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Les supporters du Red Star continuent de croire en leur étoile

Par Loïc Bessière, à Saint-Ouen
Les supporters du Red Star continuent de croire en leur étoile

L’officialisation du rachat du Red Star par le fonds d’investissement américain 777 Partners ne passe toujours pas en Rino Della Negra. Ce dimanche 15 mai, les supporters se sont réunis à Saint-Ouen à l'occasion du Festi'Bauer, une kermesse de fin de saison organisée par le Collectif Red Star Bauer. Tous pensent encore pouvoir renvoyer les repreneurs à Miami et trouver un projet qui colle plus à leur ADN. Pour continuer de faire briller les valeurs du Red Star.

Comme souvent, « Veuch » est dans les gradins de Bauer. Cette fois, il n’est pas là pour encourager le Red Star. Ce dimanche, ce n’est pas match, c’est Festi’Bauer. Cette journée organisée par le Collectif Red Star Bauer est l’occasion pour les supporters audoniens de se retrouver sous le soleil en famille, mais aussi de parler du futur de leur club. Deux jours avant, ce qui devait arriver arriva : le Red Star et le fonds d’investissement américain 777 Partners se sont dit oui. Pour Veuch, qui vibre pour le Red Star depuis dix ans, le divorce avec le président Patrice Haddad est consommé : « On est en train de sacrifier le club tel qu’on le connaît, avec son histoire, celle qui fait qu’on le supporte. » C’est pour cette raison que le mois dernier, les supporters ont arrêté la rencontre de championnat contre Sète avec des lancers de fumigènes sur la pelouse. « C’était un cri du cœur. On était tristes et enragés. Pour nous, le Red Star, c’est toute une vie », rappelle le trentenaire.

Devant le stade, il flotte dans l’air une odeur de merguez et un vent de contestation. Non loin des grils, un homme assis à une table tient un micro. Il s’appelle Dimitri Manessis. Co-auteur du livre Rino Della Negra, footballeur et partisan, il est d’ailleurs vêtu d’un T-shirt floqué « Tribune Rino Della Nagra » . Il donne une conférence sur la vie de Jean-Claude Bauer, cet ancien résistant juif et communiste qui a donné son nom au stade. Quand ses études ont déraciné Dimitri du Stade des Alpes de Grenoble en 2017, il n’a pas hésité à épouser le logo du Red Star. « Mon grand-père, qui est grec, me parlait souvent du Red Star comme d’un club légendaire. Je suis tout de suite venu à Bauer et j’ai été pris aux tripes », raconte-t-il. Comme Veuch, il craint que cette vente aux Américains ne détruise les valeurs communistes du Red Star. « On avait des soupçons sur Patrice Haddad. On pensait qu’il y avait plus de mots que de contenus sur l’histoire et le côté populaire du club. Finalement, cette vente ne nous surprend qu’à moitié. » Après le fameux lancer de fumigènes, la petite annonce pour vendre le club dans Le Parisien et la tribune signée par des personnalités dans Le Monde, il promet que les ultras dionysiens en ont encore sous le pied et envisage « tous types d’actions. Il va falloir que l’on soit inventif. »

Gerard Piqué nous a envoyé un mail pour rencontrer les supporters.

Les ultras seront-ils toujours à Bauer la saison prochaine ? Pour entendre la réponse, il faut s’éloigner des enceintes qui crachent du reggae. « On n’en a pas encore parlé, avoue Vincent Chutet-Mézence, le président du Collectif Red Star Bauer. Mais on reste supporters du club. C’est à 777 de partir, pas à nous ! » La petite annonce dans Le Parisien a porté ses fruits : « Deux propositions sérieuses nous sont parvenues, dont une d’une personne connue médiatiquement. À eux de se déclarer publiquement. » Deux personnes intéressées, et même une troisième avec Gerard Piqué. Dans une interview, le défenseur du FC Barcelone a déclaré avoir fait une offre pour acheter le club, accompagné d’entrepreneurs français. Malgré le refus de Patrice Haddad, il n’avait pas lâché l’affaire. « Il nous a contactés par mail, via son entreprise Kosmos, pour nous rencontrer. C’était avant l’officialisation de la vente. Depuis, nous n’avons plus de nouvelles », révèle le supporter. Fort de ces trois propositions, le Collectif souhaite « prouver qu’il y a de l’intérêt autour du club. Pourquoi alors être entré en négociation exclusive avec 777 Partners ? »

