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Le jour où l’ESTAC broyait Paris

Par Antoine Donnarieix
Le jour où l’ESTAC broyait Paris

Au début de la saison 2000-2001, l’ES Troyes Aube-Champagne accueille un PSG taillé pour la C1 dans son petit stade de province. Mais devant la luxure parisienne, les hommes d’Alain Perrin vont sortir les crocs, pour un match ô combien dingue (5-3). Satanée nostalgie…

« Aujourd’hui, ce score est impossible. Paris contrôle trop son sujet, même les remplaçants sont des internationaux. Tous veulent gagner leur place, la concurrence est d’un autre niveau. Le PSG ne peut plus se permettre de perdre des points contre des équipes pareilles. Dans ce championnat très physique, Paris doit montrer sa force. » Après un retour d’une partie de five dans la région montpelliéraine, Laurent Robert établit un constat aussi froid que réaliste. Troyes est bon dernier de Ligue 1, le Paris Saint-Germain se situe à l’autre bout du classement. En quatorze journées, déjà 33 points séparent les deux équipes. Deux mondes différents. Pourtant, l’ancien international tricolore se souvient encore du 6 septembre 2000. « Mon fils venait juste de naître, j’avais célébré mes buts pour lui. » Ce soir-là, Robert plantait un doublé contre Troyes. En face, Nicolas Goussé se souvient de l’ambiance locale. « C’était David contre Goliath (rires) ! À chaque fois qu’on rencontrait Paris ou Marseille à cette époque, c’était toujours très attendu par nos supporters. De notre côté, on avait envie de se confronter à des individus plus forts que nous. Donc voilà, on prenait un peu cette rencontre comme un match de gala. On n’avait rien à perdre, et si on gagnait, c’était l’exploit. » Sans pression, Troyes s’apprête à se faire connaître à la face de sa capitale, dans un match encore gravé dans les mémoires.

Bling-bling à Paris

Auteur d’un bon début de saison, le PSG est troisième de Ligue 1 et vient au stade de l’Aube avec sa pléiade de stars. « À cette époque, nous avions fait un gros recrutement pour la Ligue des champions, explique Robert. Le discours de Paris quand ils sont venus me chercher, il était clair : ils voulaient gagner la Ligue des champions d’ici trois ou quatre ans. Nous avions Arteta, Okocha, Anelka… Mais en championnat, on devait aussi bien se préparer. » La proie troyenne semble assez facile à prendre, même si le Réunionnais restait conscient de l’enjeu. « Jouer contre Troyes, ça ne me changeait pas. Je venais de Montpellier, et contre les petites équipes, je savais que c’étaient des matchs à ne pas laisser de côté. Et puis, quand on évolue dans une équipe comme le PSG où beaucoup de joueurs rêvent d’évoluer, il faut être exemplaire. Pour moi, l’envie était de gagner. Quand on voyait notre équipe, on avait l’effectif pour dominer le championnat. » Côté troyen, l’équipe cherche surtout à se connaître davantage. « On n’était pas attendus, parce que le club s’était maintenu difficilement la saison passée, se souvient Goussée. Ensuite, les arrivées massives ont fait que l’on ne se connaissait pas tous. Mais ce match a clairement créé une vraie cohésion de groupe. » Plus qu’un simple match, cette rencontre sera la rampe de lancement de l’ESTAC vers l’une des meilleures saisons de son histoire.

