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L’Italie s’est perdue à Wembley

Par Éric Maggiori, qui va désormais supporter la Serbie
L’Italie s’est perdue à Wembley

Vainqueur de l'Euro en juillet dernier, l'Italie de Mancini est ce soir officiellement out pour le prochain Mondial. Un échec cuisant, retentissant, aussi bien des joueurs que du sélectionneur. Un sélectionneur qui avait atteint le nirvana à Wembley, mais qui n'a pas trouvé le chemin retour.

C’était la soirée parfaite. Gigio Donnarumma qui arrête le penalty de Bukayo Saka, les joueurs italiens qui se mettent à courir vers lui, le portier qui comprend avec un temps de retard. Puis l’explosion. Ce 11 juillet 2021, à Wembley, l’Italie touche du doigt les étoiles. Après avoir sorti la Belgique et l’Espagne, elle bat le vrai-faux pays organisateur sur sa pelouse, et remporte son premier Euro depuis 1968. La fête fut belle, à la hauteur de l’attente. Elle s’est poursuivie pendant plusieurs semaines en Italie, malgré le contexte de crise sanitaire. Sauf que huit mois plus tard, le constat est terrible : l’Italie est restée à Wembley. Pire, l’Italie de Mancini est morte à Wembley. Morte sur les planches. Tout ce qu’avait réussi à créer le sélectionneur en trois ans, après le fiasco du barrage contre la Suède en novembre 2017, s’est évaporé. Pouf, fini, ciao. Il était évidemment impossible de l’imaginer à ce moment-là, tant le groupe italien avait semblé solide, sûr de sa force et construit intelligemment et méthodiquement. Cette Italie ressemblait à une forteresse, elle était en réalité un château de cartes, que le premier coup de vent a envoyé valser.

Un penalty raté, puis deux, puis trois

Quand tout cela a-t-il commencé ? Ou plutôt, quand tout cela s’est-il terminé ? Certains diront que l’Italie s’est éteinte quelques secondes avant de remporter l’Euro. Très précisément à l’instant où Jorginho a vu son penalty stoppé par Jordan Pickford. Lui qui n’en ratait jamais, lui qui avait envoyé l’Italie en finale sans trembler, lui qui s’apprêtait à réaliser le doublé C1-Euro, s’est fait hypnotiser par le portier d’Everton. Dans les têtes, à froid, ce n’est pas tout à fait pareil de remporter une compétition internationale en inscrivant soi-même le dernier tir au but, que de s’en remettre à son gardien. Le résultat est le même sur le palmarès, mais force est de constater que cet échec va provoquer un incroyable effet papillon sur le parcours italien lors des mois suivants.

En effet, le 5 septembre, à peine deux mois après la finale, Jorginho manque à nouveau un penalty face à la Suisse. À ce moment-là, encore, cela semble anecdotique, les médias préférant louer le fait que les Italiens battent là le record de match sans défaite pour une nation. L’arbre qui cache la forêt. Et puis, il y a ce 12 novembre, ce match retour face aux Suisses, ce coup-ci décisif, et cette 90e minute. Berardi obtient un penalty, Jorginho se présente à nouveau face à Yann Sommer. C’est la balle de la victoire, la balle de la qualification. Qu’y avait-il à ce moment-là dans la tête du joueur ? À quel point ses deux derniers échecs dans l’exercice ont pesé ? Le fait est que son penalty a été envoyé dans le ciel de Rome, et la qualif’ pour le Qatar avec. L’Italie n’a plus marqué le moindre but depuis, en 180 minutes, face au 54e et au 67e du classement FIFA.

56 tirs lors des 3 derniers matchs, 1 but (de la tête)

Évidemment, résumer le fiasco italien aux échecs sur penalty de Jorginho serait réducteur. Et flatteur pour le reste de l’escouade. Car personne, dans cette équipe, n’est à sauver. Les héros de Wembley ont réussi à s’autodétruire, à s’autodécrédibiliser. Ils étaient ceux qui avaient relevé l’honneur italien, ceux qui avaient prouvé que, non, le football italien n’était pas mort, malgré 2010, malgré 2014, malgré 2017. Ce même groupe a réussi, en moins de huit mois, à pratiquement effacer tout le bon et le beau qu’il avait accompli. Et quand on parle du groupe, on parle des joueurs, bien sûr, mais aussi, et surtout, du sélectionneur. Car cet échec retentissant est bien celui de Roberto Mancini. Il est d’ailleurs autant l’échec de Mancini que la victoire à l’Euro était la sienne. Mais le Mancio aussi est resté à Wembley. Il y a bouclé sa boucle. Lui qui y avait perdu la finale de Ligue des champions en 1992 contre le Barça, avec la Samp et avec Vialli, se retrouvait là, au même endroit, avec le même Vialli, pour remporter l’Euro avec son pays. Le chant des victorieux avait ainsi chassé les fantômes du passé, mais force est de constater que les victorieux se sont eux-mêmes transformés en fantômes, dans les entrailles de Wembley.

