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Lui, président ?

Par Matthieu Darbas

Au FC Porto, André Villas-Boas a absolument occupé tous les postes jusqu'à compter parmi les légendes du club. L'été prochain, le Portugais de 46 ans pourrait se lancer dans le plus grand projet de sa vie : devenir président des Dragons. Sauf qu'il y a déjà quelqu'un en place depuis 1982, et que cette idée ne plaît pas à tout le monde.

Lui, président ?

Petit voyage dans le passé. En juin 2020, alors que le monde du football est à l’arrêt à la suite de l’émancipation malheureuse du coronavirus, André Villas-Boas est appelé aux urnes du côté du FC Porto. Masque au bout du nez, gestes barrière, celui qui occupe alors le poste de coach de l’Olympique de Marseille prend la route des bureaux de vote de l’Estádio do Dragão pour défendre le mythique président Jorge Nuno Pinto da Costa dans une nouvelle élection. « Il a fait de ce club le plus grand du Portugal et a cette force de lier stabilité économique et résultats sportifs depuis le début de son mandat en 1982 », indique-t-il dans la queue au milieu de tous les socios des Dragons. Mais AVB ne cache pas son envie d’occuper ce poste plus tard dans sa carrière. « En 2015, alors que j’étais en Russie, quelqu’un qui travaille toujours au FC Porto m’a envoyé un message en disant : “Je sais qu’un jour tu seras président du FC Porto !” Je n’y avais alors jamais pensé, mais mon cœur et mes émotions m’ont tout de suite fait ressentir que c’était un destin que je devais accomplir. »

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Deux jours plus tard, Pinto da Costa sera élu une nouvelle fois, sans grande surprise, avec 69% des voix, surpassant comme d’habitude les deux autres listes électorales. Ayant eu écho des propos de celui qui a été recruteur, analyste vidéo, entraîneur adjoint et entraîneur principal de son club, l’homme de 81 ans laisse un message à AVB à la fin de son discours : « Je ne pourrais pas me présenter si quatre noms importants de l’histoire du FC Porto décidaient de candidater à une future élection. António Oliveira est l’un d’entre eux, tout comme André Villas-Boas, Vítor Baía ou Rui Moreira. Et si j’avais à le faire, je me sentirais honoré de faire face à de tels candidats. »

La campagne est lancée

Retour en 2023. Au 26 octobre dernier très précisément. Date à laquelle André Villas-Boas a décidé de repointer le bout de son nez pour évoquer cette fameuse potentielle candidature à l’élection présidentielle du FC Porto en 2024. Si ces derniers mois, l’entraîneur portugais avait laissé planer le doute autour de son avenir lors de conférences données à droite à gauche, il n’a jamais été aussi certain que cette semaine. « Le FC Porto doit se préparer à prendre un nouveau virage. Être candidat est une possibilité. Mais c’est une décision qui demande beaucoup de réflexion, mais c’est le chemin que je veux suivre », lance AVB au micro du média portugais Tribuna Expresso. Loin du bord des terrains depuis le début du printemps 2021, le Portugais de 46 ans s’est rapproché des bureaux et de tous les endroits de prise de décision quant à l’avenir d’un club.

Si je suis candidat, c’est que je viens avec une idée bien construite de ce que sera la vie future du FC Porto. Tout sera pensé étape par étape, bien pensées, structurées, avec rigueur.

AVB

Observation, formation et échanges avec des dirigeants qu’il a pu croiser tout au long des quinze années de sa carrière de coach, voici le beau cocktail que boit Villas-Boas depuis quelques années. Mais alors pourquoi reste-t-il encore dans le flou ? « J’ai le défaut d’être très exigeant avec moi-même, et les postes de cette taille nécessitent une préparation dans tous les aspects. L’aspect sportif est en moi, car j’ai entraîné toutes les équipes de ce club, des jeunes à l’équipe principale. Mon but est donc de me spécialiser dans les tâches que je ne maîtrise pas, comme je me suis spécialisé dans les tâches que je ne maîtrisais pas auparavant pour tous les postes que j’ai endossés », confie AVB. Il faut donc encore du temps pour se préparer, et l’ancien entraîneur de l’OM l’assure : il se rendra aux bureaux de vote dans un an, qu’il soit candidat ou non. « Mais si je le suis, c’est que je viens avec une idée bien construite de ce que sera la vie future du FC Porto. Tout sera pensé étape par étape, bien pensées, structurées, avec rigueur. » Dans l’autre partie de l’interview publiée le lendemain, André Villas-Boas a d’ailleurs pointé du doigt des cases non cochées par Pinto da Costa : « L’entrée du FC Porto dans le football féminin est urgente ! C’est une honte et ce sujet devrait être un point d’honneur à son mandat depuis longtemps. Tout cela correspond à des années de retard et à un manque de vision et d’anticipation. Et ça peut être lié au manque d’infrastructures pour l’accueillir. Porto se doit de créer tous les centres de formation pour le football féminin. » Preuve qu’il a déjà pensé à ses fameuses étapes. Une sortie qui témoigne aussi du début du combat contre son possible futur adversaire. Hasard ou pas, la majorité des médias portugais comme Record, se sont tous accordés à dire dès le 28 octobre dernier que Villas-Boas sera sur la liste électorale dans huit mois. De quoi enflammer le dragon.

