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Le jour où l’OGC Nice a battu le Real Madrid

Par Florian Lefèvre
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Le jour où l’OGC Nice a battu le Real Madrid

En 1960, l'OGC affronte le grand Real Madrid en quarts de finale de Coupe des clubs champions. Les Niçois vont alors offrir un match épique au Stade du Ray.

Les pétards claquent sous les palmiers du stade du Ray. Malgré l’hiver, le soleil illumine la cité azuréenne. 27 à 28 000 Niçois se massent dans les tribunes, au plus près du rectangle vert. Ce 4 février 1960, l’OGC Nice reçoit un adversaire de prestige : le Real Madrid, maître absolu du football européen et quadruple vainqueur de la Coupe des clubs champions. Ce quart de finale aller de la C1 est un évènement. Fait rare, la rencontre est diffusée en direct sur la chaîne unique de la télévision française (RTF Télévision). Raymond Marcillac assure les commentaires aux côtés de Just Fontaine, invité à prendre le micro après avoir rencontré par hasard le journaliste avant le match.

« On dirait que tout Nice a vu ce match »



 « Aujourd’hui encore, dans la ville, les anciens font tout le temps référence à ce match. On dirait que tout Nice a vu ce match » , situe Bernard Morlino, auteur, journaliste et biographe, qui a grandi avec la grande équipe du Gym de l’époque. « Dans les années 50, le club a remporté quatre titres de champion de France et deux Coupes de France. Avec le Stade de Reims, Nice dominait le foot français » , rappelle Bernard Morlino. De fait, cette domination s’étend même en Coupe d’Europe. Champion de France en 1959, Nice se débarrasse des Irlandais de Shamrock Rovers et des Turcs de Fenerbahçe lors des deux premiers tours de Ligue des champions. En quarts de finale, c’est le Real Madrid qui se dresse en face des Aiglons. Un adversaire qu’ils connaissent bien, pour avoir déjà livré une double bataille épique contre les Madrilènes en 1957 (double défaite, 3-0 à l’aller, 3-2 au retour).

Alors, pour cette nouvelle confrontation, les joueurs de Jean Luciano sont prêts. Du gardien Georges Lamia, son excellente détente sur la ligne, à Keita Omar « Papa » Barrou, attaquant aussi puissant sur le terrain que doux en dehors, en passant par les Argentins Pancho Gonzales et Hector De Bourgoing, la formation niçoise a des arguments à faire valoir. En face, le Real Madrid se présente sans ses gâchettes offensives, Alfredo Di Stéfano et Didi, tous deux blessés. Mais il reste encore Ferenc Puskás dans l’attirail des Merengues. D’une passe lobée, puis sur un coup franc vicelard, le Hongrois délivre deux passes décisives brillantes à Chus Herrera (15e) et Héctor Rial (26e). Comme trois ans plus tôt, le Real anesthésie les espoirs niçois.

Le triplé de Nurenberg

« Dans le fond, le football, c’est avant tout un jeu. Puisque maintenant, ils ont de moins en moins de chances de se qualifier, autant jouer le tout pour le tout. » Le conseil est signé Just Fontaine, un homme qui, lui aussi, a connu de sacrées désillusions face aux Madrilènes au cours des années 50. Menés 2-0, les Niçois vont alors suivre le conseil de l’attaquant de l’équipe de France et se ruer à l’attaque. Le Luxembourgeois Victor Nurenberg ravive la flamme à la 52e minute, puis ne tremble pas à la 68e au moment de transformer son penalty. Les Niçois y croient, et Nurenberg fait définitivement chavirer le Stade du Ray à la 84e minute, en s’offrant un triplé pour une victoire 3-2. Un match inoubliable pour tous les supporters niçois, puisqu’il s’agit à la fois de la première victoire d’un club français contre le Real en Coupe d’Europe, mais aussi de la seule défaite des Madrilènes cette saison-là en C1.

De fait, au match retour, avec toutes ses stars de retour, le Real n’aura pas de mal à écarter le Gym, 4-0. Puis s’en ira tranquillement remporter sa cinquième Coupe des clubs champions consécutives, en détruisant Francfort en finale (7-3). Une performance qui rend encore plus beau l’exploit des Niçois. « Mais la meilleure équipe de Nice, ce n’est pas celle de 1960, c’est celle du début des années 50 » , soutient Bernard Morlino. Une équipe alors emmenée par le dribbleur brésilien Yeso Amalfi, qui jouait le peigne dans le short et jonglait avec un carré de sucre quand il daignait bien venir à l’entraînement. Hélas, à cette époque, la Coupe d’Europe des clubs champions n’existait pas encore…

Par Florian Lefèvre

Propos de Bernard Morlino recueillis par FL

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