La ruée vers l’or troyenne ne met d’ailleurs pas bien longtemps à se dessiner, 38 secondes exactement. Le temps pour David Hamed de presser l’arrière-garde francilienne, puis de contraindre Dominique Casagrande à une faute dans sa surface. Penalty de Sladjan Djukić, le score s’ouvre (2e). « David jouait arrière droit d’habitude, évoque Goussé. Le voir faire un pressing au démarrage dans la surface adverse, ça prouve qu’on avait pour consigne de tout de suite les bousculer. Avec un but dès le début, tu mets tout de suite une belle ambiance… » Touché dans son orgueil, le PSG va finalement faire briller son maillot Opel gris et blanc par l’intermédiaire de Laurent Robert, deux fois (23e, 34e). Paris prend l’avantage, Paris semble tenir le choc. Au passage dans les vestiaires, les discours de Philippe Bergeroo et Alain Perrin se coordonnent. « Quand on mène au score à l’extérieur, on veut marquer un troisième, un quatrième but, histoire de sécuriser la victoire, assure Robert. Dans le football, il faut toujours jouer. C’est quand tu subis que le danger arrive. » Goussé : « Il ne fallait pas prendre un troisième but dès la reprise, mais surtout, on devait chercher à créer du jeu. Contre Paris ou contre n’importe quelle autre équipe, c’était aussi un objectif chez nous. Donc on est revenus sur la pelouse, pied au plancher. Ce soir-là, je pense qu’au vu du résultat final, on ne peut pas mettre cela sur le compte de la chance. » Avec deux équipes décidées à attaquer, le match part naturellement en vrille.

Clic-clic pour Rothen et Djukic

Troyes veut en découdre, Paris aussi. Cinq minutes suffisent à donner un nouveau souffle à la partie. D’un somptueux coup franc, Jérome Rothen remet les pendules à l’heure et dévoile son pied gauche à toute la France (50e). « Rothen avait fait un très, très gros match, témoigne Goussé. En plus, pour avoir été en chambre avec lui, ce match contre Paris, club de cœur oblige, il l’attendait depuis un moment. Derrière ce match, il enchaîne les grosses performances. Paris l’avait gardé en mémoire depuis ce jour… » Haletante, la rencontre bascule ensuite dans l’irréel, quand Frédéric Arpinon transforme un nouveau penalty obtenu par Goussé (58e). « Le but du 3-2, c’est l’euphorie totale. On se dit ensuite que si on arrive à jouer comme ça, il n’y a plus de complexe à avoir, il faut lâcher les chevaux. De leur côté, ils ont sûrement voulu se livrer un peu plus, et ça leur a coûté cher. On était sur un nuage… » Troyes profite du cumulus pour s’envoler : Nordin Jbari (69e), puis l’intenable Djukic (72e) humilient le PSG. 5-2, un lynchage public. « Dans ces moments, il faut garder son calme, mais il faut aussi foncer, toujours ensemble, rappelle Robert. Tout le monde attaque, tout le monde défend. Peut-être que ce soir-là, il n’y a pas eu cette mobilisation collective. Et quand les joueurs d’en face continuent d’avoir d’envie, ça se voit. Cette défaite n’était pas normale. »

Malgré la réduction de l’écart anecdotique de Nicolas Anelka, la recrue madrilène n’aura pas vraiment pesé sur la rencontre. « Avec Perrin, on avait pris l’habitude de jouer en zone, donc Anelka ne devait pas avoir de marquage individuel. Après, c’est sûr qu’il fallait être vigilant. On savait très bien qu’il allait à 2000 à l’heure. Mais ensuite, c’est aussi le contexte : Anelka qui passe du Real Madrid au stade de l’Aube, il est forcément moins motivé… » Dans l’effervescence la plus totale, Troyes assène une grosse gifle au PSG, qui verra son parcours en championnat de France se solder par une décevante neuvième place. « Il se passait beaucoup de choses en interne, concède Robert. Il y avait des problèmes humains entre joueurs et entraîneur. Quand Luis Fernandez arrive, il décide de m’écarter du groupe alors que je suis meilleur buteur du club à ce moment. C’était assez inexplicable, et cela a bien pesé sur la suite de la saison… Ce problème de communication a pénalisé tout le monde. » Paris fait un parcours honorable en C1, mais dans le fond, foire sa saison. La nostalgie d’un autre temps. « Là, Paris est clairement au-dessus de tout le monde, conclut Goussé. Imaginer un scénario comme ça aujourd’hui, ce n’est plus possible. Après, Benjamin Nivet, il est toujours capable de te mettre un beau coup franc, hein. Mais cinq buts… Paris a 13 points d’écart sur le deuxième… Le suspense, il est mort. Même si j’aimerais bien en voir encore, du suspense ! En plus, le match est à Paris non ? Ah ouais… » Et ouais.

Par Antoine Donnarieix

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