Leçon de maintien à l’Auxerroise
Au bord du gouffre il y a à peine un mois, l'AJ Auxerre s'est miraculeusement incrustée en première partie de tableau le week-end dernier à la faveur d'une victoire au Havre. La troisième en trois matchs. Comme d'habitude, l'AJA a attendu d'avoir le feu au cul pour s'en sortir les doigts. Sans jamais rien changer.
C’était écrit. Auxerre allait être le troisième « historique » de la L1 à connaître les affres de la relégation après Nantes en 2007 et Lens l’an dernier. Il faut dire que les Bourguignons présentaient tous les symptômes de l’équipe en chute libre : série noire en cours (2 point pris entre le 15 novembre et le 7 février), attaque en panne (un but marqué en huit matchs), départ de dirigeants historiques (Bourgoin, Roux mais aussi Baticle, entraîneurs des moins de 18 ans, parti en cours de saison à Brest) etc… Pire, beaucoup étaient sceptiques quant à la capacité de l’AJA à faire l’ascenseur, comme peuvent le faire Metz ou Strasbourg en s’appuyant sur leurs jeunes. Autrefois centre de formation réputé dans toute l’Europe au même titre que l’Ajax, Auxerre doit désormais faire face à un contexte beaucoup plus concurrentiel que par le passé. Auxerre n’a plus ce temps d’avance qui lui permettait de sortir un Sagna, un Cocard ou un Diomède quand les finances étaient à court. La génération des Mexès-Cissé a quitté le navire il y a bientôt 5 ans et aucune perle en provenance de l’Yonne n’a pointé le bout de son nez depuis.
Puis la fin de l’hiver est arrivée, et les hommes de Jean Fernandez ont eu la bonne idée de prendre neuf points en trois matchs, ce qui leur permet de pointer à la dixième place avant de recevoir Toulouse samedi soir pour le compte de la 26ème journée. Une victoire, et le sort de l’AJA en Ligue 1 serait pratiquement scellé. En fait, Auxerre s’est réveillé à la même époque que l’an dernier, pour avoir le privilège de finir en roue libre. Kahlenberg a retrouvé le niveau qui était le sien sous Santini, Jelen, de retour de blessure, s’est montré plus décisif en trois matchs que Niculae en trois saisons, et la défense Coulibaly-Grichting affiche des stats dignes d’un prétendant à l’Europe. Là où ses adversaires piétinent, Auxerre a su enchaîner une série, souvent la clef pour se sortir de la zone rouge. On a beau nous rabâcher que Saint-Etienne joue bien, que Grenoble est un promu attachant ou que Sochaux ne mérite pas son classement, tous aimeraient être à la place de l’AJA samedi matin.
Et si au final Auxerre avait su tirer avantage de sa supposée faiblesse ? Souvent l’objet de railleries parisiannistes, le manque de ferveur populaire qui entoure l’AJA s’est avéré un atout dans la lutte pour le maintien. On n’ose imaginer le sort de Jean Fernandez s’il avait pris un point en trois mois avec Marseille ou Saint-Etienne. Aujourd’hui, le coach bourguignon est plus que jamais l’homme de la situation, comme l’a déclaré le président Hamel au micro de RMC : « Jean Fernandez se voit très bien à l’AJA pour un certain temps et, de mon côté, je le vois très bien rester à l’AJA. On travaille avec lui en totale confiance et en totale amitié depuis trois ans. Nous sommes très satisfaits de lui et de l’homme surtout. Je ne vois pas pourquoi on s’en séparerait » . A Auxerre, seulement vingt personnes tout au plus ont dû appeler à sa démission dans les tribunes de l’Abbé Deschamps. Pedretti peut garer sa voiture tranquilou sur le parking avant chaque entraînement, il est sûr de la retrouver en état à la sortie, même lorsque l’équipe cumule les branlées. Il est là le secret de l’AJA. En revanche, pour les nostalgiques des soirées UEFA, des bicyclettes refusées, du 4-3-3 et des tacles de Prunier, achetez un DVD.
Marc Hervez
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