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Les 50 frères de l’ombre (du 20e au 11e)

Par Éric Maggiori

Nombreuses sont les fratries célèbres dans l'histoire du football. Des Koeman aux Boateng, en passant par les De Boer, les Inzaghi, les Hazard ou encore les Neville. Mais parfois, être "le frère de" est plus un poids qu'un accélérateur de carrière, car les comparaisons pleuvent et entravent la progression. Voici 50 joueurs qui ont tous eu une carrière moins glorieuse que leur frangin, alors que, parfois, on leur prédisait le meilleur.

#20 - Felix Götze, frère de Mario

Été 2014. Au bout d’une folle nuit de juillet, au Brésil, Mario Götze inscrit le seul but de la finale de la Coupe du monde entre l’Allemagne et l’Argentine. Un véritable moment de gloire pour le joueur, transféré un an plus tôt du Borussia Dortmund au Bayern Munich. Surfant sur la hype, le Bayern en profite pour enrôler, chez les jeunes du BvB, le petit frère de Mario, Felix, 16 ans. L’ado grandit chez les jeunes du Bayern, où ses entraîneurs en disent le plus grand bien. Et peu importe que son frère quitte le club bavarois en 2016 : Felix fait ses débuts avec la réserve du Bayern, mais, malgré quelques apparitions sur le banc des pros, il ne dispute pas la moindre minute avec l’équipe première. Et visiblement, les dirigeants munichois ne croient pas franchement en lui, à tel point qu’à l’été 2018, il est vendu à Augsbourg. La saison débute bien : Götze fait ses débuts en BuLi début septembre, et, le 25 septembre, il inscrit son premier but : l’égalisation à la 87e minute contre… le Bayern Munich. Jolie revanche, mais qui restera sans suite. Il ne dispute en effet que six matchs, et le 1er février 2021, le dernier jour du mercato, il est prêté à Kaiserslautern, en D3, pour le reste de la saison. Son prêt est prolongé à l’été 2021, mais la saison 2021-2022 a débuté de manière chaotique : le 16 août, lors d’un match face au Viktoria Berlin, il est emmené d’urgence en soins intensifs après un violent choc à la tête. Rien de grave finalement, mais il n’a pas encore rejoué depuis…

#19 - Federico Higuaín, frère de Gonzalo

Depuis l’année 2020, les fans de la nouvelle franchise Inter Miami voient double. Le 18 septembre 2020, Gonzalo Higuaín, libre de tout contrat, s’engage en effet avec le nouveau club floridien. Un peu plus de deux semaines plus tard, Pipita est rejoint par un autre Higuaín, Federico, son grand frère. Une signature pour le kif, car Federico était plutôt sur le point de raccrocher les crampons : à DC United, son précédent club, il était déjà entraîneur-joueur. Il faut dire qu’en 17 années de carrière, il n’avait pas chômé. L’autre Higuaín a en effet disputé plus de 400 matchs, équitablement répartis entre l’Argentine et les États-Unis, même si la majeure partie a été disputée avec Columbus, en MLS. Néanmoins, Federico aura toujours vécu dans l’ombre de son petit frère, qui a rapidement cassé l’écran avec le Real Madrid, puis le Napoli et la Juventus. Federico, lui, a toujours semblé en manque de confiance, le visage plus marqué, et s’est contenté de clubs de seconde zone (Godoy Cruz, Colon). Il a pourtant été formé à River Plate, où il n’est jamais parvenu à percer, à tel point que Daniel Passarella, qui a vu passer les deux frères, a déclaré : « À les voir de l’extérieur, on croirait vraiment que ce sont deux homonymes. Pas forcément pour la qualité, mais pour le comportement : l’un enthousiaste, convaincu, et l’autre timide, pas du tout sûr de. lui » Au cours de sa carrière, Federico n’aura d’ailleurs pas remporté le moindre trophée. Son rêve est de terminer sa carrière avec au moins un titre au palmarès. Et s’il le remporte avec son frangin, alors l’histoire n’en sera que plus belle.

