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Le pari Depay

Par Maxime Feuillet
Le pari Depay

L’OL vient de casser sa tirelire (seize millions d'euros plus huit en bonus) pour accueillir Memphis Depay pour quatre saisons et demie. L’ailier néerlandais de vingt-deux ans, qui n’aura jamais su véritablement s’imposer à Manchester United, tentera de donner un nouveau coup d’accélérateur à sa carrière en Ligue 1.

Le hall de l’aéroport d’aviation d’affaires de Lyon-Bron s’agite en ce froid mercredi soir de janvier. Il est 23h45 et les passagers du vol en provenance de Manchester descendent de l’appareil. Entouré de ses conseillers, Memphis Depay, veste de costume sur les épaules et souliers particulièrement sophistiqués aux pieds, s’avance d’un pas décidé vers Florian Maurice, responsable de la cellule de recrutement de l’OL, avant de lui tendre la main dans un large sourire. Oui, Memphis Depay sera lyonnais pour les quatre prochaines saisons et demie à venir. Un nouveau très gros coup réalisé par Jean-Michel Aulas, deux semaines seulement après l’arrivée de la superstar Alex Morgan dans la section féminine du club. La fin d’un feuilleton long de plusieurs jours, rendu compliqué par le montant conséquent demandé par les Red Devils pour libérer l’ailier néerlandais de vingt-deux ans. Si bien qu’après avoir essuyé deux refus des Mancuniens à la suite des offres s’élevant à douze puis quinze millions d’euros, le président lyonnais ne se montrait pas forcément optimiste sur ce dossier dans les colonnes du Parisien : « Pour le moment, leur demande n’est pas dans nos cordes. On avance chaque jour un peu plus, Memphis a vraiment envie de venir à Lyon, mais c’est très complexe pour un club comme le nôtre. On aura tout tenté sans regret. » L’OL aura finalement séduit le président mancunien Ed Woodward en proposant seize millions d’euros plus huit millions de bonus éventuels.

Gros flop chez les Red Devils

Vivement critiqués après la gestion du dernier mercato estival conclu par l’arrivée tardive de Jean-Philippe Mateta en provenance de Châteauroux contre cinq millions d’euros, les dirigeants rhodaniens se devaient de rectifier le tir cet hiver. Si des points de vue opposés au sein de l’organigramme du club avaient fait échouer les pistes menant à Juan Iturbe ou Emmanuel Adebayor ces derniers mois, la potentielle arrivée de Depay semblait, quant à elle, séduire tout l’état-major lyonnais. À commencer par Bruno Génésio, l’entraîneur des Gones, qui s’était exprimé en conférence de presse à son sujet, début janvier : « C’est un joueur sur lequel j’ai fixé une priorité. Je suis fan. C’est un joueur complet, puissant et percutant. Il évolue sur le côté, un secteur qu’on doit renforcer. Il faudrait le recruter le plus vite possible. » Grande révélation du Mondial 2014, l’ailier néerlandais confirme la saison suivante sous le maillot du PSV Eindhoven, son club formateur, en finissant meilleur buteur d’Eredivisie (22 réalisations). Proche de s’engager avec le Paris Saint-Germain à l’été 2015, Depay opte finalement pour Manchester United et rejoint ainsi son ancien sélectionneur Louis van Gaal, qui l’avait lancé chez les Oranje à l’automne 2013.

Ses premiers pas sur la pelouse d’Old Trafford impressionnent. Lors du barrage aller de la Ligue des champions contre le FC Bruges, Memphis, intenable sur son aile gauche, inscrit deux superbes buts avant d’offrir un caviar à Marouane Fellaini. Le Néerlandais devient rapidement la nouvelle coqueluche des supporters mancuniens, si bien qu’un classement publié par le site spécialisé dans l’équipement sportif KitBag en octobre 2015 indique que le maillot du nouveau numéro 7 de MU est le troisième le plus vendu d’Europe derrière ceux de Lionel Messi et Cristiano Ronaldo. Mais la progression du natif de Moordrecht, près de Rotterdam, sous le maillot des Red Devils va connaître un sacré coup d’arrêt. En concurrence avec Anthony Martial, autre recrue phare du mercato de ManU, pour le poste d’ailier gauche, Depay perd peu à peu sa place dans le onze de départ au profit du Français et doit se contenter de quelques petits bouts de match lors desquels il peine à s’imposer, en témoignent ses maigres statistiques au terme de sa première saison en Premier League : deux buts, une passe décisive.

Transfert le plus cher depuis Gourcuff

L’international néerlandais (27 sélections) compte alors redoubler d’efforts pour retrouver une place de titulaire sous les ordres d’un nouvel entraîneur : José Mourinho. Mais son début de saison 2016-2017 relève de la traversée du désert. Convoqué à cinq reprises seulement dans le groupe professionnel par le technicien portugais, Depay a disputé dix-neuf petites minutes de jeu cette saison en Premier League. Un temps de jeu famélique justifié par José Mourinho au micro de Sky Sports, fin 2016 : « On m’a dit ces derniers mois que Memphis souhaitait partir cet hiver, donc forcément ça a influencé mes choix. Si je sais qu’un joueur veut partir, alors je vais plutôt faire jouer ceux qui sont sûrs de rester avec nous. » Pour l’ancien coach du Real, Depay est avant tout barré par une concurrence trop importante : « Nous avons beaucoup de joueurs au poste de Memphis : Lingard, Mkhitaryan, Martial, Mata, Rashford, parfois Rooney et Memphis. Il n’est donc pas facile pour chacun d’entre eux de jouer. C’est un gars fantastique, un vrai professionnel et un très bon joueur. Je suis tellement désolé de ne pas lui donner l’occasion de jouer. Un joueur de son âge doit jouer des matchs. S’il reste avec moi, c’est sûr, il va avoir du temps de jeu car nous avons énormément de matchs. »

Mais cet appel du pied n’aura pas pesé lourd dans la balance. Désireux de quitter Manchester pour retrouver du temps de jeu et suivre ainsi les exigences de son sélectionneur Danny Blind, Depay a étudié les propositions de la Roma, Everton, Nice et Porto avant de finalement opter pour l’Olympique lyonnais où il tentera de relancer sa jeune carrière. Un pari risqué pour les Gones qui n’avaient plus cassé leur tirelire depuis 2010 et les vingt-deux millions dépensés pour accueillir Yoann Gourcuff. Sept ans plus tard, alors que le Grand Stade imaginé par Jean-Michel Aulas est enfin sorti de terre, l’arrivée de Memphis Depay entre Rhône et Saône pourrait bien symboliser le début d’une nouvelle ère. Ce transfert assez risqué rappelle en effet celui de Sonny Anderson en provenance du Barça en 1999 contre la somme record (pour l’époque) de 19 millions d’euros. Grâce à Depay, l’OL retrouve aujourd’hui son attractivité et envoie un message fort à ses concurrents hexagonaux et européens. Si l’arrivée du Batave, qui ne pourra toutefois pas disputer la Ligue Europa avec les Gones, devrait boucher l’horizon de Ghezzal, Valbuena et Cornet, reste à savoir si Bruno Génésio l’associera aux côtés d’Alexandre Lacazette et Nabil Fekir pour former une alléchante triplette offensive sur le front de l’attaque rhodanienne. Grand amoureux du milieu nocturne, Memphis Depay devra toutefois préférer les terrains d’entraînement du Groupama OL Training Center aux nuits lyonnaises s’il veut enfin confirmer les espoirs placés en lui au début de sa carrière. La route de Memphis vers les sommets est encore longue et semée d’embûches.

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