- Euro 2012
- Groupe C
- 3e journée
Les scénarios du Groupe C
Dans ce groupe C, tout est encore possible, sauf pour l’Irlande, déjà éliminée. L’Italie craint surtout que la situation de 2004 se reproduise. En effet, un 2-2 entre la Croatie et l’Espagne éliminerait les Italiens. Ce serait drôle, quand même, un match arrangé qui se retourne contre l’Italie.
Scénario 1
Qualifiés : Espagne et Italie
Le champion du monde 2006 et le champion du monde 2010. Difficile d’imaginer que l’un des deux va sortir dès le premier tour. Malgré ses deux matches nuls lors des deux premiers matches, l’Italie reste potentiellement qualifiable. Ce qu’elle aime moins, en revanche, c’est qu’elle doit remettre en partie son destin entre les mains de l’Espagne. Aïe. Face à l’Irlande de Trapattoni, qui était le sélectionneur italien en 2004, quand l’Italie s’était faite éliminée par ce nul entre le Danemark et la Suède, la Nazionale aligne un tandem Giovinco-Di Natale. Le petit lutin de Parme, dès l’entame de match, délivre un caviar pour Toto, qui trompe Given. 1-0. On se dit que l’affaire est déjà pliée. Mais avec l’Italie, elle ne l’est jamais vraiment. En début de seconde période, l’Irlande égalise sur une frappe déviée de Cox. À 1-1, la Squadra est out. Balotelli entre. Après avoir perdu un premier duel face au gardien irlandais, il obtient un pénalty. Supermario le tire à sa façon, plat du pied, tout doux, et fixe ensuite Given avec les bras croisés. L’insolent. Dans le même temps, l’Espagne déroule face à une équipe de Croatie incapable de résister aux assauts de Torres et Silva. Le Mancunien s’offre d’ailleurs un doublé, pour une victoire finale 3-0 de la Roja. L’Espagne et l’Italie passent. Une double qualification made in Manchester City.
Scénario 2
Qualifiés : Espagne et Croatie
Après avoir rousté l’Irlande, l’Espagne a bien l’intention de ne pas faire de détails contre la Croatie. La Roja démarre le match à l’abordage, et il faut un super Pletikosa pour empêcher le champion du monde de prendre l’avantage. À la surprise générale, pourtant, ce sont les Croates qui ouvrent le score, sur un coup de casque de Ćorluka, des suites d’un corner. Cueillis, les Espagnols réagissent. Et que je te fais 200 passes à la suite, et que je te rends fou l’adversaire, et que je tire de partout. Bon, bah, forcément, au bout de 10 minutes, cela finit par passer. Xavi à la passe, Iniesta à la finition. Barça 1, Croatie 1. La suite, c’est une démonstration. Torres frappe à nouveau, confirmant son regain de forme, Silva y va aussi de son but, tout comme Llorente, à qui Del Bosque concède enfin 10 minutes de jeu. 4-1, merci, au revoir ? Non, pas au revoir. Car, dans le même temps, l’Italie, qui avait besoin d’une victoire pour passer, se fait bloquer par l’Irlande du Trap. La valise subie contre l’Espagne a laissé des traces : l’Irlande a déjà la pire défense de l’Euro, elle ne veut pas rentrer au bercail avec une autre humiliation dans les pattes. Du coup, le plan mis en place est simple : tous derrière. Les ouvertures de Pirlo, les rush de Marchisio et les tentatives de talonnade de Balotelli n’y feront rien : la Squadra est tenue en échec, 0-0, et est éliminée dès le premier, tout en étant invaincue. 2004, 2012. Les Italiens savent vraiment comment arrêter le temps.
Scénario 3
Qualifiés : Italie et Croatie
Deux changements pour la Squadra de Prandelli. Maggio dégage, Balotelli aussi. Barzagli entre, ce qui permet à De Rossi de remonter au milieu, et Di Natale remplace Balo. L’équipe est, du coup, plus offensive. Or, l’Irlande n’a plus rien à jouer et, avec un sélectionneur italien sur le banc, elle n’a pas franchement envie d’afficher une grosse opposition. Les Italiens s’imposent 2-0, avec un but par mi-temps. Marchisio et Chiellini, une victoire blanche et noire, et l’Irlande repart à la maison avec zéro point. Comme la Hollande. Mais la folie, c’est dans l’autre match. L’Espagne doit assurer un nul pour se qualifier. Conquérant, le champion du monde attaque et veut détruire les Croates. Torres frappe le montant en début de match, mais la Croatie fait le dos rond et attend que l’orage passe. Problème : il ne passe pas. Les statistiques à la pause sont accablantes pour les joueurs de Bilić : 17 tirs à 0. Mais toujours un score nul et vierge. Du coup, le doute commence à s’emparer des Espagnols. Del Bosque se demande s’il faut continuer d’attaquer, ou blinder derrière pour conserver un 0-0 qui assurerait la première place du groupe à la différence de buts. Au fil des minutes, le match devient tendu. Il pleut des cartons. D’ailleurs, il pleut tout court. C’est dans ce décor apocalyptique que Mandžukić, sur la seule occasion du match, trompe Casillas. 1-0 pour la Croatie, dans un mauvais remake du Suisse-Espagne de 2010. Sauf que là, la rencontre est décisive. L’Espagne se rue à l’attaque. Pour rendre la fin de match plus épique, Ćorluka est exclu et Pletikosa sort de la lucarne une frappe de Xavi. On en reste là. 1-0. L’Espagne est éliminée de l’Euro. Le lendemain, Pep Guardiola est nommé sur le banc de la Roja.
Scénario 4
Qualifiés : Italie et Irlande
En 2004, l’Italie avait vécu une drôle de situation, analogue à celle qu’elle est en train de vivre aujourd’hui. Après deux matches nuls, il lui fallait une victoire contre la Bulgarie, en espérant que Danois et Suédois ne fassent pas match nul. Raté. La Squadra s’impose 2-1 au buzzer, mais le Danemark et la Suède se quittent sur un score de 2-2 qui qualifie les deux équipes. Bizarre ? Pour l’Italie, oui. Pour les autres, non, tout normal. Ce coup-ci, pas question que la blague se reproduise. Et pourtant… Pendant que les Italiens battent l’Irlande avec un bon vieux 1-0 des familles, l’Espagne et la Croatie se font des courbettes. Torres ouvre le score, Modrić égalise, Jelavić donne l’avantage aux joueurs à damier, puis Piqué égalise. 2-2. Tiens, 2-2 ? Oui, oui, pile le score qui qualifie l’Espagne et la Croatie et qui élimine la Nazionale. C’en est trop pour la Fédé italienne, qui porte plainte. L’UEFA s’empare de l’affaire et scrute tous les comportements des joueurs. Platini (qui a toujours eu un penchant pour l’Italie, hein) rend son verdict : oui, ce match a été arrangé. L’Espagne s’insurge, mais la décision est irrévocable, comme dans Koh Lanta. Espagnols et Croates sont exclus de la compétition. L’Italie se qualifie, et l’Irlande, malgré son zéro pointé, chope son billet pour les quarts. Où elle retrouvera la France, deux ans et demie après. Titi, elle est pour toi, celle là.
Eric Maggiori