#18 - Juanmi Callejón, frère de José

Des jumeaux célèbres, dans le foot, on en a connu un paquet. Les Brésiliens Rafael et Fabio, les De Boer, les Filippini, les Altıntop (et les Derrick, pour les puristes). Mais il existe des cas plus rares où l’un des deux jumeaux avance dans l’ombre de l’autre. C’est l’incroyable histoire des jumeaux Callejón. Pendant que José a fait les beaux jours du Real Madrid et du Napoli, son frère jumeau, Juanmi, a passé la majeure partie de sa carrière en Bolivie, dans le club de Bolivar. L’histoire commence le 11 février 1987. À Motril, commune andalouse de 60 000 habitants, maman Callejón donne naissance à des jumeaux : José Maria et Juan Miguel. Très vite, l’avenir des deux gamins se dessine : ils seront footballeurs. En 2002, les frangins, inséparables, intègrent le centre de formation du Real Madrid. Ils ont alors 15 ans, et les dirigeants du Real pensent tenir là deux pépites pour les années à venir. Quelques années plus tard, lors de la saison 2007-2008, les frères Callejón sont même alignés ensemble avec le Real Madrid B, en troisième division. Juan Miguel, milieu de terrain offensif, marque 8 buts, José, attaquant, en plante 21 et termine meilleur buteur. Les deux font la paire. Mais lors de l’été suivant, leurs chemins se séparent. Juanmi signe un contrat de quatre ans avec Majorque, tandis que José choisit l’Espanyol Barcelone. C’est là que, clairement, leurs courbes de progression vont totalement se diviser et s’opposer. Pendant que l’un prend son envol, l’autre patine. José va finalement retourner en patron au Real Madrid, pendant que Juanmi va se retrouver à Hercules, puis… à Levadiakos, en Grèce. Même là, il n’y arrive pas, à tel point qu’il n’est pas conservé par le club grec, et décide donc d’aller tenter une nouvelle aventure… en Bolivie. Là-bas, enfin, il va s’épanouir. En cinq saisons, il dispute 189 matchs, plante 104 fois et est considéré comme la star absolue du club. En 2020, il décide toutefois de rentrer en Espagne, mais ne trouve un employeur qu’en troisième division, à Marbella. Une saison et puis s’en va : à l’été 2021, il rejoint San Fernando, en D4. Allez, Juanmi, retourne donc en Bolivie…

#17 - Willy et Catilina Aubameyang, demi-frères de P-E

Avoir un père scout pour l’AC Milan peut avoir des avantages. Celui, par exemple, de pouvoir aisément intégrer les jeunes du club rossonero. C’est la chance qu’ont eu les trois fils de l’ancien footballeur professionnel Pierre Aubame : Catilina, Willy et Pierre-Emerick Aubameyang. Sauf que sur les trois, aucun n’a réussi à percer avec le club milanais, et un seul, Pierre-Emerick, a finalement réussi une grosse carrière derrière, avec le succès que l’on connaît à Dortmund et Arsenal. En revanche, pour les deux autres, cela a été plus compliqué. Catilina, l’aîné, n’a jamais réussi à se poser quelque part : il a joué dans 18 clubs en 20 ans, la plupart dans les divisions inférieures et amateurs italiennes (et un petit passage par le Paris FC et la Corse, aussi). Mais, folie, il compte une Ligue des champions à son palmarès… En effet, il a disputé, avec Milan, un bout de match de Ligue des champions 2002-2003, contre la Corogne, année où les Rossoneri ont remporté la C1. Quant à Willy, il a d’abord été prêté par l’AC Milan à Avellino, puis à Eupen en Belgique. Il se tire ensuite en Écosse, puis au Gabon, et termine dans l’anonymat le plus total à Kray, un club amateur allemand. Une fierté toutefois pour papa Pierre : les trois frangins ont tous porté le maillot de l’équipe nationale gabonaise. 66 sélections pour Pierre-Emerick, 13 pour Willy, 9 pour Catilina.

#16 - Matheus Paqueta, frère de Lucas

Un petit peu plus trapu, un peu plus petit, la mèche moins soyeuse : Matheus Paqueta ressemble un peu à une version cheap de Lucas Paqueta, les abdos en plus. Évidemment, il ne faut pas juger sur le physique, alors plongeons-nous dans sa carrière footballistique. Problème : elle n’est pas bien glorieuse non plus. Il y a quelques années, pendant que son petit frère crève l’écran avec Flamengo, lui dispute difficilement ses premiers matchs avec Ceres. Il est ensuite prêté dans des clubs de seconde zone (Tombense, Marcílio Dias) et à l’hiver 2019, il pense saisir sa chance quand Lucas signe à l’AC Milan. Il monte dans le même avion, direction l’Italie, et s’engage avec Monza, club de Serie B racheté quelques mois auparavant par Silvio Berlusconi. C’est clairement la chance de sa vie, mais la marche est trop haute. Il ne dispute que quelques minutes en Coupe d’Italie, n’est jamais aligné en championnat, et l’option d’achat n’est pas levée en fin de saison. Il plie bagages et rentre donc au Brésil, en trouvant un point de chute au Clube de Regatas Brasil. Depuis, il erre de prêt en prêt, à Joinville (au Brésil, pas le-Pont, ni le bataillon), Boavista et, désormais, Uberlândia, qui est un super blase. À 26 ans, Matheus Paqueta a probablement déjà compris qu’il n’accèdera jamais à mieux. Mais comme le dit le tatouage qu’il arbore sur le torse : il n’abandonnera pas de sitôt.


