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L’Espagne s’enflamme pour Casillas
Parmi ses héros, l’Espagne en a choisi un : Iker Casillas. Le portier madrilène serait le mieux placé pour aller titiller Messi et Cristiano Ronaldo dans la conquête du Ballon d’Or.
« Il est temps que le Ballon d’Or revienne à un Espagnol. » C’est la phrase à la mode, de l’autre côté des Pyrénées. Depuis 2008, l’Espagne a raflé une Coupe du monde, deux Euros, deux Ligues des champions et deux Ligues Europa. Jamais un pays n’avait dominé à ce point le football mondial. Rassasiés collectivement, la Roja et ses supporters veulent désormais la récompense individuelle suprême, ce Ballon d’Or qui leur échappe depuis 1960, quand le génial Luis Suárez (l’original) succédait au non moins génial Alfredo Di Stéfano. Ces derniers temps, les deux espagnols à pouvoir sérieusement y prétendre étaient Iniesta et Xavi, squatteur de la troisième marche du podium depuis trois ans. Mais le Barça n’a gagné ni Liga ni C1 la saison dernière, et les deux lutins catalans restent derrière l’intouchable Messi. Le nouveau favori national se nomme donc logiquement Iker Casillas, capitaine du Real Madrid champion d’Espagne et de la Roja championne d’Europe. Costaud.
« Son principal défaut, c’est d’être gardien de but »
Aussitôt le troisième trophée consécutif soulevé, l’Espagne est donc entrée en campagne pour son gardien de but. La presse (surtout madrilène), la sélection (sauf peut-être les Catalans) et les gardiens du pays se sont mis au diapason. Une argumentation en trois temps. Premièrement, il le mérite pour l’ensemble de son œuvre. « Pour sa trajectoire, pour tout ce qu’il a fait avec le Real et la sélection, il n’y a aucun doute sur le fait qu’il le mérite » , pose Miguel Reina, immédiatement suivi par Pepe, le fiston, et le goal de Manchester United, David de Gea. Deuxièmement, il y en a marre des attaquants. « Son principal défaut, c’est d’être gardien de but. On ne le leur donne jamais, il est systématiquement pour les buteurs. L’heure est venue qu’un gardien le gagne. C’est un des postes les plus difficiles du football, et c’est tout aussi difficile qu’on nous le reconnaisse » , continue l’ancien portier du Barca et de l’Atlético. Troisièmement, en plus d’être le meilleur à son poste, c’est un bon mec. « Il a toujours été exemplaire » , assure Del Bosque. Sur ce dernier point, Casillas soigne précautionneusement son image. Saint Iker ira en fin de semaine à Houston puis à Caracas, en tant qu’ambassadeur de la Liga, pour chanter les valeurs du sport aux plus petits. Et sans pipeau.
Lionel Messi et Cristiano Ronaldo menacés ?
Casillas peut-il vraiment devenir le deuxième gardien de but de l’histoire à recevoir ce trophée, après Lev Yachine en 1963 ? Oui, selon les internautes d’As, qui ont voté à 52% pour leur capitaine ; non, selon ceux de Marca, qui le classent second derrière Messi. Il est vrai que rares sont les joueurs du secteur défensif à avoir été couronnés. Après Yachine, ils n’ont été que trois : Franz Beckenbauer (deux fois, en 1972 et 1976), Matthias Sammer (en 1996) et Fabio Cannavaro (en 2006). Cette année-là, avec la saison qu’il est en train de réaliser, Casillas l’aurait gagné tranquillement. Mais depuis, deux joueurs hors-concours se sont installés dans le football mondial, démontant record sur record et, cette année encore, il sera difficile d’aller les chercher. « J’aimerais beaucoup que Casillas le gagne, mais je ne crois pas qu’il y arrivera. Pour moi, Messi est le meilleur joueur, c’est un artiste. Juste derrière, il y a Cristiano Ronaldo, et ensuite viennent les autres : Casillas, Pirlo, Buffon » , résume Dino Zoff, deuxième en 1973 derrière Johan Cruyff. Le seul point faible de Messi, c’est l’absence de titre majeur. Celui de Ronaldo, deux séances de tirs au but malchanceuses. Pour les griller tous les deux, Casillas ne sait pas bien ce qu’il pourrait faire de plus. Stopper un pénalty de Messi, le 7 octobre prochain au Camp Nou, peut-être.
Léo Ruiz