Comment Mancini n’a-t-il pas réussi à mener ses troupes au Qatar ? Comment a-t-il fait pour ne pas réussir à battre la Suisse (à deux reprises), la Bulgarie et l’Irlande du Nord ? Une seule victoire lors de ces quatre matchs aurait suffi. Pas quatre. Pas trois. Pas deux. Une seule. L’Italie en a obtenu zéro, et a continué sur sa lancée face à la Macédoine. Lors de toutes ces rencontres, le même refrain. L’Italie impose son jeu, l’équipe adverse défend bas, et l’Italie se retrouve incapable de créer véritablement du danger. Des situations chaudes, oui. Quelques occasions, oui. Mais un jeu tellement prévisible, tellement facile à lire que les défenseurs macédoniens ont tous semblé des Beckenbauer. La finition des attaquants italiens est catastrophique, chiffres à l’appui : lors de leurs trois derniers matchs officiels, les Azzurri n’ont inscrit qu’un seul but… sur coup de pied arrêté. Face à la Suisse, 11 tirs, 1 but (de la tête, inscrit par un défenseur). Face à l’Irlande du Nord, 13 tirs, 0 but. Face à la Macédoine, 32 tirs (!), 0 but. S’est-elle vue trop belle après l’Euro ? A-t-elle été trop arrogante ? S’est-elle entêtée dans ses idées sans se remettre en question ? Ou est-ce là un brutal retour à la réalité, après une parenthèse enchantée l’été dernier ? Un peu de tout ça, certainement.

Où sont les joueurs en forme ?

Il n’est pas là question de retourner sa veste. En juillet, l’Italie a gagné, et a mérité ses louanges. Ce jeudi 24 mars, elle a perdu, et mérite tout autant les reproches et les coups de fouet. Mancini en tête. Certains de ses choix feront discuter dans les jours à venir. Face à la Macédoine, et en l’absence de Chiesa, blessé, l’Italie a cruellement manqué d’un joueur capable de provoquer et de sauter son adversaire direct en un contre un. Actuellement, les joueurs en Italie qui ont les jambes pour le faire se nomment Mattia Zaccagni et Nicolo Zaniolo. Convoqués par Mancini, les deux ont été envoyés ce jeudi en tribunes. Pourquoi ? Pour faire jouer João Pedro pendant quatre minutes, sérieusement ? Au-delà de ça, Mancini s’est entêté avec des choix pourtant contestés et contestables, préférant miser sur ses « héros de Wembley » que sur les joueurs les plus en forme du moment. Insigne, Barella, Emerson, Immobile, Jorginho, Donnarumma, six joueurs pourtant titulaires lors de la finale de l’Euro, ont tous semblé complètement à côté de leurs pompes ce soir. Était-ce prévisible ? C’est toujours plus simple à dire après coup, mais, oui, c’était prévisible. Et il suffisait en réalité de regarder les résultats de l’Italie depuis son sacre pour s’en convaincre.

Depuis Wembley, et avant la Macédoine, la Nazionale avait disputé sept matchs toutes compétitions confondues. Bilan : deux victoires, quatre nuls, une défaite. Les deux victoires avaient eu lieu contre la Lituanie (5-0) et la Belgique en Ligue des nations (2-1). Lors de ces deux rencontres, Roberto Mancini avait aligné des habituels seconds couteaux : Kean, Raspadori, Cristante, Bernardeschi, Pessina… Ils avaient tous brillé (doublé pour Moise Kean, but pour Raspadori), là où les titulaires ont franchement tiré la langue (pour ne pas dire plus) lors des autres matchs. Peut-être parce qu’ils sont restés coincés à Wembley… Encore eut-il fallu le voir, le comprendre, et apporter du changement pour insuffler tout de suite une nouvelle dynamique. Il est désormais trop tard pour y remédier. L’Italie reste encore à la maison, les portes de Wembley sont restées fermées, et celles du Qatar aussi. L’Italie s’est perdue en chemin, et ça fait sûrement bien marrer Jordan Pickford.

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