#15 - Jonathan Benteke, frère de Christian

10 septembre 2016. On joue la 84e minute du match entre Crystal Palace et Middlesbrough. Christian Benteke, buteur ce jour-là, cède sa place. Les fans des Eagles voient alors double. Car Benteke est remplacé par… Benteke. Il s’agit de son petit frère, Jonathan, qui vit évidemment un moment tout particulier. « Christian m’a dit à l’oreille : « Donne le meilleur. Tu es ici pour une raison, alors saisis cette chance et donne tout. » » L’histoire est évidemment magnifique, mais pour le moment, le petit Benteke n’a pas réussi à y donner suite. Cette apparition avec Crystal Palace restera en effet la seule. Car quelques semaines plus tard, il se blesse au ménisque, ce qui met un frein terrible à sa progression. Au terme de la saison, il n’est pas conservé, et tente de rebondir à l’Omonia Nicosie, à Chypre. Il n’y joue que trois matchs, et rentre en Angleterre dès février. Le point de chute s’appelle Oldham Athletic, en D3. Et après ? Un passage en quatrième division allemande, un retour en Belgique, à Visé, puis une nouvelle signature, à l’été 2021, à Wegberg-Beeck, toujours en D4 allemande. Et dire qu’au moment de son apparition en Premier League, il déclarait : « J’ai beaucoup joué au futsal et dans la rue, ce qui requiert une grande habilité technique. Je suis plus technique et rapide, alors que Christian est plus grand et puissant. »

#14 - Roberto Assis, frère de Ronaldinho

On le connaît aujourd’hui comme l’agent, le manager et l’assistant personnel de Ronaldinho. Celui qui l’assiste, le soutient, le protège, le guide, et l’accompagne même dans ses déboires (cf. la prison paraguayenne). Celui dont Ronnie disait, en 2005, qu’il était son « idole » . Lui, c’est Roberto Assis. Le grand frère de Ronaldinho. Qui, bien avant que son petit frère ne débarque au PSG, avait déjà connu une carrière footballistique plutôt chaotique. Et pourtant, les promesses étaient là. À l’âge de 11 ans, il rejoint l’académie de Grêmio et tape dans l’œil de nombreux recruteurs. À 16 berges, il est pisté par les dirigeants du Torino, qui tentent de le convaincre de signer chez eux avant qu’il ne signe son premier contrat pro avec Grêmio. Le club brésilien parvient à le convaincre de rester, incluant dans le contrat… une immense maison avec piscine. Roberto sort ainsi sa famille de la favela, et installe tout le monde dans la villa. Son début de carrière à Grêmio est particulièrement convaincant, mais l’année 1989 marque un tournant. Alors que son petit frère Ronaldinho vient de fêter ses 9 ans, leur papa est retrouvé inconscient dans la piscine familiale, victime d’une crise cardiaque. Il décède quelques jours plus tard. Roberto va alors assumer le rôle de père de famille, ce qui va lui mettre une pression folle par rapport à sa carrière. Ajoutez à cela une blessure, et vous obtenez un joueur qui va petit à petit revoir ses ambitions à la baisse. De Grêmio, il passe à Sion, en Suisse, puis au Sporting Portugal. Quand il signe à Montpellier en 2001, on le considère déjà comme une « ancienne promesse du football brésilien » . Il prendra sa retraite au terme de la saison, pour devenir l’agent de son petit frère, qui allait s’apprêter à marcher sur le football mondial.

#13 - Antonio Donnarumma, frère de Gianluigi

Je fais plus d’1,90m, je suis italien, je suis gardien de but, j’ai porté les couleurs de l’AC Milan… Je suis… Je suis… Gigio Donnarumma ? Non ! Enfin, presque. Je suis Antonio Donnarumma, le grand frère de Gianluigi. Sauf que, visiblement, je suis un peu moins talentueux, et je me suis donc fait totalement croquer par mon petit frère, désormais gardien de la Nazionale championne d’Europe et du PSG. Aujourd’hui âgé de 31 ans, Antonio Donnarumma n’a disputé que trois saisons pleines au cours de sa carrière. La première, c’était à Gubbio, en 2011-2012. La seconde, à Bari, en 2014-2015. Et la dernière, à l’Asteras Tripolis, en 2016-2017. Le reste du temps, le portier a ciré les bancs de l’AC Milan, son club formateur, et du Genoa, où il a passé trois ans pour un seul match joué. De 2017 à 2021, il a vécu dans l’ombre de son frère à l’AC Milan, disputant, en tout et pour tout, trois matchs en quatre ans (deux en Coupe d’Italie, un en Ligue Europa). Tellement dans l’ombre que, sur certains sites spécialisés, c’est la photo de Gigio jeune qui apparaît à la place de la sienne…

