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Rulli, la boussole olympienne

Par Léna Bernard, à Marseille
5 minutes

Des arrêts à la pelle à Madrid, une prestation solide contre le PSG et un début de saison pour confirmer que Gerónimo Rulli a pris la mesure de son costume de gardien de l’OM. Longtemps en quête d’un grantatakan, Marseille peut compter sur un grand portier. Suffisant pour s’offrir une belle aventure en Ligue des champions ?

Rulli, la boussole olympienne

Privé de Ligue des champions depuis trois ans, le Vélodrome va de nouveau sentir le parfum des grands soirs d’Europe avec la réception de l’Ajax Amsterdam ce mardi. Une rencontre qui aura une saveur toute particulière pour Gerónimo Rulli, passé dans les rangs amstellodamois avant de rallier la Provence la saison dernière au terme d’une expérience contrastée aux Pays-Bas. Depuis, le natif de La Plata s’est métamorphosé sous la tunique olympienne, devenant l’un des piliers de Roberto De Zerbi sur et en dehors du terrain.

Leader maximal

Arrivé sur la pointe des pieds du côté de Marseille, il n’a pas mis longtemps à mettre les supporters dans ses gants en détournant dès la première journée de championnat le penalty de Romain Del Castillo la saison dernière. Pour le grand retour de l’Olympique de Marseille en C1 face au Real Madrid, le champion du monde argentin a longtemps retardé l’échéance en réalisant pas moins de dix arrêts en première période. Il s’est incliné deux fois face à Kylian Mbappé, sur penalty. Il a ensuite récidivé face au Paris Saint-Germain moins d’une semaine plus tard, laissant cette fois sa cage inviolée. Après avoir remporté la Ligue Europa avec Villarreal en 2021, Rulli connaîtra pour la première fois le Vélodrome dans son apparat européen ce mardi soir. « Je veux profiter de la Ligue des champions ici au Vélodrome », assurait-il à Téléfoot en fin de saison dernière.

Un niveau stratosphérique qui ne surprend pas Michel Der Zakarian qui l’a eu sous ses ordres lorsqu’il évoluait à Montpellier, prêté par la Real Sociedad, lors de la saison 2019-2020 : « Il dégageait beaucoup de sérénité, il avait une très bonne lecture du jeu, toujours bien placé. Il anticipait beaucoup, dans son jeu au pied, c’était un régal. C’était un super mec : mentalité, travail, un vrai leader de la défense. » Leader sur le terrain, il n’hésite pas à donner de la voix pour guider ses partenaires, mais également dans les vestiaires. Parfois un peu trop, comme lors de la défaite face à Rennes (0-1) lors de la première journée du championnat où il a reproché à Jonathan Rowe son manque d’implication sur le rectangle vert. Une remontrance qui a fini en bagarre entre l’international espoir anglais et Adrien Rabiot, venu au départ pour calmer les esprits et avec comme épilogue le départ des deux protagonistes. Une situation qui a affecté le portier olympien, très proche de Rabiot, mais qui a finalement démenti en conférence de presse avoir voulu quitter le club : « C’est un mensonge. »

Un gardien en osmose avec les principes de jeu de De Zerbi

S’il a apporté un début de réponse lors de sa prestation face au Real Madrid, pour Christophe Lollichon, entraîneur des gardiens de Dunkerque qui a notamment remporté la Ligue des champions avec Chelsea lorsqu’il entraînait outre-Manche, la force de Rulli est d’être en parfaite harmonie avec les principes de jeu prônés par Roberto De Zerbi : « C’est un gardien qui correspond tout à fait au modèle de jeu de De Zerbi, c’est ça qui est important. Il a pris Rulli, qui est un gardien proactif, qui aime être en anticipation, qui a une très bonne lecture de jeu, et il l’a prouvé notamment lors du match contre le Real. Le fait d’avoir voulu Rulli, ça apporte plus sur l’aspect défensif, mais pas seulement, ça apporte plus aussi dans le domaine de la relance courte, la construction, la possession, les temps de possession. Et puis il a la capacité aussi à jouer long avec un dégagement long qui est très intéressant. »

C’est un gardien qui correspond tout à fait au modèle de jeu de De Zerbi, c’est ça qui est important. Il a pris Rulli, qui est un gardien proactif, qui aime être en anticipation, qui a une très bonne lecture de jeu.

Christophe Lollichon

Selon l’ancien mentor de Petr Čech, les clés pour qu’un gardien soit performant en Ligue des champions sont les suivantes : « Il faut cette capacité à traiter l’info très vite, à déplacer sa concentration sur toutes les différentes faces que va comporter un match de foot. Il faut avoir cette capacité à rester focus, concentré sur différentes choses en fonction du moment du match. »

Face au Real, même s’il a effleuré le ballon sur le deuxième penalty tiré par Mbappé, Rulli n’a pas pu faire parler l’un de ses talents : détourner des penaltys. Un talent qui a souvent fait défaut à ses prédécesseurs. Si Der Zakarian évoque « la sérénité » de son ancien protégé et sa capacité « d’anticipation », selon le tacticien, son véritable atout réside dans son placement : « Il analysait les vidéos, il savait qui il allait avoir en face de lui. Et puis il était malin dans son placement pour amener les joueurs à frapper où il voulait. » Pour Christophe Lollichon, c’est « son relâchement » qui fait sa force. « Il n’est pas du tout stressé, il est très relâché, donc il n’y a pas d’éléments polluants qui vont le freiner dans ce qu’il va faire ou dans ce qu’il sait devoir faire. Quand un gardien travaille en réelle collaboration avec son coach gardien pour chercher les failles, les points dans l’analyse du tireur dès lors qu’il va se préparer à tirer, c’est du traitement d’infos, et que vous êtes relâchés comme l’est Rulli dans ce type de situation, vous gagnez un petit peu en efficacité », analyse Lollichon.

À 33 ans, Rulli semble désormais à l’apogée de sa carrière et pourrait bien entrer encore plus dans les cœurs marseillais en cas d’épopée européenne ou d’un titre (peu importe lequel) en fin de saison, comme il l’a avoué lui-même avant le Classique : « Mon objectif personnel est de donner une meilleure version de moi-même par rapport à la saison dernière. Je travaille tous les jours pour aider l’équipe, atteindre nos objectifs collectifs et pourquoi pas accrocher un trophée. » Des ambitions logiques lorsque l’on porte le même prénom qu’un célèbre chef de tribu amérindienne, symbole de résistance et de résilience.

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Par Léna Bernard, à Marseille

Tous propos recueillis par LB, sauf mentions.

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