi sans sport, c’était impossible. Quand je vois les petits aujourd’hui, encore plus avec les écrans, qui ne font pas de sport, je ne comprends pas. Ma mère me proposait d’aller au catéchisme : non, c’était foot. Tout le temps foot. On ne regardait pas beaucoup les matchs à la maison, mais il y avait toujours un ballon pour jouer. Et le samedi soir, on allait voir ma mère jouer au hand. On se faisait engueuler avec mes frères parce qu’on jouait à côté, et ça nous arrivait d’envoyer le ballon sur le terrain en plein match. On cassait le rythme, ma mère s’embrouillait avec ses coéquipières ! (Rires.) Après, elle avait ses études et les enfants à gérer, elle a dû faire un choix, car ça lui faisait des trop longs déplacements.

 

Ton père a aussi fait une pige au Koweït à la fin de sa carrière. Ça t’a marqué, son absence ? 

Avec le recul, oui. Sur le moment, je n’ai pas trop de souvenir, juste celui de cette maison où j’ai passé beaucoup de temps avec ma mère et ma grand-mère, mais pas avec mon père. Surtout qu’à l’époque, il n’y avait pas la technologie comme FaceTime, on ne pouvait pas le voir. Même regarder ses matchs, c’était impossible. Je ne dirais pas que je l’ai mal vécu, mais je sais juste qu’il n’était pas là.

Et maintenant, tu te sens comment de devoir faire des choix avec une famille à côté ? 

Mon approche est très claire. Dès que j’ai rencontré ma femme, c’était dans le « contrat ». Le foot, c’est dix ans, et je veux profiter de ma carrière. Elle est prête à déménager tous les six mois s’il le faut. Elle m’accompagne, elle n’a peur de rien, ça aide aussi d’avoir une personne comme ça dans sa vie. J’ai mis de l’émotion, de l’énergie et du temps dans tout ce que j’ai construit, on ne peut pas me dire qu’on ne part pas en Angleterre ou en Allemagne à cause de la météo. Après, on verra la suite quand les enfants seront à l’école, ça aura du poids dans les décisions.

Parfois, je me dis qu’au moment où ça s’arrêtera, je vais faire une dépression.

C’est plus facile de prendre conscience de sa chance quand on arrive un peu plus tard que d’autres dans le foot pro ? 

Pour le comprendre, il faut vivre toutes ces choses. Parfois, je me dis qu’au moment où ça s’arrêtera, je vais faire une dépression. C’est compliqué de se dire qu’il y aura une fin à tout ça.

Tu penses vraiment à la fin à 24 ans ? 

On parle avec des joueurs de tout âge ! Quand je vois « mon vieux », comme on appelle Steve Mandanda, je me dis qu’il est bientôt sur la fin. Il le sait, on en discute. Les anciens disent de ne pas trop y penser et que ça se fera naturellement. Je ne vais pas pouvoir arrêter le foot et aller voir un match, c’est impossible. Le stress quand tu rentres dans le vestiaire, les gens en train de crier ton nom, la vie de groupe, et d’un coup tout est fini. Ça me fait peur. Tu vois des joueurs que tu as connu et qui sont retombés dans l’anonymat. C’est pareil pour plein de métiers. On lit aussi, par exemple, que c’est dur pour les chirurgiens quand ils arrêtent et qu’ils perdent l’adrénaline d’une opération. Je veux me préparer, mais aussi que ce soit naturel. J’ai envie de profiter, de laisser une trace. Comme Steve. Laisser sa trace dans le foot, ça doit être cool. Laisser des images.

Qu’est-ce que tu penses avoir laissé comme trace ou images pour l’instant ? 

Je n’ai encore rien fait dans le foot. Il faut gagner des trophées, être beaucoup plus important, faire plus de passes décisives, être plus propre. Être un joueur extraordinaire, en fait. C’est pour ça que je me tue sur le terrain, en salle et sur tout ce qui peut faire la différence en dehors.

Ton but contre Larnaca, élu plus beau de la Ligue Europa 2022-2023, c’est quand même une image sympa, non ?

Ah bah ça, en plus à la dernière minute. C’est comme dans tes rêves, quand tu t’endors et que tu te dis : « Putain, j’aimerais bien libérer mon club à la dernière minute. » Si ça avait été à Rennes, je me serais mis à poil. (Rires.)

Tu as un plan de carrière dans la tête ? 

J’ai des rêves, gagner des titres, etc. Si j’avais dix carrières, j’en aurais fait une à Rennes, comme Danzé, c’est sûr. C’est ma ville, mon club, c’est dans mon cœur. Il y a mon frère, après j’enverrais mon fils, il y aura toujours un Assignon. (Rires.) J’ai aussi envie de découvrir certains pays, certaines cultures du foot. L’Angleterre, ça n’a rien à voir avec la France, ça donne envie de savoir comment ça se passe dans le foot allemand, italien, espagnol. Il y a trop de choses à apprendre.

Mandanda, le baisser de rideau du Fenomeno

Propos recueillis par Clément Gavard, à Rennes

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