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Lollichon: « Un cigare et un cognac, à 3h du matin, avec Petr et Drogba »

Propos recueillis par Martin Grimberghs
Lollichon: «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Un cigare et un cognac, à 3h du matin, avec Petr et Drogba<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Le 14 septembre 2004, Peter Čech découvrait le Parc des Princes et fêtait son premier match de C1 avec Chelsea. 10 ans après, le Tchèque retrouve le PSG et s'est entretemps imposé comme l'un des plus grands gardiens. Le fruit d'un travail acharné, mais aussi d'une belle rencontre. Celle de Christophe Lollichon, son coach depuis Rennes.

Le 14 octobre 2006 contre Reading, Petr est victime de ce violent choc à la tête. Vous n’êtes pas encore à Chelsea. Comment se passe cette relation à distance à l’époque ?

On était resté en contact quasi-permanent depuis son départ de Rennes (en 2004,ndlr). Quand j’ai appris pour l’accident, ce fut un choc. Dans les deux jours qui ont suivi, on ne savait pas ce qui allait se passer. J’ai pris beaucoup de renseignements auprès de ses proches et je me suis déplacé chez lui trois semaines après l’accident pour passer le week-end avec lui. Je vous rappelle qu’après l’accident, les médecins voulaient d’abord lui sauver la vie. Après, l’objectif était d’en faire un homme qui retrouve tous ses moyens et puis petit à petit de faire en sorte qu’il rejoue au football. Le délai était d’un an. Comme Petr Čech ne fait rien comme les autres, il a réduit ce délai à trois mois. Et donc oui, on se téléphonait régulièrement. Quand j’ai été le voir sur place, on a reparlé du pépin, mais on n’allait pas passer deux jours dessus. On a revu un peu les images, mais on a surtout parlé de tout et de rien avec son épouse, qui était là aussi. Un moment d’échange, sur les choses de la vie, les choses du football. Quand tu sors d’un moment aussi préjudiciable et délicat que celui-là, tu n’as pas besoin d’en parler 24 heures sur 24. Il y a quelque chose d’important qui s’est passé entre nous depuis qu’on s’est connus à Rennes. Une complicité, une connaissance de l’autre, un respect mutuel. Ce n’est plus une relation d’entraîneur à entraîné, c’est une vraie relation humaine, une forte relation humaine.


Justement, en 2002, quand Petr arrive à Rennes, quels sont vos premiers rapports avec lui ?

Je me souviens de son premier match amical, qui devait être à Deauville. À l’époque, on ne faisait que se croiser sur le parking (Christophe Lollichon est alors au centre de formation, ndlr), on discutait et il y avait déjà des choses qui étaient communes, des envies de partager. Bref, à la fin de cette première présaison, il y a un match amical contre Le Havre et moi, je suis partisan des gardiens qui jouent haut, un peu comme des « libéros » . Et à la mi-temps, je sens que Petr n’est pas à l’aise avec cette position haute, il était toujours en train de regarder son but. Du coup, je demande à l’arbitre si je peux mettre de l’ « élasto » (du ruban adhésif, ndlr) dans la continuité du but. Je fais comme s’il y avait un but sur les 5,50, la ligne du point de penalty et les 16, 50 pour savoir où Petr se situe par rapport à son but. Ce qui est génial, c’est que dès la seconde mi-temps, il a synthétisé les informations et tout de suite pris les repères qu’il fallait. Il était en passe de devenir un grand gardien.

En 2007, vous le rejoignez à Chelsea. Une demande de sa part ?

J’étais sur une place rennaise en train de manger dehors avec ma famille et tout d’un coup, je reçois un texto. Pas un texto de 10 lignes hein. Il en faisait 5 : « Salut, Christophe, c’est Petr. José Mourinho et son staff ont été virés. Est-ce que ça vous intéresse de venir à Chelsea ? » Je réfléchis d’abord parce que j’étais très bien à Rennes et que je n’ai pas pour habitude de quitter un club en pleine saison. Pour vous dire clairement, j’ai donné le téléphone à ma femme pour qu’elle le lise, pour être sûr que je ne m’étais pas trompé parce que c’est quand même très excitant de pouvoir aller en Angleterre, à Chelsea. J’en ai parlé dans mon entourage professionnel à très peu de personnes, parce que je ne voulais pas que cela se sache. Petit à petit, les gens m’ont dit que je ne pouvais pas refuser. Ça ne m’a pas éclairci, mais ça m’a tranquillisé.

La victoire aux tirs au but en Ligue des champions en mai 2012 contre le Bayern Munich, c’est LE moment de vos carrières respectives ?