André Villas Boas et Pinto da Costa en 2012.
André Villas Boas et Pinto da Costa en 2012.

Une candidature pas forcément bien accueillie

Celui qui paraît être l’homme idéal pour reprendre les rênes du club et succéder à Pinto da Costa a peut-être déployé ses cartes trop tôt. Ses déclarations et donc sa potentielle prise de position ont du moins suscité un important émoi dans la ville de la Francesinha au nord-ouest du Portugal. Surtout le passage où ce jeune ambitieux n’a pas caché – publiquement – son envie de faire face au monarque du club. « Non, ce n’est pas la présence de Pinto da Costa qui m’empêcherait de présenter une candidature, avait-il annoncé de manière culottée. Je pense à l’avenir de ce club, et je suis persuadé que chaque candidat doit avoir une connaissance de la culture et des valeurs du FC Porto. J’ai le plus grand respect pour lui, mais je me dois d’être prêt à le remplacer si tel est le souhait des socios. » Seulement voilà, les socios n’en veulent pas.

Évidemment que Villas-Boas est le parfait candidat pour l’après Pinto da Costa. Mais faire face à notre président serait un énorme manque de respect !

Macaco, leader des Super Dragões

« Évidemment que Villas-Boas est le parfait candidat pour l’après Pinto da Costa. Mais faire face à notre président n’a pas de sens. Je ne peux pas le concevoir ! » Appelé à réagir aux propos d’AVB au micro du Jornal de Notícias, Fernando Madureira, aka Macaco, leader des Super Dragões, a totalement balayé l’idée de défendre le tacticien qui a ramené un triplé historique au club (championnat, coupe et Ligue Europa, NDLR) en 2011. « Cela serait un énorme manque de respect ! Tout Portista doit soutenir Pinto da Costa à vie. Par gratitude déjà, et pour tout ce qu’il a déjà donné et continue de donner au FCP. Il doit être notre président jusqu’au jour où il nous quittera ! Et j’espère que cela perdurera jusqu’à ses 100 ans ! » Fermement agacé, Macaco emmène – malheureusement pour AVB – tous les socios avec lui à chaque prise de parole. Voilà donc un premier problème. Deuxième mauvaise nouvelle en plus de l’avis du représentant des ultras de Porto : celui de Sérgio Conceição. « Je suis attentif à toutes les questions qui impliquent le FC Porto, mais ce n’est pas à moi de commenter les propos d’un potentiel candidat, a pris soin de préciser l’entraîneur des Dragons depuis 2017, qui lui aussi fait l’unanimité auprès des amoureux du club à chaque sortie médiatique. André a marqué l’histoire du FC Porto, il est fan du club, et c’est pourquoi je respecte ses opinions et que j’ai lu une partie de l’interview. Mais pour moi, il a abordé un sujet qui n’en est pas un ». La partie d’échecs ne semble que commencer et les pions devraient bouger dans les prochaines semaines. Faut-il s’attendre à un match des générations ? À ce que Pinto da Costa tire sa révérence à la fin de la saison ? Au renoncement d’André Villas-Boas ? Cette dernière interrogation ne semble pas être une éventualité. « Je suis très attaché aux émotions, à l’intuition, au destin finalement », confiait l’entraîneur de l’OM à l’été 2020 au moment de se rendre au bureau de vote, avant de conclure : « Et il est rare que je n’accomplisse pas mon destin. »

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