Son frangin désormais parti à Paris, Antonio a décidé lui aussi de quitter Milan. Le voilà à Padova, leader provisoire de D3, où il espère enfin avoir un rôle de protagoniste. Ce qui est loin d’être acquis : après deux journées, on ne l’a toujours pas aperçu…

#12 - Steeven Ribéry, frère de Franck

Steeven Ribéry a 25 ans. Formé au RC Lens, il a pu, grâce à un coup de pouce de son grand frère Franck, rejoindre les jeunes du Bayern Munich en 2013. « Quand j’ai quitté le centre de formation de Lens, je suis retourné chez mes parents, expliquait-il à Sofoot.com en 2017. J’ai repris avec Boulogne. J’étais bien, je jouais, mais j’ai eu une pubalgie. Je me suis fait opérer et suis resté un an hors des terrains. En un an, il se passe beaucoup de choses. Tu commences à te poser des questions, tu sais que ce sont des années importantes. Tu as 17 ans, il ne faut pas se louper. Mais la vraie question que je me suis posée était : « Est-ce que j’ai vraiment fait tous les efforts ? » La réponse est non. C’était une période où je ne faisais plus attention. Mentalement, j’avais craqué, pris du poids, j’étais hors norme. Mais quand je voyais mon daron… ça me mettait en rogne. Pendant quatre ans, il a quand même fait le trajet Boulogne-Lens. Il venait me voir tous les week-ends lors des matchs. C’est un mec qui assume, il ne mâche pas ses mots. Il m’a regardé dans les yeux : « Je me suis cassé le cul pour rien. Tu ne fais plus rien. Tu t’en fous ! » Je m’en voulais, et puis un jour, Franck m’a appelé :   »Viens à Munich, je vais te faire travailler, tu vas signer ici. » J’ai perdu quatorze kilos en deux semaines. » Il passera trois ans à Munich, disputera plus d’une cinquantaine de matchs, mais ne parvient pas à passer le cap qui lui permettrait d’accéder à l’équipe première. Il retourne alors en France, à Boulogne-sur-Mer, mais rien ne se passe comme il le souhaite. En 2018, il effectue un essai de deux semaines avec les Grecs de l’Apollon Larissa, mais le coach décide de ne pas le garder, jugeant qu’il est en surpoids de 12 kilos. Steeven effectuera alors une saison au Gazélec, une autre en Suède, et une dernière en Lettonie. Il est aujourd’hui sans club, le dernier article le concernant, daté de juin 2021, parlant de contacts avec des clubs de Régional 1. À croire que ses paroles, distillées il y a quatre ans à So Foot, étaient prémonitoires. « Si dans deux ans, je ne joue plus au foot, que je travaille dans un restaurant, ma famille va se dire : « Regarde où il en est après ce qu’on a fait pour lui… » »

#11 - Tommy Charlton, frère de Bobby et Jack

Être dans l’ombre d’un frère, c’est difficile. Mais être dans l’ombre de deux frères, c’est carrément la lose. Demandez donc à Tommy Charlton. Pendant toute sa vie, le bonhomme a dû se coltiner deux frères célèbres, Robert et John, aka Bobby et Jack Charlton. En 1966, les deux Charlton font partie de l’escouade anglaise qui remportent la Coupe du monde en Angleterre. Tommy a alors 20 ans, et regarde ses deux frères avec des étoiles plein les yeux. Car à cette époque-là, il joue lui aussi au football… mais dans un club amateur. Il est ailier, tente de faire son trou, mais le destin va décider prématurément d’arrêter les frais. En effet, en 1970, alors qu’il est âgé de 24 ans, il se blesse au genou. Il comprend que le combo blessure + frère de deux superstars sera trop compliqué à gérer, et met un terme à sa modeste carrière. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Il n’est en effet jamais trop tard pour réaliser un rêve, et en mars 2018, désormais âgé de 71 ans, Tommy s’apprêtait enfin à porter le maillot de l’équipe nationale anglaise de football. Mais pas de n’importe quel football : le football en marchant ! « Je suis très excité par les détections et par le fait de pouvoir montrer mes capacités. J’espère être bon et intégrer l’équipe nationale. Mais ce sera très difficile, car il y a énormément de très bons joueurs de walking football. » Tommy joue en effet pour les Mature Millers, un club de football en marchant situé à Rotherham. « Le football en marchant est un sport montant, et il possède beaucoup d’aspects positifs, comme l’impact sur la santé. J’espère vraiment intégrer l’équipe d’Angleterre. » Et pourquoi pas, un jour, soulever la Coupe du monde en marchant ? (crédits photos : Glen Minikin)

Par Éric Maggiori

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