C’est un moment unique pour lequel on a beaucoup bossé. Mais c’est surtout la résultante d’un travail de groupe avec les trois autres gardiens et moi. C’est tout simple, ça m’a coûté beaucoup de sommeil, mais c’est tout simple. En demies, contre le Barça, j’avais analysé chacun des 63 buts marqués par Messi jusque-là. En finale, contre le Bayern, on a remis ça avec toute la ligne offensive. Moi, j’ai analysé tous les attaquants, mais j’avais demandé à chacun de mes gardiens remplaçants de se fixer sur un joueur. Ce qui est génial, c’est que le jour du match, on se réunit dans ma chambre sur mon rétroprojecteur pendant 45 minutes et qu’ils avaient tous fait un super travail, qu’ils ont présenté à Petr. 45 minutes de bonheur. C’est un moment très fort, en parfaite intimité. Moi, je m’étais quand même payé l’ensemble des penaltys tirés par le Bayern depuis 2007, ça représentait 29 minutes 30 de penalty. Du coup, quand on arrive au match, on sait qu’on n’est pas les favoris, mais qu’on a fait le taf. Quand on arrive à la séance des tirs au but, Čech vient vers nous et dit : « Alors ? » , Hilario, le gardien portugais, lui dit : « Eh ben voilà, tu sais tout maintenant, c’est ton talent qui va faire la différence et nous faire gagner la Ligue des champions. » C’est beau, c’est vachement beau, c’était une très belle aventure humaine.

Hormis l’aspect sportif, comment faire pour préparer mentalement un gardien à de tels moments de pression ?

La vraie différence, c’est que Petr a une capacité de concentration hors norme. Il nous a raconté ça avec un cigare et un bon cognac à trois heures du matin avec Didier Drogba dans le salon de l’hôtel où on était ce soir de finale, ça m’a marqué. Il nous a expliqué que quand la séance a commencé, le stade a disparu, à savoir qu’il n’avait plus dans son champ de vision que le ballon et le joueur. Il a évacué tout ce qui pouvait polluer sa concentration. Ça résulte d’un vrai boulot: travailler sur la focalisation de l’évènement, sur la concentration sur son propre corps, un groupe musculaire ou une image. On bosse aussi avec un spécialiste français qui vit à Londres sur sa vision centrale et sa conscience périphérique. Ce n’est définitivement pas le hasard, on bosse pour être performant le jour J. Des fois, ça fonctionne moins bien, des fois, ça fonctionne parfaitement, comme ce soir-là à Munich.

Et la séance de tirs au but contre United en finale de la C1 2008 où Čech arrête un péno de Ronaldo, en vain…

Ronaldo, on savait. Il y avait deux issues possibles. Ou il ralentissait, parce qu’il ralentit toujours sa course, le gardien s’en va d’un côté et il tire de l’autre, ou il ralentit, mais le gardien ne bouge pas et il tire sur son côté favori, sur la droite du gardien. C’est ce qu’il s’est passé, donc c’était une déduction. Après, on était très déçu, mais on peut pas gérer la glissade d’un joueur ou le sixième tireur qui est mentalement pas prêt à tirer. Ça, ça dépasse nos fonctions.

Le match référence de Petr, ça reste ce 18 avril 2012 à Stamford Bridge contre le Barça en demi-finale aller de la C1 (1-0) ?

Là aussi, on avait bossé. On sait que Messi proche du gardien, normalement il aime bien tirer dans les pieds. C’est pour ça que sur ce match, Petr a cherché à adopter une position de gardien de hockey et ça a marché deux, trois fois. Mais il y a plein de choses. Il faut chercher le détail, voir le regard d’Iniesta qui cherche le lob, c’est tous ces petits trucs qui ne sont pas forcément des erreurs, mais qui permettent de faire des matchs presque parfaits.

Et puis il y a ce 6 mai 2009 et ce but d’Iniesta justement.

C’est terrible. On était tous abattus. Ce n’est pas la peine d’aller chercher quelque chose dans ces moments-là. Il faut faire preuve de résilience et surtout ne pas reparler tout de suite du match parce que parler à Petr à ce moment-là, c’est parler à un mur et ça ne sert à rien. Sur le but en lui-même, la frappe est magnifique. Petr, lui, est bien placé, au bon endroit pour avoir la bonne vision. Peut-être que s’il était un mètre plus en avant, il aurait pu la toucher, la détourner, je n’en sais rien.


Il y a un arrêt qui t’a particulièrement marqué ?

Oui, un arrêt improbable sur une tête d’Andy Carroll lors d’un Chelsea-Liverpool (2-1, ndlr) en finale de FA Cup 2012. Il fait une tête et beaucoup pensent que Petr dévie le ballon sur la transversale et que le ballon rentre. Ce n’est pas le cas, c’est un arrêt incroyable qui mélange beaucoup de choses, dont la prise de décision et l’importance du moment.


Qui est le gardien qui lui ressemble le plus aujourd’hui ?

Il y a un gardien dans son style qui me fait penser à lui, mais qui n’est pas à son niveau. L’ancien troisième gardien de Liverpool, aujourd’hui au Red Bull Salszbourg, c’est un Hongrois, Péter Gulácsi. Dans la ressemblance, c’est lui ; dans la compétence, c’est Thibaut Courtois. Je ne dirais pas que c’est le nouveau Petr Čech parce qu’il est inimitable, mais c’est celui qui sera l’un des tout meilleurs gardiens du monde. Après, Petr n’a besoin de rien pour se motiver. Ni de concurrence ni de comparaison parce que Petr n’a qu’une envie: être le plus performant au jour le jour. Thibaut Courtois ne changerait rien pour lui.

Propos recueillis par Martin Grimberghs

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