- C1
- 8e
- Schalke 04/FC Valence
L’effet chauve-souris
Valence, c'est gentil et Schalke, ce n'est même pas une ville. Pourtant c'est le battement d'aile d'un huitième de finale retour dont le monde se fout qui aura des conséquences inattendues. Eh ouais. Explications.
« C’est un match dans lequel il faut commencer par gérer les émotions : ce qu’il représente pour beaucoup de gens, son importance. L’autocontrôle est nécessaire pour penser clairement et rester équilibrés, positifs et concentrés à tout instant » . Emery a la sérénité des jeunes inconstants. Sous ses airs de curé de campagne, le jeune entraineur basque du club à la chauve-souris (cf écusson) a les nerfs. L’équipe ché doit gagner en Allemagne si elle veut refaire une apparition parmi les huit meilleurs clubs européens. Du coup, c’est tout de suite les grands mots : « La confiance et l’exigence surmonteront n’importe quelle pression interne ou externe. La confiance en soi, c’est la condition indispensable à toute performance car c’est grâce à elle que nous nous armons de la conviction suffisante pour affronter les difficultés qui se présentent à nous » . Du stress ? Quel stress ?
Le retour du troisième
Au match aller les Valencians avaient fait les idiots. Malgré 64% de possession de balle, dix-sept frappes et Metzelder au centre de la défense adverse, l’équipe ché avait terminé le match à Mestalla avec une bonne dose de déception à ranger dans le tiroir à regrets. Pressés de bien faire et de régler rapidement son compte au spanisch Schalke, les Valencians se sont emmêlé les stylos et ont buté sur un excellent Neuer. Pire, le roi Raul aurait même pu coller un doublé quand, vers la 88ème, Guaita relance mal et fait un cadeau au trentenaire triomphant. Emery avait opté pour un 4-3-3 pourtant bien assis sur les ambianceurs argentins Ever Banega et Tino Costa, et les deux pointes Aduriz et Soldado. La possession avait donc été espagnole mais l’âme du match, elle, était allemande. Avec un 4-4-2 des familles, Felix Magath s’était moqué des espaces laissés à Jurado et Farfan dans le dos des latéraux. Fallait pas les inviter.
Mais c’était il y a trois semaines. Entre-temps les gamins d’Emery ont voyagé et sont devenus des hommes. En un mois, tout a changé. Valence est en pleine bourre à l’extérieur. Les chauves-souris viennent d’enchaîner trois victoires consécutives en terres étrangères, et pas chez n’importe qui : à l’Atletico (2-1), à Bilbao (2-1) et à Majorque, leur bête noire (2-1). Le tout en étant trois fois mené au score. Et puis surtout entre-temps, il y a eu le Barça. Certes les Blancs ont perdu chez eux 1-0 mais cette rencontre fait figure de chef d’œuvre tactique de la saison 2010-2011. Emery choisit de jouer sans attaquant de métier et de surpeupler son milieu de terrain d’as du cuir : Banega, Tino Costa, Joaquin et Pablo Hernandez. Xavi et Iniesta disparaissent. L’antidote est presque parfait. L’intelligence tactique valenciane a fait l’admiration de la péninsule. Et si c’était Valence, la vraie alternative ?
Soyons sérieux
Mais sous ses airs de vaurien, ce Schalke-Valence pourrait avoir des conséquences inattendues. Ok Valence, c’est pas le Barça et à Geselkirchen, on met des bonnets en laine jusqu’en avril. Mais toute considération esthétique mise de côté, c’est bien ce match-ci qui sera transcendant. Pas les autres. Après ce Schalke 04 – Valence, il faudra tirer les conséquences du déclin du championnat espagnol (ou pas) et de la montée en gamme de la Bundesliga (ou pas). Si le troisième de Liga ne parvient pas à éliminer le dixième de Bundesliga, il faudra en tirer des conclusions sur la compétitivité des clubs espagnols et la nouvelle sera dure à avaler à Valence, en Espagne et en Europe. Car Barça ou pas Barça, une défaite de Valence ne ferait que trahir un secret assez mal dissimulé : le championnat espagnol, c’est le championnat écossais sans la pluie. Depuis 2007, seul le Valence de Villa et Silva est parvenu à se glisser aux côtés du Barça en ¼. Séville et Atletico maintenant sortis de la C3, il ne reste plus que Villarreal en UEFA League et Valence en 1/8 de C1 pour rêver à une autre Espagne possible. En attendant la tornade.
Thibaud Leplat, à Madrid
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