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Le plus grand match du monde (d’Espagne)
Le Clasico, on le sait, c'est le plus grand match du monde. En plus, en Liga, c'est deux fois par an. Ce match-là c'est comme Apocalyse Now ou Casablanca. On a beau tout savoir dessus, l'avoir vu 50 fois et dans tous les états, c'est impossible de s'en lasser. Hier soir, le Barça s'est imposé 1-0 mais l'essentiel n'était pas là. Bilan de la semaine.
Comme d’habitude ce Clasico a débuté la semaine dernière et va durer encore une semaine complète. Sauf que cette année, le match du siècle avait une couleur différente. Sur la pelouse, il y avait 6 des 10 récents nominés au ballon d’or, les deux meilleurs joueurs du monde, dans les tribunes deux des présidents les plus influents de l’histoire du football et dans l’air un drôle de climat politique.
Laporta a fait de son équipe sa principale arme politique. En Catalogne, la seule vraie équipe nationale, c’est le Barça. Pour tout politique local, il fait bon se promener dans la tribune officielle du Nou Camp. Du coup quand ça gagne, les choses prennent rapidement une tournure nationaliste : !Visca el Barça, Visca Catalunya¡. Cette attitude décomplexée du président culé lui a été reprochée par une frange du public catalan. Le Barça est peut-être le premier club de Catalogne, mais il est aussi (à égalité avec le Real) le premier d’Espagne. La ramener c’est bien, mais la fermer c’est mieux, aime à lui rappeler de temps en temps Valdano.
Mais le Clasico c’est plus que du foot. La preuve cette semaine : 3 jours avant le match, l’ensemble de la presse catalane (une douzaine de périodiques) s’était allié pour un éditorial commun afin de défendre l’indépendance de la région et faire pression sur le Conseil Constitutionnel espagnol chargé d’examiner le nouveau statut d’autonomie de la “Nation” catalane (préambule polémique du texte). Le 13 décembre, un référendum indépendantiste est convoqué dans 120 communes. Du coup quand le Real « impérialiste et centraliste » (dixit Laporta) débarque en Province, on s’attend à tout, même à voir du bon football.
Le football sur les cimes
Côté foot, justement, CR9 n’est pas encore en jambes, Puyol est monstrueux (trois interventions divines) et le combat au milieu de terrain fait deux victimes : rouge pour Busquets (63ème), rouge pour Lass (89ème). Le Real a été meilleur tactiquement, pressant très haut un Barça rendu inoffensif par un Xabi Alonso et un Lass transformés en aspirateurs à ballons. Mais le Barça reste la meilleure équipe du monde, pour le moment. Comme prévu, le danger est venu côté droit. Marcelo (vraiment pas au niveau) regarde les tribunes quand Alvès fabrique un centre somptueux pour un Ibra idéalement placé. Casillas est fusillé à trois mètres. Le Real fait son meilleur match de la saison et le Barça un de ses plus poussifs à domicile. Mais le foot, c’est comme la politique, ce qui compte c’est le résultat.
Il reste encore une semaine avant d’oublier ce match. On ne parlera plus de Thierry Henry (qui a sombré) ni de Benzema (qui n’a joué que 20 minutes). On ne parlera plus que des deux points d’avance du Barça. Hier soir il y avait un milliard de téléspectateurs devant leur poste, 159 médias accrédités, 22 coffres-fort ambulants sur la pelouse et deux Espagne qui s’affrontaient. Hier soir en Espagne c’était Clasico, beaucoup plus que du football.
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