Assemblée, Belgique et pétanque

Ce combat va désormais au-delà du supporterisme et d’une simple volonté de quelques fanatiques de préserver l’étiquette de « club de gauche » . L’affaire est ainsi en train de prendre un tournant politique. Ce vendredi 13 mai, quatre représentants des supporters ont été reçus à l’Assemblée nationale par Marie-George Buffet. « Notre but est de lutter contre le phénomène des propriétaires multi-clubs », précise Sébastien, présent lors de cette rencontre avec la députée du Parti communiste. Pour illustrer ses propos, il sort de son jean son téléphone. Malgré l’écran fissuré, il affiche un dossier de la fédération belge (RBFA). Ce document sur le club d’Ostende, concernant la validation de sa licence 2023, montre les liens du club avec le Genoa, club de 777 Partners comme une autre équipe belge, le Standard de Liège. Cela pose donc problème à la RFBA, car des personnes ont des intérêts dans les deux clubs. Ce problème d’équité se reproduira la saison prochaine entre Nancy – dont les propriétaires sont ceux d’Ostende – et le Red Star – qui partage ses propriétaires avec le Standard. Le Collectif a publié ce mardi une lettre ouverte à ce sujet afin d’alerter la FFF et la DNCG. Comme tout ne peut pas être apocalyptique, la rencontre avec l’ancienne ministre des Sports a permis aux supporters audoniens de repartir avec un peu d’espoir : « Marie-George Buffet veut créer une loi pour éviter qu’un propriétaire ne possède plusieurs clubs dans un même sport. »

Mélenchon n’est pas un fan de football, mais le Red Star, à gauche, ça parle.

Loin de l’hémicycle, Éric Coquerel profite de son dimanche au soleil à Bauer. Les débats du député France insoumise concernent sa partie de pétanque. Après un point gagné, il ramasse ses boules et interpelle Josh Wander, le propriétaire de 777 Partners : « Je le défie de jouer le club sur une partie de pétanque. » Signataire de la tribune, Éric Coquerel l’a partagée au sein de son parti : « Je l’ai fait signer à Jean-Luc Mélenchon ou Clémentine Autain. Je ne vais pas vous dire que Jean-Luc est un grand fan de football, mais le Red Star, à gauche, ça parle. » Il dénonce un rachat « sans garanties sportives et contre-nature dans un club aux valeurs populaires et progressistes. » Il confirme la volonté de créer « une loi contre les fonds vautours. C’est comme une entreprise délocalisée, c’est pour faire du profit sur le court terme. » Le député voit même plus loin que le football. « Je crains qu’ils aient un projet de spéculation immobilière dans le département et que le Red Star ne représente qu’une porte d’entrée », développe-t-il.

Patrice Haddad : « On ne sera jamais une plateforme de trading »

Contacté par nos soins, le Red Star n’a pas usé de son droit de réponse. Il renvoie vers son communiqué et aux interviews de Patrice Haddad et de Josh Wander dans L’Équipe du 12 mai. « Ce club est unique et il le restera, confirme l’Américain dans le journal. Je serai toujours très respectueux de l’identité et des racines du Red Star. Ce que nous voulons, c’est construire un club plus fort sportivement et qui, dans le même temps, reste très proche de son public. » Il se défend de racheter le Red Star pour être un club satellite du Standard, du Genoa et de Vasco de Gama, déjà propriétés de 777 Partners. « À court terme, l’objectif est de monter en Ligue 2 pour que le Red Star FC retrouve son centre de formation et puisse enfin conserver les fantastiques talents de la région parisienne. »

Patrice Haddad se justifie de son côté de ne pas avoir consulté les supporters dans le choix de l’acheteur. « C’est un pouvoir qu’ils n’ont pas à avoir. Je leur ai proposé de les présenter, que le dialogue s’installe, mais on ne peut pas installer un pouvoir extérieur avec de la violence et un non-dialogue », regrette-t-il dans les colonnes du quotidien. Il en profite pour attaquer les défenseurs du sempiternel football populaire : « 777 a perçu dès le départ notre dimension particulière, sur ce territoire. On ne sera jamais une plateforme de trading. En revanche, comment protéger le foot populaire, si ce n’est avec des moyens ? Comment garder des places à dix euros ? (…) On voit 777 Partners comme un problème, alors que c’est une solution. Le foot populaire a autant besoin de moyens que le football business. » Quand la sono et le reggae cessent leur boucan, on peut en entendre un autre, qui émane des cordes vocales des supporters du Red Star. Les paroles étant en anglais, on peut imaginer qu’elles ont atterri dans les oreilles de leurs destinataires : « 777 not welcome ! »

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Par Loïc Bessière, à Saint-Ouen

(*)« Le club a conclu un accord de services partagés avec le club de football italien Genoa Football and Cricket Club, qui prévoit que les services sportifs susmentionnés seront principalement livrés aux propriétaires de Genoa, c'est-à-dire 777 Partners LLC. Dans ce contexte, la Commission des licences souhaite attirer l'attention du club sur les dispositions de l'article B3.42 du Règlement de l'association. » L'article B3.42 indique qu'« aucune personne physique ou entité juridique ne peut avoir un intérêt ou en même temps être directement ou indirectement impliquée dans le contrôle, l’administration ou les activités sportives de plus d’un club participant à la même compétition. »

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